Bullshit number 9

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- Bon, ce jeu commence un peu à me courir sur le haricot, soupira Tanaka

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- Bon, ce jeu commence un peu à me courir sur le haricot, soupira Tanaka.

- Tu dis ça à chaque fois, rétorqua Ennoshita.

- Et on finit toujours pas jouer au jeu de la bouteille pour que t'embrasses Kiyoko senpai, continua Kinoshita.

- Sauf que ça ne tombe jamais sur elle, compléta Narita, le sourire sadique aux lèvres.

- Et donc on est obligé d'arrêter à chaque fois parce que Monsieur ne veut embrasser personne d'autre que Kiyoko.

Pendant que la brune gardait son air indifférent, Tanaka piqua un fard et frappa la tête de ses trois amis.

- Pas grave, jouons quand même, coupa Daichi. Mais on ne commence pas par Tanaka, comme ça on aura le temps de s'amuser un peu.

Il saisit la bouteille de Suga, la plus vide de toutes, et en bue toute la fin en fixant l'argenté du regard. Suga esquissa un sourire malicieux devant les grandes gorgées du brun, mais ne put empêcher le rose d'envahir ses joues. Tsukishima observa la scène du coin de l'œil. Ces deux-là étaient attirés l'un par l'autre ? Mais pourquoi ne sortaient-ils donc pas ensembles ? Le blond ne comprenait rien aux relations humaines, que ça soit les siennes ou celles des autres.

Il tourna son regard vers son meilleur ami à ses côtés. Celui-ci avait un petit sourire aux lèvres. Il se sentit sûrement observé car son regard se déroba du capitaine pour planter ses yeux dans ceux du blond. Au même moment, Daichi décréta que c'était le tour de Yamaguchi car il était assis à côté de Tanaka. Yamaguchi hocha la tête tout en maintenant le contact visuel. Tsukishima frissonna. Il ne voulait pas que quelqu'un d'autre pose - encore - ses lèvres sur celles de son meilleur ami.

Mais il n'avait pas le choix. Il ne dirigeait pas Yamaguchi. Celui-ci pouvait aller embrasser le monde entier, puisque tout le monde semblait le désirer. Yamaguchi était tellement désirable, et Tsukishima le savait mieux que quiconque.

Mais bien que le brun aurait pu embrasser chaque personne de la pièce, c'était Tsukishima qu'il embrassait des yeux. Leurs regards s'accrochaient l'un à l'autre et leurs vies ne tenaient plus qu'à un fil.

Les mains agiles de Yamaguchi attrapèrent la bouteille. Il caressa trois fois le goulot avec son pouce sans quitter Tsukishima des yeux, et celui-ci déglutit aussi fort qu'il le put pour ne pas rougir. Il voyait l'emprise de Yamaguchi sur la bouteille et l'intensité de son regard, et cela lui donnait envie de mourir sur place. Le brun se décida à faire tourner la putain de bouteille, et alors elle tourna si longtemps que Yamaguchi eut le temps de sonder entièrement l'âme de Tsukishima qui n'en pouvait plus d'avaler sa salive. Le roulement du verre sur le carrelage brisait le silence ambiant. Chacun avait les yeux posés sur l'objet qui tournait sans s'arrêter, mais Tsukishima et Yamaguchi se regardaient toujours.

Puis, quand le grondement se tarît, Tsukishima ne voulut pas voir qui la bouteille avait désigné. Il savait que ce n'était pas lui. Ça ne pouvait pas être lui, parce que Tsukishima n'était pas quelqu'un de chanceux, et encore moins quelqu'un qui reposait tous ses espoirs sur un goulot en verre. Il détacha enfin son regard de celui de Yamaguchi pour le tourner difficilement vers la bouteille. Celle-ci était figée dans le temps, comme les gens autour d'elle. Son choix était fait, et il ne semblait clairement pas hasardeux. La bouteille avait-elle une conscience ? Parce qu'à ce niveau, il y avait une drôle de coïncidence. Une mauvaise coïncidence.
Tsukishima n'était pas - et ne serait probablement jamais - un garçon chanceux.

Et le sourire adorable de Yachi pouvait en témoigner.

Le cœur de Tsukishima déborda d'un mélange d'appréhension, de panique et d'un peu de joie en voyant l'expression légèrement déçue de Yamaguchi. Son regard accrocha à nouveau celui de son meilleur ami. Le brun esquissa un petit sourire, l'air de dire « tout va bien » et Tsukishima ne sut pas si c'était une question ou une affirmation. En tout cas, il maintiendrait le contact visuel quoi qu'il arrive. Tsukishima n'avait pas envie de voir ce baiser, mais il ne voulait pas non plus que Yamaguchi s'abandonne complètement dedans. Il voulait emporter son âme avec lui.

