Hell's Reapers - Lex & Bull

~ Chapitre 29 ~

BULL

Quand j'ai vu la photo de Lex en train de parler à ce fils de pute dans un parc... avec le gamin à côté, j'ai pété un câble. J'ai balancé ma bière à travers la salle et tapé dans tout ce qui se trouvait à portée de mains. Et comme un con, je me suis péter le poignet en tapant dans le mur. Putain... je ne comprenais pas. Après ce qu'il lui avait fait, elle le voyait encore... je l'avais cru plus intelligente que ça, merde !

Je respirai un grand coup en passant les portes automatiques, je détestais l'odeur des hôpitaux. Scorp m'attendait là, devant les urgences.

- Ça va ? me demanda-t-il en me tendant une clope.

- Ouais.

- Tu devrais aller la voir !

- J'ai pas besoin de tes conseils merdiques.

- Tu te rends compte des proportions que ça prend ? souligna-t-il en lorgnant mon poignet plâtré.

- J'ai déconné, je sais... mais je peux toujours te mettre une droite ! annonçai- -je en levant ma main valide.

- Va lui parler et demande lui de te raconter ce qui s'est passé. T'es en train de péter un câble, sans rien connaître de la situation.

- Tu veux être nommé « vieux sage » du club ? me moquai-je en tendant ma clope pour qu'il me l'allume avec son Zippo.

- Fous-toi de ma gueule... mais tu sais que j'ai raison. Tu montes au créneau sur des suppositions. Qui te dis qu'elle l'a vue par choix, il l'a peut-être menacée parce qu'il sait qu'on traîne autour de lui...

- T'as vu la photo comme moi, elle le tenait par le bras ! crachai-je.

- C'est qu'une photo, mec ! Une photo sans contexte...

Je regardais la route défiler depuis le siège passager du van que conduisait mon VP. « Une photo sans contexte »... peut-être qu'il avait raison. Je ne savais rien. Qu'est-ce qu'il lui était arrivée bordel ! Et Valente, quel était son rôle là-dedans. Pour ne pas lui faire de mal, j'avais pris la décision de ne rien lui demander, mais cela aurait été plus simple, depuis le début. Depuis que je la connaissais, j'avais l'impression de faire l'inverse de ce qu'il fallait. Je n'arrivais pas à réfléchir sereinement, j'avais une boule dans le thorax en permanence, comme si j'étais en train de perdre quelque chose d'important.

- Putain, je crois que je suis amoureux d'elle ! prononçai-je dans un murmure.

C'est en entendant Scorp ricaner que je compris que j'avais vraiment articuler mes mots.

- Quoi ? beuglai-je.

- Oh ça va, fait pas ton vieil ours. Y'a que toi qui t'en n'étais pas encore rendu compte hein, que t'étais accro ! Alors je t'emmène chez elle ?

- Non, laisse-moi quelques jours pour digérer avant.

- Tu sais que Caro et moi on parie là-dessus depuis un moment déjà !

- Sur ?

- Sur quand t'allait enfin te rendre compte que t'étais amoureux ! s'esclaffa-t-il

- Tu te fous ouvertement de la gueule de ton Prez ?

- Ouais mec !

- Y'en a qui sont mort pour moins que ça, prononçai-je, appuyant mes paroles en mimant un flingue pointé vers lui avec ma main valide. BANG !

LEX

Je me réveillai en sursaut sur le canapé, je venais de faire un cauchemar. Le même que je faisais très souvent avant. « Je suis attachée les bras en l'air avec une chaine reliée au plafond, je suis nue et en pleine crise de panique. Il fait sombre dans cette cave où je suis enfermée. Ça lui plait de sentir que j'ai peur, il se sent plus fort. Il me frappe avec quelque chose, mais je ne distingue pas ce que c'est, chaque coup est plus cruel que le précédent, et la douleur résonne dans ma chair comme un écho ». Je n'avais pas fait ce cauchemar depuis bien longtemps, mais revoir Sylvain quelques jours auparavant avait fait remonter certaines choses bien enfouis à la surface. Et je m'en serais volontiers passé. Je me relevai et me remplis un verre d'eau au robinet de la cuisine. Il était à peine 20h30. Je me sentais vide d'un seul coup... vide, seule et à fleur de peau. Je croyais avoir tourné la page, mais à l'évidence, c'était une erreur. Tout m'éclatait au visage comme il y avait bien longtemps, à tel point que j'avais la sensation de ressentir à nouveau la douleur dans mon dos. Mon corps se mit à trembler sans que je puisse le contrôler. Son sourire sadique envahit mon esprit. Ce sourire qu'il arborait lorsqu'il me tournait autour avec cette baguette qu'il affectionnait particulièrement pour me frapper, maîtrisant ses coups, à la régularité d'un métronome. Sa voix qui retentit dans ma tête.

« Je sens ta peur.... La peur excite le loup, j'aime quand tu as peur . Je vais faire de toi une bonne petite soumise obéissante, digne de mon fils ».

Je me laissai glisser accroupie contre l'évier, posant le front sur les parois du meuble, laissant mes larmes inonder mon visage. Je restai un moment dans cette position, incapable de bouger, prise de sanglots, puis je finis par me hisser vers le haut en m'appuyant sur le rebord. Je me trainai jusqu'à ma chambre et me glissai sous la couette dans un état second, le téléphone en main. Je l'allumais, l'éteignais, le rallumais, écrivais un sms que j'effaçais la seconde suivante. Après de multiples hésitations, je finis par lui écrire.

Lex 21h10

« J'ai besoin de te parler ».

Je ne savais pas s'il me répondrait, et peut-être que je regrettais déjà un peu mon sms. Mais mon téléphone sonna et je décrochai aussitôt.

- Que se passe-t-il ?

- J'ai besoin... j'ai besoin de parler de tout ça, dis-je simplement.

- Je vois... répondit-il avant un long silence.

Je l'entendis soupirer, puis il finit par répondre :

- Je peux être à l'appartement dans 20 minutes !

- Merci.

Il raccrocha et je me levai pour enfiler quelque chose de plus habillé que ma nuisette et nettoyer mon visage recouvert de larmes. Puis je l'attendis, recroquevillée sur mon canapé, emmitouflée dans un poncho. Lorsque j'entendis la porte s'ouvrir, je me redressai.

- Je suis là !

On s'observa une minute sans parler, puis il esquissa un geste du bras, m'encourageant à venir le rejoindre. Sans attendre je m'approchai de lui et me collai contre son torse. Il soupira et m'entoura de ses bras.

- Sylvain...

- Chut ! prononça-t-il en me caressant les cheveux.