nom masculin
Étuve des bains romains (opposé à frigidarium).
Nous nous préparons confortablement dans la cabane avant de chausser skis et pulka et de nous mettre en branle.
Aujourd'hui est un jour particulier, plein d'espoir...
L'espoir de me voir me languir dans un bain ! En effet, notre destination s'avère être un point de géothermie où l'eau chaude jaillit des tréfonds de la terre. Celle-là même qui chauffe et fournit en électricité les foyers de presque tous les habitants de l'île.
C'est donc tout guillerets que nous nous élançons dans les blanches collines qui nous suivront, dans un décor monotone mais grandiose, tout au long du jour. Les pentes bien que douces s'enchaînent et les plats n'apparaissent que sous des degrés de déclivité positifs ou négatifs. L'exercice demande de l'énergie et nous amène à alterner le tractage de la luge toutes les deux heures environ.
Le paysage défile donc au gré des pauses, toujours courtes, jamais plus de cinq minutes.
C'est une façon de progresser qui nous anime depuis de nombreuses années maintenant après que nous ayons constaté, jadis, dans les Pyrénées, que de longues pauses étaient contre-productives. Dans un repos superflu, le temps se perd et le corps refroidit. Ces haltes sont pour nous un petit rituel : nous déchaussons, partons nous asseoir sur la pulka, buvons un thé chaud, avalons une barre céréale ou un morceau de chocolat et on repart. Simple, efficace.
D'ailleurs parlons des repas. Théo a géré cet aspect dès le début. Je l'ai laissé faire en toute confiance. Le matin avant de partir : mueslis avec de la crème d'amande ou de chocolat (faites maison), on fait également en sorte le plus souvent de se chauffer du thé. L'occasion est bonne lorsque nous faisons fondre de la neige. Le thé revigore et rassérène tout au long de la journée et nous permet de nous hydrater plus facilement qu'avec de l'eau pleine de glaçons... Ensuite tout au long de la journée nous mangeons des barres céréales et du chocolat en tablette. Environ cinq casse-croûtes qui sont autant de pauses potentielles. Le soir enfin vient le gros de l'alimentation ; la récompense... Des crackers avec du jambon cru et du parmesan suivi d'un repas lyophilisé pour deux personnes que nous réhydratons à l'eau bouillante. Ce processus nous permet de ne pas nous attarder sur le trajet quotidien et nous amène à ne déployer popote réchaud et autres ustensiles que lorsque le camp est monté. Il est de toute façon hors de question de se mettre à cuisiner en extérieur, en plein vent, durant la journée.
C'est sous ce régime strict mais pratique que nous évoluons tous les jours. J'étais moyennement convaincu au départ surtout en termes de quantité concernant le début de journée mais ça s'est avéré fonctionnel et bon, bien que parfois léger et spartiate.
La montagne gironde que nous fixions depuis la veille maintenant se confirme comme étant notre destination au fur et à mesure que nous approchons. Elle qui semble si proche et pourtant se refuse à nous chaque fois que nous tendons les bras. Presque chaque col que je franchis dans l'après-midi me laisse croire à une ultime descente pour finalement laisser place à son confrère quelques longueurs en amont. Ce jeu d'apparence frustrante permet d'atteler l'esprit à une routine disons... distancielle. Ces étapes courtes, d'un objectif visuel à un autre, établissent une forme d'habituation qui permet de s'affranchir de la monotonie du tout.
Nous volons donc en droite ligne de cailloux en rochers, de combes en cols, kilomètres après kilomètres. Nous parlons peu pendant la marche, nous sommes un peu introvertis pendant ces moments. Rien de négatif, mais c'est aussi une forme de plaisir que d'observer et de se taire. Beaucoup de gens oublient de s'écouter de l'intérieur et de mûrir leur réflexion. Ici nous disposions d'une toile blanche grandeur nature pour étaler nos pensées toutes colorées. En tout cas, ce fut mon cas. Théo étant plus du genre : "Le beau temps va pas durer, le beau temps va pas durer, le beau temps va pas durer, le [...]". Bien sûr, l'instant n'était pas toujours à la philosophie et à l'introspection car le mouvement régulier et continu a parfois tendance à lobotomiser un peu, à alourdir la pensée. On ressasse plus aisément. Réfléchir demande des ressources qui ne sont pas toujours compatibles avec l'effort physique mais dans l'ensemble, mon âme juvénile gambadait joyeusement.
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ICELAND une semaine à la neige
AventuraAvec une luge et un ami, il décide de traverser l'Islande à skis, du Nord au Sud, au cœur de l'hiver. Mais l'île a ses caprices et tout ne se déroulera pas comme prévu... Voici le récit véritable de son périple.