Chapitre 7 : Un retour oublié et un baisé inattendu

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 Toute la journée, le même manège se répétait. Je réussissais tant bien que mal à me mettre sur mes quatre pattes tremblotantes mais, retombais sur le côté comme une baleine échouée. J'étais épuisée et je crus que je n'y arriverais jamais. Et enfin, à la nuit tombée, j'observais cette belle lune qui m'éclairais de sa douce lumière et sans m'en apercevoir j'étais sur mes quatre pattes. Je ne tremblais plus. C'était comme si j'avais puisé ma force dans la lune.

Cela me comblait de joie. Le simple fait de tenir debout, de ne pas m'écrouler au sol dans un soupir de rage.

Instinctivement je réussis à marcher. C'était comme faire mes premiers pas. La faim me conduisit à ma cabane en bois, je savais qu'il me restait des provisions. En arrivant devant la porte, je me retournai et vis Kumi seul, allongé par terre. Je fis demi tour pour aller le chercher. Je ne voulais pas qu'il soit à la merci des prédateurs. Arrivée à sa hauteur, je le pris par la peau du coup, comme une louve porte son petit.

Je déposais mon fardeau sur le seuil de la porte et entrepris de l'ouvrir. Je fis un petit bond pour appuyer sur la poignée, mais la porte ne s'ouvrit pas. Alors, je commençais à gratter le bas de la porte comme un animal et cela m'amusais. Je riais antérieurement. Puis je me rappelais que je devais tourner une poignée ronde qui se trouvais tout en haut de la porte afin de la déverrouillée. J'avais fais ce système pour les tempêtes. Elles n'étaient pas rares dans cette petite ville perdue.

Déçue, je baissais la tête comme si tout espoir était perdu. Un petit bruit de lapin me fis tendre les oreilles. Je m'élança et attrapa la petite bête de justesse avant qu'il ne retourne dans son terrier.
Ce lapin ne suffisait pas à me remplir l'estomac, mais j'en laissais pour Kumi qui devait être autant affamé que moi. Après m'être suffisamment rassasiée, j'avais sommeil. Je me tapis au fond de la grotte cachée et mis ma tête entre mes pattes avant. Avant de fermer les yeux, je vérifiais une dernière foie que le furet était aussi à l'abris. Je le vis se rapprocher de moi et venir s'étendre de tout son long contre moi. Il avait l'air si paisible !

 Je fus rapidement réveillée par les couinements apeurés de Kumi. Le petit animal tremblait de peur et de froid. Dehors, j'entendais le vent ardent et le bruit des gouttes d'eau qui ricochaient dans les flaques de boue. Je pouvais aussi sentir la détresse du furet. Pour le rassurer, je lui donnais un petit coup de museau et me levais pour voir la tempête qui se déchainait à l'entrée de la grotte. Le vent emportait des feuilles et déracinait les petits arbres dans un sifflement aigüe. La pluie torrentielle s'était transformée en grêle et le vent apportait toutes sortes de déchets de la cité. Je regardais avec tristesse ma petite cabane en bois, espérant qu'elle serait épargnée. 

 Je reçus un journal sur la truffe, quand celui-ci tomba au sol, je mis une patte dessus pour qu'il ne s'envole pas. Et je pus lire " La chasse est ouverte !" en grosses lettres. En dessous du titre, une image montrait cinq hommes armés jusqu'aux dents, tous avaient une arbalète et l'un d'eux portait un loup mort et ensanglanté sur les épaules. Sur cette photo, ils paraissaient heureux. Ils aimaient tuer. Je ne pus retenir un grognement en voyant cela mais je n'étais pas au bout de mes surprises. Plus je lisais l'article, plus je faisais la grimace. Il était écrit que Loward en personne payait chère pour le plaisir de voir disparaitre l'espèce des loups ! C'était horrible. Ils avaient déjà tués près d'une dizaine de loups en seulement trois semaines. Dans un élan de fureur, je déchirais le journal de mes griffes et retournais dans l'ombre de la grotte avec Kumi. Enragée, je me jura de venger ses pauvre loups.

Les jours qui passèrent, je devenais de plus en plus un animal. Mais, ce qui me retenais de perdre complètement la raison était cette vengeance que je devais accomplir coûte que coûte. Chaque jours, chaque nuit, l'image des ces cinq chasseurs revenait sans cesse me hantée et l'article que j'avais lu ne passait pas outre. Quand je m'en rappelais, je me mettais à gratter la terre et grognais encore et encore. Pour me calmer, je chassais le gibier et le rapportais à Kumi dans la grotte. Je m'apaisais quand je mangeais en sa compagnie. Des foie aussi, nous jouions ensembles à se courir après, à se mordiller gentiment, puis quand nous étions trop fatigués pour continuer, nous allions nous allongés dans la grotte et on se perdais dans le vague. On était comme transportés ailleurs, loin de la réalité et généralement nous finissions par nous endormir l'un contre l'autre.

 Un jour, alors que Kumi et moi nous amusions dans les bois, je fis une roulade pour l'éviter et quand je me relevais, un homme, humain, se tenait debout devant moi et il me regardais, comme si il voulait savoir si j'était bien celle qu'il cherchait. C'était étrange. Une rafale de vent m'obligea à fermer les yeux mais malgré le bruit qu'elle faisait, je pus entendre un chuchotement "mienne", que je n'aurais jamais entendue si mes sens n'étaient pas surdéveloppés. Quand je rouvrit les yeux, l'homme avait disparu et à la place, un magnifique loup noir aux yeux d'or s'avançait vers moi jusqu'à ce que nos museaux se touchent. L'instant d'après, nous étions tout deux redevenus humains mais lui comme moi était nu. J'étais à genouillée, les mains au sol devant moi et nous nous embrassions.


La Cité Des LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant