~ Chapitre 32 ~

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LEX

On ne devait rester qu'une semaine à St Malo, mais comme l'appartement que nous avions loué n'était pas réservé ensuite, j'avais prolongé d'une semaine supplémentaire. J'avais voulu retarder mon retour le plus longtemps possible, pour le plus grand plaisir de Tom qui en avait profité au maximum. Cela m'avait apaisée et de retour à l'aéroport de Strasbourg à 21h, je me sentais plus forte qu'en partant. Un taxi nous ramena chez nous et en arrivant devant ma porte un sentiment étrange me submergea. Je soupirai, déjà las. J'étais atteinte au point de sentir son odeur, cette eau de cologne boisée si caractéristique. Ce sentiment de force qui m'avait envahi s'estompa si rapidement que j'en devins fébrile.

- Les vacances sont finies, hein maman ? C'était bien la plage et la mer.

- Oui, c'est bien, on essaiera d'y retourner l'année prochaine, lui souris-je.

Je rentrai la valise alors que Tom se baissa pour ramasser quelque chose sur le paillasson qu'il venait de repérer.

- C'est quoi ça maman ? demanda-t-il en me tendant sa trouvaille.

Mon cœur s'emballa instantanément en prenant l'objet entre mes mains. Je le reconnu immédiatement... un Zippo avec une tête de mort gravée dessus, le Zippo de Bull. Je jouai machinalement avec l'objet métallique intégrant l'idée qu'il était venu me voir lorsque je n'étais pas là. Je glissai précieusement le briquet dans ma poche de jean.

Une fois toutes nos affaires rangées et Tom couché, j'hésitai à envoyer un message à Bull pour lui demander ce qu'il était venu faire devant ma porte, puis je me ravisai.

BULL

Je restai un moment planté dans la rue en face, le regard braqué sur l'entrée de l'hôtel Sofitel. J'avais conscience que j'étais en train de faire une connerie. Mais en même temps, je m'insultais intérieurement de ne pas avoir eu assez de cran pour le faire avant. Le suivre discrètement, attendre... Cela ne me ressemblait pas du tout. Depuis quand j'attendais avant d'aller m'expliquer avec un type ? Si on m'avait surnommé Pitt Bull, ce n'était pas pour ma patience ou ma lâcheté. Je pris une grande inspiration, traversai et m'engouffrai dans le hall d'accueil. Je m'approchai de l'hôtesse, qui m'observa une lueur un peu inquiète dans le regard. Je n'étais pas vraiment le style de client de cet hôtel de luxe avec mon cuir de motard sur le dos, c'était le moins qu'on puisse dire.

- Heu.. Bonsoir, que puis-je faire pour vous, prononça-t-elle un peu hésitante, tout en gardant un sourire charmant.

- Je viens voir Sylvain Valente !

- Oh, je suis désolé, monsieur Valente est sorti, souhaitez-vous que je prenne un message ?

- Je vais l'attendre, merci !

- Heu... je ne sais pas quand il rentrera, tenta-t-elle d'expliquer.

- Ce n'est pas grave, j'ai tout mon temps, répondis-je avec un léger sourire.

Elle était décontenancée, et n'ajouta rien. Je m'installai sur un des fauteuils de l'accueil, bien décidé à me confronter à lui ce soir et je n'eus pas à attendre trop longtemps avant que Valente, dans un costume gris impeccable ne passe les portes suivi de son fidèle chien de garde, lui aussi en costume. Son regard dériva directement sur moi, et un léger rictus se dessina sur ses lèvres. Je me levai et sans aucune hésitation, m'approchai de lui d'un pas rapide et lui collai une droite. Il encaissa le choc sans broncher, alors que le grand baraqué qui l'accompagnait toujours réagit instantanément en dégainant un magnum qu'il me pointa sur la tempe. L'hôtesse d'accueil avait poussé un cri en nous voyant, cette conne allait sans doute appeler les flics.

- Et bien, quelle entrée en matière, souffla Valente amusé. Je me demandai quand le président des Hell's Reapers allait enfin daigner se montrer.