Alors Yamaguchi s'approcha de Yachi doucement, et Tsukishima dut se faire violence pour ne pas détourner le regard. Les rougeurs sur les joues de la blonde et son air mi-confiante mi-embarrassée étaient la copie conforme de Tsukishima, alors il se dit que peut-être il pouvait aimer son ami, comme Yachi l'aimait en tant que fille, mais encore plus parce qu'il était son meilleur ami.

Ses réflexions se turent lorsque les lèvres du brun se posèrent sur celles de la blonde. Les deux étaient positionnés de sorte à ce que Yamaguchi soit en face de Tsukishima. Ainsi, ils continuaient de se regarder - se dévorer des yeux. Yamaguchi avait pris garde de pencher sa tête pour embrasser Yachi, il avait posé ses mains sur les joues roses de la blonde et celle-ci en avait fait de même. À cause de ça, ou peut-être parce que les yeux de Yamaguchi ne pouvaient pas quitter ceux de Tsukishima, le baiser dura longtemps. Yachi se mit même sur la pointe des pieds et ondula légèrement son visage. Yamaguchi regardait Tsukishima, il le regardait comme si il voulait que ça soit lui à la place de leur camarade, comme si il imaginait être sur la pointe des pieds lui aussi pour atteindre la bouche de Tsukishima. Comme si les doigts qui dessinaient sa mâchoire n'était pas doux et petits comme ceux de Yachi mais rudes et trop longs et tordus et moites et avec des petits poils dressés.

Tsukishima n'aimait pas ça, parce que lui il ne pouvait pas imaginer que Yamaguchi l'embrassait. Il pouvait juste voir Yamaguchi appartenir à quelqu'un d'autre que lui et y prendre du plaisir pendant que son cœur à lui se tordait de douleur.
Il voulait partir. Il étouffait, son ventre le picotait et il voulait tousser jusqu'à mourir.

Heureusement le baiser se stoppa tout doucement, et tout le monde applaudit, Tsukishima aussi. Il applaudissait, félicitant la résistance qu'il avait développée pour ne pas s'enfuir en courant.

Mais Tsukishima n'était pas du genre à mourir sans faire chier les autres.
Il se leva et arriva au ventre du cercle, toujours en tapant des mains, mais ironiquement.

- Wouah, quel beau baiser, n'est-ce pas Yachi ? Bon c'était amusant deux secondes mais je m'en vais. Je n'ai pas envie de rester deux secondes de plus avec des alcooliques comme vous.

Les gens arrêtèrent d'applaudir mais personne ne renchérit.

Yachi faisait une moue apeurée avec ses yeux de biche mais Tsukishima s'en fichait. Il sortit du cercle, se donnant un air nonchalant, les mains dans les poches, mais très vite il se rendit compte que Yamaguchi était sur ses talons.

Tsukishima était en colère contre tout et rien. Il ne pouvait en vouloir à personne, parce que ce n'était que le fruit du hasard si ça s'était passé comme ça. Il s'étonnait de se trouver aussi jaloux, mais Yamaguchi était son seul et unique ami. La relation qu'ils entretenaient était inédite, il ne pouvait pas le perdre à cause d'une petite crise de jalousie mal placée.

- Tsukki ! T'es sûr que tu veux partir ?

Il avait attrapé son bras en disant ça, et désormais il glissait sa main dans la sienne. Leurs doigts s'entrelacèrent et Yamaguchi y effectua une légère pression.

- Je n'ai aucune raison de rester là bas.

Le couloir était totalement vide, ainsi que les classes autour. Qui aurait l'idée de venir au lycée un samedi matin après tout ?

- C'était à ton tour de tourner cette foutu bouteille pourtant, dit Yamaguchi avec un sourire taquin. Profites-en.

Tsukishima voulut lui crier dans l'oreille, profiter de quoi ? D'embrasser quelqu'un qui n'appréciait pas et qui allait, tout comme lui, y être contraint ? Sans façon. Il préférerait mille fois se blottir contre Yamaguchi sous les couvertures et frotter ses pieds contre les siens pour se réchauffer.

Voyant qu'il ne se prêtait pas à la plaisanterie, le brun se radoucit.

- Tsukishima, j'irai avec toi si tu pars. Je veux rester à tes côtés quoi qu'il arrive, mais on peut au moins aller leur dire au revoir d'une façon plus aimable que la tienne ?

Le blond leva les yeux au ciel mais se détendu et Yamaguchi put le traîner jusqu'à la fameuse salle 17.

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Feels -Tsukkiyama-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant