~ Chapitre 24 ~

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LEX

Les lettres « de la vie, à la mort » sur leur bras prenaient tout leur sens. Il y avait plus que de l'amitié sincère entre eux. Ils avaient été confrontés à la mort ensemble, l'avaient donnée ensemble, s'étaient soutenus dans des moments sombres, ça créait des liens indéfectibles. Je réalisais petit à petit que le microcosme que formait le MC des Hell's Reapers pouvait s'avérer dur et violent sous une apparente désinvolture. Mais j'étais bien dans ses bras, et j'appréciais qu'il partage un peu de son histoire. On trainait tous nos casseroles, moi la première, et j'avais compris dans la vie que rien n'était ni tout blanc, ni tout noir. Tout était une question de survie et de concours de circonstances. Je ne le jugeais pas pour des actes passés.

- Je crois que c'est à ton tour, s'amusa-t-il.

J'étais un peu tendue dans l'attente de ce qu'il voulait savoir de moi. Mais je lui faisais confiance, et je savais qu'il ne me poserait pas de questions sur mes marques. Je ne me sentais pas encore prête à entrer dans les détails sur le sujet, même si dans son regard parfois, je sentais que ça le brulait de l'intérieur de ne pas savoir.

- Tu as de la famille ici ou ailleurs ? demanda-t-il.

Sur le moment je fus décontenancée, je ne m'attendais pas vraiment à cette question.

- Non, dis-je simplement. Je ne suis pas d'ici.

- C'est vrai que tu es née à Osaka.

- Mon père travaillait comme diplomate, on a vécu à beaucoup d'endroits différents, on déménageait très souvent. Je n'ai même pas de souvenir du Japon. J'ai passé une partie de mon enfance en Italie, puis Portugal, et même en Suède ! Et ensuite on est revenu à Nice, c'est de là que venaient mes parents. Mais ils sont morts dans un accident de voiture, quand j'avais 19 ans. J'étais fille unique, et je n'ai jamais connu de grands-parents, ou autres membres de ma famille.

- Tu as perdu tes parents jeune, murmura-t-il en posant ses lèvres sur mon épaule.

- Ça a été une période difficile pour moi, mais maintenant ça va, ça fait plus de 10 ans...

- Ça explique ton comportement avec ma bécane, petite folle furieuse ! releva-t-il en mordillant ma peau.

- Je pense que oui, rigolai-je. Quand j'ai eu l'accident à cause de Shark, la seule chose à laquelle j'ai pensé c'était Tom. Qu'est-ce qu'il allait devenir sans moi. Moi j'avais 19 ans quand je me suis retrouvée seule, j'étais quand même une adulte, je pouvais me débrouiller, mais lui n'a que 7 ans ! Alors oui je pense que ça a participé à mon comportement excessif, souris-je en jouant sur sa peau avec mes doigts.

C'était à cette époque que ma vie avait basculé. Je soupirai lourdement, pendant que Bull me caressait les cheveux tendrement. Il devait croire que je repensais à mes parents.

- C'est à cette période que j'ai rencontré le père de Tom, dis-je doucement.

Je sentis les muscles de Bull se contracter, mais il continua ses caresses dans mes cheveux sans un mot.

- Après la mort de mes parents, je suis passée par une phase de dépression, où je m'étais repliée sur moi-même, privée de mes repères et de personnes de confiance autour de moi. Ensuite, ça a été complètement l'inverse, je me suis mise à sortir beaucoup, presque tous les soirs. J'aimais faire la fête et avec des amis on allait dans un endroit différent chaque soir. Je voulais vivre intensément chaque seconde, car avec la perte de mes parents, j'avais que trop conscience que la vie ne tenait qu'à un fil, que du jour au lendemain tout pouvait s'arrêter.

Je marquai une pause avant de continuer.

- Et puis un soir, sur un quiproquo dont on a profité, deux amies et moi avons réussi à entrer dans un club de luxe très sélect à Nice. On a bu du champagne, on a dansé, et puis je l'ai rencontré. J'avais tout juste 21 ans, et lui 27. Il était très agréable et gentil, il me plaisait bien. Il n'était pas lourd, ou entreprenant comme pas mal d'hommes dans ce type de soirée. Ce soir-là, il ne s'est rien passé de spécial à part s'amuser et en partant il m'a donné une carte de membre pour que je puisse revenir dans ce club, si je voulais le revoir. Mais je n'y suis même pas retournée tout de suite. Ce n'est que quatre mois plus tard que j'y ai remis les pieds, en me disant qu'il ne se souviendrait surement pas de moi, mais il m'a reconnue. On a commencé à flirter ensemble et à se fréquenter... Il était irréprochable au début... prévenant, agréable, jamais un mot plus haut que l'autre, mais j'étais jeune et naïve. Je ne voyais pas le loup tapis dans l'ombre, sous la lumière.