- Désolé de t'avoir fait attendre, dis-je moqueur.

Nous nous toisâmes un long moment, sans rien ajouter, nous jaugeant. Le cliquetis caractéristique à côté de mon crâne m'informa que le chien de garde avait retiré la sécurité de son flingue. S'il comptait m'impressionner avec ça !

- Je suppose que tu sais pourquoi je suis là ! dis-je sans me démonter.

- J'imagine ! Mais ce n'est ni le lieu, ni le moment pour cela ! répondit-il simplement en réajustant sa cravate. Je n'ai pas le temps pour toi maintenant, tu devras attendre !

- Je dois prendre un rendez-vous pour te péter la gueule, ricanai-je sarcastique.

- Celui qui a le canon d'une arme chargée sur la tempe, c'est toi ! Mon temps, mes règles ! Va falloir t'y faire, exposa-t-il sans se départir de son petit sourire arrogant.

Il fit signe à son garde de ranger son arme.

- Justine, s'adressa-t-il à la réceptionniste. Vous avez appelé la police j'imagine ?

- Heu, oui, monsieur Valente, répondit l'intéressée d'une petite voix désemparée.

- Bien ! Peut-être est-il temps que tu prennes congés, non ?

- J'ai pas dit que je partais ! répondis-je froidement.

- Si tu es intelligent tu t'en iras maintenant, répondit-il serein en braquant son regard hautain sur moi. Tu n'es pas encore devenu mon ennemi. Au moment où tu le deviendras, tu seras un homme mort ! Que les choses soient claires.

Je ris d'un rire sans joie.

- L'homme mort, ne sera pas celui que tu crois !

- Je vois que ta réputation n'est pas erroné Pitt Bull ! sourit-il. Tu devrais travailler pour moi, tu as une excellente droite.

- Moi je ne m'entraine pas sur les femmes ! balançai-je mauvais.

Je le vis tiquer sur ma réplique, mais il reprit très rapidement son sourire de façade.

- Moi non plus. Enfin, sauf si elles sont consentantes, cela va sans dire.

- T'insinue que Lex était consentante ? m'énervai-je.

- Je n'insinue rien, contrairement à toi, répliqua-t-il toujours son sourire narquois sur le visage. Il semble y avoir deux possibilités, n'est-ce pas ? Soit elle était consentante, soit ce n'était tout simplement... pas moi. 

- Espèce de fils de pute, m'énervais-je, en me rapprochant de lui rapidement pour lui en remettre une.

Mais son garde du corps s'interposa à peine mon geste esquissé.

- Oh en fait, non, toutes mes excuses, il reste une troisième possibilité. Celle où j'ai cru qu'elle était consentante, s'amusa-t-il. Un malentendu... et les choses dérapent si vite... me provoqua-t-il. Sur ce, je te laisse faire les déductions qui s'imposent.

Putain il se foutait de ma gueule. 

- Nous l'aurons cette confrontation que tu souhaites tant. Je sais où te trouver.

- Je t'attendrai de pieds fermes.

- Je n'en doute pas ! Maintenant, si tu veux bien m'excuser, prononça-t-il nonchalamment en me contournant.

J'avais envie de lui faire perdre son sourire de connard qu'il ne cessait d'arborer. Ce fils de pute était d'une arrogance sans nom. Et je n'arrivais toujours pas à intégrer l'idée qu'un jour Lex avait pu être attirée par ce mec !

- À très bientôt Pitt Bull ! lança-t-il en se dirigeant vers l'ascenseur.

Je restai là comme deux ronds de flan. Cela ne servait à rien que j'insiste, j'étais venu les mains dans les poches, sans arme, sans aucune préparation, juste sur un coup de tête, et je savais parfaitement que je n'étais pas de taille, ici et maintenant, avec les flics qui allaient débarquer en plus. Je me dirigeai donc vers la sortie sans demander mon reste. La partie était loin d'être finie, elle ne faisait que commencer.

Hell's Reapers - Lex & BullOù les histoires vivent. Découvrez maintenant