LEX
Les vacances scolaires d'été s'étaient installées. Je n'avais pas revu Bull. J'avais demandé à mon responsable l'autorisation de télé-travailler pour garder mon fils tout le mois de juillet avant mes congés. Mais en réalité, il passait ses journées au centre aéré, à s'amuser avec des copains. Je n'avais pas le cœur à grand-chose, et rester à la maison seule me permettait de côtoyer le moins de monde possible. Mon travail purement administratif avait cet avantage. Hélène était passée nous voir, mais je ne lui avais rien raconté de ce qui se passait. Elle n'était d'ailleurs pas au courant que la fameuse altercation avec le président des Hell's Reapers s'était transformée en autre chose ensuite. Je n'étais pas assez proche d'elle pour en parler. Je n'étais assez proche de personne pour me confier sur quoi que ce soit de ma vie, de mes sentiments, ou d'autres choses. J'étais douée pour le sourire de façade et la discussion de surface. Je savais garder les gens à distance et poser des barrières, mais cela avait un prix, malheureusement. Dès que j'étais seule, le masque tombait et je me sentais dévastée. Je l'avais laissé s'approcher de trop près, j'avais entrouvert une porte que j'aurais dû garder fermée coûte que coûte. La seule chose que je ressentais maintenant, c'était le manque... Et ce manque devenait insupportable. Il fallait que cela cesse, cette sensation de flottement dans le néant dont seul Tom avait la capacité de me sortir chaque soir lorsque je le retrouvais. Il fallait que je reprenne le dessus et que j'empêche mon cœur de s'emballer dès que j'entendais le vrombissement caractéristique d'une grosse moto. Il ne reviendrait pas. Il était sans doute déjà passé à autre chose depuis longtemps, et moi je n'avais pas le courage d'aller le voir, par peur qu'il me rejette. En un sens tant mieux. Loin de moi, il ne se mêlerait plus des affaires de Sylvain, et je ne serais pas obligée de lui raconter à quel point j'avais honte de ce qui m'était arrivée. Honte d'avoir été aussi naïve, aussi bête, aussi fragile... Je ne pouvais rien lui apporter de bon avec mon passé. Rien n'avait été viable, depuis le début. Alors j'allais passer au-dessus de tout ça ! Tom et moi allions passer des vacances à St Malo. Partir me ferait le plus grand bien. Mon fils était surexcité à l'idée de voir l'océan. Quand nous avions quitté Nice, il était trop petit pour se souvenir de la mer.
BULL
Déjà un mois et demi... Un putain de mois et demi que j'avais quitté l'appartement de Lex après lui avoir dit tout un tas de choses que je ne pensais même pas, après avoir même faillit la frapper. Je ne valais pas mieux que Valente finalement. Être loin de moi était beaucoup mieux pour elle. Je n'étais pas un mec bien, je ne l'avais jamais été et je n'étais pas fait pour une relation suivie. Même si ça me faisait mal et que je me sentais comme un mec à qui on avait arraché un organe à main nues, la situation était mieux ainsi. La surveillance de Valente ne nous avait menés à rien, on avait donc fini par arrêter. Il nous baladait volontairement, simplement pour nous fatiguer. Je n'avais pas abandonné cela dit. Que Lex soit avec moi ou non, je comptais bien faire en sorte que cet enfoiré paie pour ce qui lui avait fait. Mais avec nos problèmes concernant le chapitre du Sud, j'avais dû revoir mes priorités. Les affaires du club passaient toujours avant le perso, c'était la règle.
J'étais assis sur le siège passager du van que conduisait Scorp en direction de l'hôpital. J'allais enfin me faire retirer mon plâtre. Nous roulions dans un silence complet, je n'étais plus très bavard ces derniers temps ! Et Scorp savait fermer sa gueule quand il le fallait, j'appréciais.
- Je te dépose en ortho, moi je vais aux urgences voir si je ne peux pas croiser Caro cinq minutes, elle a enchainé les services à cause de plusieurs collègues malades et je l'ai à peine croisée ses derniers jours.
- Elle ne veut toujours pas partir ?
- Non, on s'est engueulé à cause de ça... Elle est bornée !
- Ouais, je crois qu'on l'est tous, dis-je. On se retrouve sur le parking, je te bip quand on m'a libéré de ce truc, dis-je en levant le poignet.
Une heure plus tard, nous étions sur le chemin du retour, mon poignet soulagé du plâtre et à nouveau libre. J'avais hâte de remonter sur ma bécane et d'aller me vider l'esprit en virée sous la chaleur de ce mois d'Août. Sur le moment, je ne vis pas la direction qu'avait pris Scorp, ce n'est que lorsqu'il coupa le moteur que je relevai la tête et que je compris.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Descends ! balança-t-il.
- Redémarre-moi ça et ramène moi au club house ! m'énervai-je directement.
- Tu sais très bien que je ne vais pas faire ça, alors arrête d'être con, et fais ce que je te dis, pour une fois !
- Putain Scorp, tu veux que je me re-pète le poignet sur ta mâchoire de merdeux ?
- Si ça peut te soulager, va-s-y, répondit-il sérieux en tendant la joue.
- T'es vraiment un emmerdeur ! Tu sais ça, j'espère ?
- C'est pour ça que tu m'aime, non ? ricana-t-il.
J'ouvris la portière et en sortant, je lui balançai, les sourcils froncés :
- Quand je reviens au club house, tu me rends ton écusson de VP !
- Ouais ouais, j'ai déjà entendu ça, se moqua-t-il en me faisant un doigt d'honneur. Cent fois au moins, peut-être même plus, fit-il semblant de réfléchir.
- Ben ça sera la dernière ! râlai-je en refermant la portière d'un claquement brusque.
Je l'entendis se marrer en redémarrant le van. Et moi je me retrouvai comme un con en face de l'immeuble de Lex. Devant la porte principale, j'hésitai à sonner à l'interphone ou à monter directement, mais je décidai de monter. Je pris mon temps, atteignant finalement le cinquième étage par les escaliers. Je ne faisais pas vraiment le malin. Qu'est-ce que j'allais lui dire ? Est-ce qu'elle allait m'ouvrir d'ailleurs ? Sur son palier, j'hésitai, puis je frappai à la porte. Pas de réponse. Je tentai plusieurs fois sans succès. Et après avoir collé mon oreille contre le bois, je constatai qu'il n'y avait pas le moindre bruit à l'intérieur. Si je partais maintenant, je savais pertinemment que je ne reviendrais pas, alors je m'assis sur son paillasson et décidai d'attendre qu'elle rentre. Elle aurait Tom avec elle, ce qui nous permettrait sans doute de réussir à nous parler calmement.
Cela faisait maintenant plus de 3 h que j'étais assis là, je m'étais même un peu assoupi... je regardai mon téléphone, il était presque 20h, et elle n'était toujours pas rentrée. Je me relevai et décidai de repartir au club house. J'allais composer le numéro du prospect pour qu'il vienne me chercher, puis je changeai d'avis à la dernière minute. Puisque je n'avais pas pu lui parler, j'allais m'adresser à quelqu'un d'autre. Cette confrontation, je l'attendais depuis un moment !
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Hell's Reapers - Lex & Bull
Romantizm***Attention : 🔞 histoire contenant des scènes de sexe et de violence très explicites - Public averti*** Lex est une maman solo, solitaire et méfiante qui essaie de se reconstruire et de vivre une vie tranquille suite à un passé douloureux. Bull e...