Je m'arrêtai là. Je ne pouvais pas aller plus loin sans parler du fait que le père de Tom était un des fils du chef de la mafia en France. Et que même maintenant, j'étais persuadée qu'au fond de lui, il n'était pas quelqu'un de si mauvais. Juste un fils sans cesse rabaissé par un père sadique et tyrannique, qui avait fini par le rendre exactement comme lui.

Bull ne disait rien, mais il continuait de me caresser tendrement sans poser plus de questions. Je me doutais que mes mots devaient tourner en boucle dans son esprit et qu'il tentait de s'imaginer la suite. Peut-être qu'un jour je serai capable de tout lui dire. Je finis par m'assoupir dans ses bras sans m'en rendre compte. Je m'éveillai lorsqu'il bougea pour attraper son portable, et soupira en passant ses doigts sans ses cheveux noirs.

- Il va falloir que je file, bébé !

- Tu ne veux pas rester encore un peu ? répondis-je un peu déçue.

- Je voudrais bien, mais j'ai pas mal de chose à régler, expliqua-t-il en m'embrassant le front.

- Ok.

- Lex, ne revient pas au club house ! Même pour me voir, ajouta-t-il d'un coup sérieux.

Ces paroles me firent plus mal que je ne l'imaginais. Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Il avait peur que je l'encombre ?

- Ne t'inquiète pas ! Je comptais pas revenir, dis-je brusquement, en essayant de me sortir de ses bras.

- Arrête de mordre bébé ! s'amusa-t-il. J'ai pas dit que je ne voulais pas te voir, je dis juste que tu ne dois pas venir au club house, pour le moment. Le MC du Sud est là, et on a des affaires à régler, pas très réjouissantes, avoua-t-il. Je n'veux pas que tu te retrouves au milieu, c'est tout.

Un soulagement me submergea aussitôt. Merde, j'avais l'impression d'être une ado qui vivait sa première histoire d'amour avec les yoyos émotionnels qui allaient avec...Il se leva et récupéra ses vêtements éparpillés au sol. J'observai chacun de ses gestes, pensive.

- C'est dangereux ? Cette histoire avec le MC du Sud ? demandai-je.

- Moins t'en sauras, mieux ce sera bébé ! répondit-il simplement en enfilant son jean.

- C'est un peu gonflé de me dire ça, juste après m'interdire de venir te voir car tu préfères que je ne me retrouve pas au milieu !

- Tu vas devenir chiante ? sourit-il en arquant un sourcil.

- Je croyais que tu venais me voir parce que je t'agaçais 90% du temps !

- Arff, ça avait un peu baissé depuis, mais maintenant je ne sais plus trop !

Je lui balançai un oreiller au visage en râlant. Il me le renvoya en pleine tête, termina de se rhabiller et vint se rasseoir sur le lit à côté de moi.

- Je n'sais pas trop comment ça va se passer, on est censé en discuter aujourd'hui. Ils veulent quelque chose, mais on ne sait pas quoi pour l'instant, je reste juste sur mes gardes !

Il me caressa doucement les épaules, puis tira sur le drap que j'avais mis contre moi pour me couvrir.

- Hé tu fais quoi là ? grognai-je faussement.

- Je regarde ce qui est à moi ! lâcha-t-il.

Il m'embrassa, puis se releva.

- Que les choses soit clair Lex ! Ça c'est à moi ! précisa-t-il le regard presque sévère, en désignant mon corps de sa main. Alors ne t'avise pas de laisser quelqu'un d'autre y toucher !

J'aurais peut-être dû m'énerver contre lui par tant de possessivité, je n'étais pas un objet après tout. Pourtant, ses paroles m'électrisaient jusqu'au plus profond de mon être. Mon corps semblait le savoir depuis longtemps, que j'étais à lui.

- Alors que les choses soit clair aussi pour toi, rétorquai-je. Tout ça aussi c'est à moi, affirmai-je en le désignant. Et je ne partage pas !

- Je suis tout à toi bébé ! sourit-il en passant la porte de ma chambre.

Je me recouchai un large sourire aux lèvres, respirant l'oreiller sur lequel il avait laissé l'odeur de son parfum boisé. Depuis quand je ne m'étais pas sentie aussi heureuse...

Hell's Reapers - Lex & BullOù les histoires vivent. Découvrez maintenant