Jour 5 - Jötunn -

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nom masculin

Les Jötnar (Jötunn au singulier) sont également appelés Géants. Ils forment une race d'êtres primordiaux qui habitent les mondes de Niflheim, Muspellheim et Jotunheim. Ils sont les personnification des forces sauvages, chaotiques, primordiales.




Aujourd'hui sera un jour plus technique, nous avons beaucoup de chemin à faire dans un lacis de collines et de montagnes.

Nous devons d'abord bifurquer Sud-Ouest et Théo est partisan de faire un détour pour contourner le massif en passant par une piste et des zones plus dégagées à l'Ouest. Je préfère une trace plus directe via les reliefs et le lit d'une rivière gelée. Je le convainc finalement et nous nous engageons dans un goulot entre deux dunes de neige plein Sud.

Nous cheminons entre les buttes, sur leur flanc, mais ce matin, je le dis : la pulka est lourde. Elle rechigne.

Lors de la première pause, je mange bien plus qu'à l'accoutumée pour me mettre un coup de fouet. Théo me déleste finalement du traîneau ce qui me donne un peu de répit. On cible sur le GPS la rivière qui devrait offrir un bon couloir de progression d'autant qu'elle colle à notre azimut.

Le temps est nuageux et le vent point trop fort quand nous la découvrons enfin. Au détour d'une butte verglacée, au loin, une énorme saillie noire surplombe une vasque d'eau vive. Une cascade ! Bien que calme à cette période de l'année, elle marque néanmoins une belle barrière naturelle. Ce n'était donc, à l'évidence, pas la meilleure idée que de suivre ce cours d'eau encaissé. Notre carte, à l'échelle trop globale, ne nous l'avait pas laissé deviner.

Sans s'attarder, nous nous engageons donc dans les collines qui la longent en parallèle. Nous suivons au plus proche, tel un fil d'Ariane, cette rivière enchâssée dans des falaises de glace. Le site s'avère dangereux. Théo me demande, tout compte fait, de trouver un itinéraire plus écarté pour éviter les déchirements du terrain et les dangers du surplomb.

C'est donc sur cette idée que nous traçons plus au large vers le Sud en sillonnant entre les collines mais surtout par dessus. La météo est fade, ni bonne ni mauvaise, et le vent, relativement faible, parvient à se faire oublier.

À la mi-journée, nous arrivons à l'un des passages clés de notre journée. Là où notre route s'engage entre deux montagnes rondes seulement distantes de quelques stades. Les portes de l'enfer ou du paradis, je ne saurais dire... ça doit dépendre du nombre de couches de laine que l'on porte en les passant. Le spectacle est saisissant, comme souvent sur cette île. Chaque nouveau décor, chaque nouveau panorama, se veut plus subjuguant que le précédent. Nous avançons de concert dans ce décor magistral. Inspiré, je me mets à compter des bribes imparfaites de la mythologie nordique à mon camarade. Nous progressons côte à côte, nous nous racontons des histoires... Nous ne savons plus vraiment si nous sommes toujours en Midgard, le royaume des hommes ou à Niflheim, celui du froid et des créatures génésiaques. D'après la carte, le mont sur notre dextre se nomme Krosshnjùkar. Ça sonne bien pour un géant pétrifié... Heureusement que je ne le sus que plus tard sinon je me serais donné pour devoir de l'éveiller en criant son nom. Je l'aurais invoqué dans mes délires grandiloquents... puis je serais mort écrasé. Comme au cinéma, lorsque le vil serviteur sauve son maître maléfique de l'emprise des gentils mais finit balayé d'une main autoritaire et désinvolte.

En face de nous, à nos pieds même, s'étend une prodigieuse pente douce. Elle s'étale entre volcans et montagnes en une immense plaque immaculée jusqu'à ce qu'on devine être le lac de barrage d'Hágöngulón.

ICELAND une semaine à la neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant