Jour 6 - Notos -

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Dans la mythologie grecque, Notos est la personnification du vent du Sud, l'un des quatre vents directionnels. Réputé humide et violent, il est le vent de la pluie et des tempêtes.




Cette nuit-là fut bonne, reposante.

J'entends Théo me dire qu'il a reçu une réponse du propriétaire de la cabane. Ça me réveille.

Nous avons un code pour rentrer. Ce soir nous serons à l'abri et au chaud pendant la tempête !

Il est sept heures et trente minutes, on se lève.

Nous nous préparons et nous nous autorisons même le luxe de faire fondre de la neige et de nous préparer un thé pour la longue journée qui nous attend.

Nous avalons nos petits déjeuners en vitesse, nous remballons tout.

Dehors le ciel s'est voilé, le vent s'est maintenu mais il est supportable. Pour combien de temps ? Grâce à cette colline isolée tel un tumulus posé au milieu du lac gelé nous bénéficions ici d'un couvert sommaire. C'est mieux que rien.

Après quelques minutes de réflexion à peser le pour et le contre quant au fait de rester sur place pour attendre la tempête, nous nous décidons.

Nous empaquetons tout et nous partons. Nous sommes au milieu du plat et contrairement à ce que pense Théo, je me dis que la butte derrière laquelle nous nous situons et qui nous abritait suffisamment pour des conditions venteuses "normales" ne suffira plus pour la tempête à venir. La couche de neige paraissait également trop hétérogène pour y fixer de bonnes amarres pour la tente ou pour construire un mur de neige en brise-lames.

Bref, on décolle ! Mais cette fois on s'attèle à deux dès le départ, ça souffle déjà assez fort et nous voulons rentabiliser notre énergie pour la durée. Je prends la place de soutien, à l'avant du cortège.

Directement passé la colline, le vent brut et sans frein nous frappe, il nous confirme que la journée va être agitée. Bon rien de méchant mais nous avons de la distance à avaler aujourd'hui ; vingt trois kilomètres à vol d'oiseau d'après le GPS. Nous pensons à la récompense au bout ; cette cabane douillette qui nous attend, garantie d'une nuit sans encombre.

Nous marchons, en silence dans le bruit. Le bruit du vent, lancinant, assourdissant.

Il forcit j'ai l'impression.

Malgré la vision fugace et féerique d'une montagne ensoleillée apparaissant à l'Ouest, la visibilité dépasse rarement les cents mètres et elle se dégrade. Nous nous arrêtons pour une mini pause, encore plus brève qu'à l'accoutumée. Il est neuf heures trente.

On siphonne un verre de thé, boulotte une barre de céréales et c'est reparti. Ne nous refroidissons pas !

Bien que le vent ne soit pas si froid. Nous avançons un peu renfrognés dans nos vêtements mais bien déterminés.

La visibilité devient quasi nulle et je dois sortir ma boussole pour progresser dans le jour blanc qui s'installe. Cette fois encore, c'est facile ; plein Sud sur vingt kilomètres !

Le vent est fort quand même... Je dois essuyer mon masque régulièrement pour en chasser la neige qui s'y colle, qui goutte. Qui goutte ? Mais c'est vrai ça ; Ça goutte dans mon masque ! Je constate alors que je suis trempé. Chaud mais trempé quand même. Théo n'est pas mieux loti. C'est encore un vent du Sud qui nous arrive en pleine face, il réchauffe la neige, la rend collante. Nos vêtements s'en couvriraient complètement si le vent ne soufflait pas si fort. Mes skis se couvrent de glace, ils "bottent". La neige transportée, trop chaude, s'agglomère et coagule vite en glace une fois abritée dans mes fixations. Je marche vite avec des "talons" et dois m'arrêter fréquemment pour casser la glace de la pointe de mon bâton.

ICELAND une semaine à la neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant