Chap. 3 Chant

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Eeeeet me revoilà pour le chapitre suivant ! Bonne lecture à tous !
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Chap. 3 Chant

[Kagami]

Je me mis à tousser, encore et encore. Et les rires de l'équipage s'élevèrent.
"Bah alors, on fait pas la bamboche chez les rupins ?!
-Je... je n'avais jamais bu de rhum, avouai-je.
-Tu vas y prendre goût ! Au moins t'auras une bonne raison de jecter !" s'exclama le blond en me frappant amicalement le dos.
Je me mordis sévèrement les lèvres pour ne pas hurler de douleur. Le capitaine poussa violemment le jeune homme qui s'offusqua dans un cri.
"Il est blessé, justifia le grand métis avant de m'interroger des yeux.
-Merci, Capitaine... soufflai-je. Je- je vais me reposer."
Kise me retint pour s'excuser gentiment et je lui souris difficilement avant de retrouver ma place sur le pont pour dormir sous la lune.

L'équipage de jour continuait à rire à parler, à chanter parfois. L'équipage de nuit, tout juste levé, s'activait déjà sur les cordages.

Je fermai les yeux et tentai de me détendre sur ce matelas de bois. J'entendis des pas se rapprocher. Chaque pas résonnait sur le plancher crissant... J'avais l'habitude de m'endormir avec le crépitement du feu dans la cheminée... ou dans le silence le plus parfait... Ma vie me semblait si loin, cela ne faisait qu'onze jours, pourtant... J'étais si... faible ici...

"Tu le protèges vraiment."
Je reconnus la voix du cyan, qui me semblait toujours absent, et toujours partout à la fois.
"Je sais... soupira le métis. Je sais bien...
-C'est uniquement une question d'otage qui doit rester en bon état ?
-Me pose pas la question quand tu connais la réponse. — C'est comme un mousse pour moi.
-Il ne restera pas longtemps pourtant...
-Je sais bien, mais autant qu'il serve en attendant, non ?
-Je suis d'accord. Mais...
-Je ne suis pas un capitaine parfait, tu le sais bien."
Ces mots semblèrent couper court à la conversation, et des pas s'éloignèrent. Le capitaine me considérait comme un apprenti matelot... Je ne savais que penser. Il se moquait tant de moi... Il réduisait mon égo à néant et me forçait à abandonner ce en quoi je croyais... Et je ne pouvais laisser ma peine éclater, il en serait trop heureux.

Il venait souvent me parler, pourtant... Kise aussi, mais c'était toujours pour m'expliquer comment faire mes tâches. Le cyan et le vert m'accompagnaient souvent quand je devais manier des cordages, me guidaient. La nuit, c'était Takao qui m'apprenait surtout, mais j'essayais de dormir au maximum, ne supportant pas le quartier-maître, Akashi.

Aomine était le seul à venir me parler de rien. Je ne savais que peu de lui pourtant... Sa présence avait quelque chose d'agréable ; il parvenait à m'arracher à mes pensées. Le passé me faisait mal... Je me demandais s'il avait compris cela et s'il cherchait uniquement à m'aider...

Le temps était déformé ici, tout allait plus vite et plus lentement à la fois. Je n'avais le temps de m'ennuyer... c'était étrange... Et les règles de mon père ne s'appliquaient pas... Le capitaine m'avait parlé de liberté... Et il avait raison... Mais à quoi bon être libre sur une île dont on ne peut s'échapper.

*

"Terre ! Terre en vue !"
Je me piquai violemment le doigt à mon aiguille et lâchai la voile que je tenais sur mes genoux. Je me levai pour m'élancer à la proue et me plaquer contre le garde-corps. La terre... comme je ne l'avais jamais vue. Une grande montagne verte, pas une trace de vie, pas une trace de construction, rien...

J'aperçus un oiseau s'approcher de nous. J'allais remettre pied à terre, mais sur une terre que je ne connaissais pas... Je ne connaissais rien du monde de toute manière... Ma vie s'était toujours limitée à mon palais, à ma montagne, à mon port et à ma forêt. Et j'avais l'impression de tout savoir. Et par ses lettres, je découvrais le peu que je n'avais jamais vu... et voilà que c'était devant moi...

Les rubis du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant