Chap. 18 Se reconstruire

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Hey hey me voilà avec la suite ! Bon courage !
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Chap. 18 Se reconstruire

[Aomine]

    La feuille attendait. L'encre sur la plume avait séchée. Mes doigts la tenaient toujours pourtant. Ni une tâche d'encre ni un mot écrit, mais ne nombreuses froissures de larmes plus ou moins anciennes. À ce rythme, le papier ne serait bientôt plus utilisable. Rien ne me venait que de la douleur...

    J'étais fatigué, je ne dormais plus, je ne savais rien de l'heure du jour ou de la nuit. On m'apportait des repas que je ne faisais que regarder avant de m'étouffer sur leur goût si fade... J'avais su que ce serait dur... j'aurais juste aimé qu'il me mente quelques heures de plus, juste assez pour que je ne sache pas. Assez pour me dire que si mes lettres ne recevaient pas de réponse, c'était à cause du danger ou de mauvais facteurs. Mais il n'y avait pas de lettres. Je n'en écrivais pas.

    Je ne voulais pas en écrire.

    C'est faux... je crève de savoir, d'avoir de ses nouvelles, de vérifier qu'il se porte bien... Je tuerais pour savoir si je lui manque et m'achever ainsi... Je tuerais mais je n'écrirais pas de lettre. C'était trop dur... maintenant que je savais... que tout n'avait été qu'un mensonge...

    Pour la centième fois au moins, je trempai l'extrémité de la plume dans l'encrier, essuyai l'excédant avec lenteur, faisant flancher la pointe métallique. Je déplaçai ma main au-dessus du papier et pris une profonde inspiration.

    Quand la pointe se posa et traça les premières lettres, elle crissa terriblement. Mes doigts tremblaient.
J'ai
Des grosses gouttes emplirent mes yeux.
si mal
Et roulèrent sur mes joues.

    Je relevai la plume et l'abaissai sous cette première phrase à peine lisible à travers mes larmes.
Je t'aime tellement
Je fermai les yeux.
Je t'aime Je t'aime Je t'aime Je t'aime
Ça fait si mal
Taiga Taiga Taiga Taiga
L'eau coula le long de mon nez, entre mes lèvres haletantes, sur mon menton, sur la feuille gondolée.

    Une salve de rage me prit violemment et je m'énervai sur la feuille, resserrai la dague d'encre qui me servait d'exutoire. Je barrai son nom.
Pourquoi
POURQUOI
Mon cœur se serra si violemment dans ma poitrine que je fus privé de respiration pendant plusieurs instants. J'avais la bouche ouverte, la main gauche agrippée au poitrail, la droite torturée sur la plume qui menaçait de briser.
Je suis idiot
Je t'aime
Taiga
Mon Taiga
Tu étais mon époux
Pourquoi
Pourquoi m'as-tu demandé en mariage ?!
Pourquoi m'as-tu tra
Je lâchai la plume qui s'écrasa dans une grosse tâche et pris ma tête dans mes mains.

    Je pleurais à m'en étouffer. Qu'étais-je devenu ?
"Taiga... Taiga..."
Mes doigts se tordaient dans mes cheveux ébouriffés et je sentais mes yeux bouffis chercher de nouvelles larmes pour me détremper à nouveau.

    Le crissement de la porte me fit bondir sur place. J'aurais aimé avoir le temps de me cacher, mais non... elle me verrait encore une fois comme ça...
"Je t'apporte à manger.
-Pose ça là, dis-je d'une voix aussi neutre que possible mais qui se brisa lamentablement sur le dernier mot.
-Dai-chan...
-Laisse-moi," gémis-je.
Le bol fut posée sur la table et deux mains entourèrent mon corps.

    Le doux parfum de ma sœur m'engloba.
"Tu ne peux pas te laisser aller comme ça... Ça fait dix jours, Dai-chan..."
Déjà tant de temps...? Vraiment...? J'étais si faible...

Les rubis du capitaineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant