Hell's Reapers - Lex & Bull

~ Chapitre 10 ~

LEX

Je me levai préparer un petit déjeuner alors que je me montais le bourrichon toute seule pour ne pas y retourner ce soir comme il s'y attendait. Je ne suis pas son chien, me répétais-je comme une sorte de mantra. C'était bien sûr de la fausse fierté, j'en avais que trop conscience. Je sentais que je commençais malgré moi à m'attacher à lui. Il m'attirait physiquement c'était indéniable, mais pas que... Je voyais bien que derrière sa façade dure, ce cachait autre chose.

Je passai la journée à profiter de mon fils et du beau temps, sans penser à rien d'autre. J'avais annulé la nounou pour ce soir et j'avais commandé des pizzas pour manger avec Tom. On avait regardé un film marrant à la télé pour se détendre et je venais de le mettre au lit. En pyjama, je m'affalai sur le canapé quand mon téléphone sonna.

BULL

J'avais mal dormi. Je n'avais pas réussi à m'enlever son visage de la tête. La journée avait été chiante, et tout le monde m'avait gavé. Deux filles s'étaient pris le chou, Scorp avait raconté toute la soirée de hier soir à sa régulière et ils n'arrêtaient pas de me mater en pouffant, Geek n'avait pas eu les infos que je voulais concernant le MC du Sud et pour couronner le tout il manquait toujours une pièce pour finir la réparation de ma Harley. Et là je venais de sortir d'une réunion, où bien sûr un truc nous tombait sur la gueule... c'était ma fête aujourd'hui.

Je jetai un coup d'œil dans le club house en sortant de la salle de réunion, mais je ne voyais pas Lex. Je m'avançai au bar pour chopper une bière et j'accostai Mia.

- T'es toute seule au bar ?

- Ouaip, Mag n'est pas là, elle m'avait prévenue, mais y'a pas Lex non plus. Dommage on aurait bien eu besoin d'elle.

Je me dirigeai vers deux filles qui étaient affalées sur des banquettes à côté des plusieurs de mes gars.

- Au lieu de glander là, allez aider Mia au bar, leur balançai-je.

Y'en a une qui eut le bon ton de souffler sans bouger immédiatement.

- Oh, t'as pas entendu toi ? Bouge ton cul de là et plus vite que ça ! Me cherche pas.

- Calme-toi Bull, t'as tes règles ou quoi ? cru bon d'ajouter Shark.

- Tu veux t'y coller mec ? Parce que ça peut se faire, lui rétorquai-je en l'attrapant par le col méchamment.

- Hé, ça va, ça va, t'emballe pas ! J'ai rien dit ! Aller bouge Sonia !

La rousse se leva lentement sans un mot et me frôla de sa grosse poitrine.

- Tu veux que je te détende un peu Bull, souffla-t-elle en passant sa main sur mon entre jambe.

- Putain, file bosser, sinon je te sors d'ici ! braillai-je.

Je traversai la salle d'un pas rapide et m'enfermai dans la salle de réunion. Je me laissai tomber sur une chaise et je sortis mon téléphone, cherchant le numéro de Lex. Je laissai sonner et tombai sur le répondeur. Je recommençai plusieurs fois avant que sa petite voix se fasse entendre au bout du fil.

- Putain, t'es où ?

- C'est qui ? demanda-t-elle mine de rien.

- Ne joue pas à la conne avec moi ! Tu sais très bien qui c'est.

- Bull, t'as l'air un peu tendu non ?

- Je répète, t'es où ? m'énervai-je.

- Tu as oublié le « putain ».

Je raccrochai. Elle n'avait pas choisi le bon moment pour me faire chier. Je sortis du bureau et je me dirigeai vers Scorp qui était en train de rouler une pelle à sa régulière.

- File-moi les clés de ta moto, mec, ordonnai-je.

Scorp se détacha deux secondes de Caro pour me balancer ses clés, sans hésiter.

- Fais gaffe sur la route !

Je démarrai en trombe, l'énervement n'étant pas retombé.

LEX

Il m'avait raccroché au nez... Punaise, je l'avais énervée. Je commençai à faire les 100 pas dans le salon, me demandant s'il allait se pointer pour venir me trainer de force jusqu'au club house. J'avais encore perdu l'occasion de réfléchir avant de parler. Je m'attendais à quoi, bien sûr qu'il n'était pas content que je ne sois pas venue comme prévu, c'était le deal. Mais je l'avais prévenu hier que je ne voulais plus remettre les pieds dans le nid de l'enfer.

Une boule s'était formée dans mon estomac. Qu'est-ce que j'allais faire s'il venait. Une bouffée de stress m'envahit quand j'entendis l'interphone sonner. J'observai l'écran d'accueil en ne sachant pas si je devais ouvrir ou non. Il résonna encore une fois, me faisant sursauter. J'appuyai sur le bouton de communication.

- Laisse-moi monter !

- Pourquoi ?

- Putain Lex, ouvre !

Je frôlais le bouton des doigts sans pour autant appuyer, partagée entre l'envie qu'il monte et l'appréhension qu'il soit trop énervé.

- Tu veux que j'ameute tout ton immeuble, là ? Alors ouvre cette putain de porte !

- S'il te plait, calme-toi avant et je t'ouvre, murmurai-je.

Il ne répondit pas, mais je l'entendis souffler bruyamment.

- Ouvre Lex, demanda-t-il à nouveau, doucement cette fois.

Je pris une grande inspiration, déverrouillai l'accès à l'immeuble et tournai la clé dans la serrure. J'attendis quelques minutes, anxieuse, devant la porte par laquelle Bull se faufila et referma un peu sèchement avec son pied, la faisant claquer. Il planta ses yeux d'acier dans les miens et s'avança vers moi. Plus il s'avançait, plus je reculais, me tapant le mollet dans le coin de la table basse en grimaçant.

- Tu vas où comme ça ? ricana-t-il.

Il était à moins d'un mètre de moi, et continuai à avancer lentement, sans détourner le regard. Je me retrouvai bloquée contre le mur, le cœur battant si fort que j'en avais mal à la poitrine. « Le peur excite le loup, je n'ai pas peur ! » me répétai-je. Mais lorsqu'il leva le bras pour se passer la main dans les cheveux, j'eus un petit sursaut de recule involontaire.

- Oh, qu'est-ce que tu fous ? Je ne vais pas te frapper ! dit-il décontenancé.

Il recula de quelques pas, m'observant toujours.

Je me redressai, reprenant sur moi, et fis mine de rien.

- Qu'est-ce que tu fais là au fait ? dis-je sans me démonter.

Il m'observa un moment, se demandant surement si je n'étais pas un peu schizo avec mes changements de comportement.

- C'est plutôt à toi de me dire ce que tu fous là ? enchaîna-t-il en entrant dans mon jeu.

- Je vis ici !

- Sans rire ?! répondit-il en arquant un sourcil.

Je me retins de pouffer de rire, mais je ne pus m'empêcher de sourire quand même.

- Damien... commençai-je, je.. je ne...

- T'as un truc à boire ? me coupa-t-il en retirant sa veste en cuir.

- Heu, oui, bien sûr. Une bière ?

- Ouais.

Je me dirigeai vers le frigo de la cuisine ouverte sur le salon et me penchai pour sortir deux bières quand je sentis deux mains m'attraper doucement par la taille. Son corps musclé se colla contre mos dos, et son souffle chaud dans mon cou me fit tressaillir.

- Je t'avais dit de faire gaffe si tu utilisais ce prénom. Va falloir en assumer les conséquences maintenant, murmura-t-il dans mon oreille.

Je déglutis, ma gorge s'étant asséchée tout à coup, mais pas par peur cette fois, par excitation.