chapitre 9 : changement radical

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- Enfin réveillée ?
- J'ai mal partout, mais sinon, oui je suis réveillée. Pourquoi ce "enfin" ? J'ai tellement mal que j'ai l'impression d'avoir fait la fête toute la nuit ! Et toi, pourquoi tu as les yeux tout rouge et gonflés ? T'as pas dormi ou quoi ?

  Pour toute réponse, Kai observa la pièce autour de nous et m'invita d'un geste de la main à en faire de même.

- Hier, c'était la pleine lune.
- C'est moi qui . . . ?!
-. . .

  Les coussins, les couvertures, le matelas, il y avait même des traces de griffures sur les murs, au sol, et au plafond. Tout était lacéré. Mais Kai restait de marbre, même face à un tel carnage. Après tout, il l'avait lui-même vécu. La deuxième pleine lune est la plus violente, tout les lycaons passent par cette étape.
Cependant, je ne pu que remarquer son attitude intriguée qu'il tentait de cacher par son expression faciale neutre.

- Pourquoi tu me regardes comme ça ? J'ai un truc que le visage ?
- Je dirais plutôt, il retint un rire, sur la tête. . .
- Comment ça sur la tête ?! Kai, dis-moi ce que j'ai !
- Va voir ton reflet dans la rivière. Un rire étouffé sorti de sa bouche.
-. . . OK. T'es vraiment bizarre depuis tout à l'heure. Tu me fais peur.

  Dès que je fût retournée, prête à partir, il ne pu retenir un second rire, un fou rire cette fois. Mais qu'est ce qu'il lui prend d'un coup ?!
Je lui jetai un regard noir par dessus mon épaule avant de m'éclipser.

  A la rivière, je pris une gorgée, puis apporta mes mains trempées à mon visage. Après quoi, je me pencha au dessus de l'eau pour observer mon reflet : un cri aigu s'échappa de ma gorge.

  Quelque chose m'effleura l'épaule me faisant sursauter; ce n'était que la main de Kai. Je lui aurais bien demandé ce qu'il m'arrivait mais je n'avais plus de voix. Alors je désignais les oreilles pointues sur mon crâne avec une expression à la fois de terreur et d'interrogation.

 - S'il te plaît, Nina, ne hurle pas ou la cabane va vraiment s'écrouler, et moi je vais devenir sourd au passage. Il marqua une longue pause qui m'inquiéta de plus belle : tu as aussi une queue. . . et des griffes.

- j'ai. . . QUOI ?!

- Tu ne t'évanouis pas c'est déjà ça, dit-il hésitant, le regard fuyant, se passant la main dans ses cheveux en demi queue de cheval. Attends, il se pourrait bien que tu ne sois pas au bout de tes surprises, ouvre un peu la bouche pour voir.

- Tu te moques de moi c'est ça ? Bon d'accord : Aaah.

- C'est bien ce que je pensais, tes canines sont également sorties.

- Donc si je comprends bien, je possèdes tous les attributs du loup tout en préservant ma forme humaine ?

- En gros, c'est ça.

- OK. C'est trop bizarre ! Je vois super bien, et surtout, super loin ! Comme si je regardais avec une loupe. Je vois même bien mieux que ça !

- L'odorat aussi je suppose.

- Je crois bien que oui ! Et j'ai l'impression de pouvoir entendre le moindre bruit, même le craquement discret des arbres, le vent qui se dépose sur les écorces. . .

  Kai me coupa, soudainement sur ses gardes.

- Chut. Les craquements, ce ne sont pas les arbres, mais les branches au sol qui cèdent sous les pas d'un humain ! Nous ne sommes pas en sécurité ici.

- La grotte !

- Oui c'est parfait. 

  Trop tard. Un homme se tenait devant l'entrée dont il ne soupçonnait guère l'existence. Il faisait rouler ses yeux sur les alentours. Heureusement qu'il ne se doutait pas que la roche derrière lui cachait une antre. Kai et moi ne bougions pas, par crainte d'être repérés. Nous nous tenions derrière le vieux chêne blanc, à seulement quelques mètres de l'individu à l'odeur âcre qui m'était pourtant si familière. Je ne pu m'empêcher de penser que je pouvais connaître cet homme. Je risqua un coup d'œil par dessus l'épaule de Kai.

- Mais je le reconnais !

  C'était l'un des hommes que j'avais aperçu en grande conversation avec mon père dans ma chambre lorsque j'étais allée prendre les quelques affaires qui m'appartenaient.

  Dès qu'il s'éloigna, je pus reprendre mon souffle. Cette personne ne m'inspirait rien d'autre que la peur et la cruauté.

- Il est dangereux Kai. Avais-je dit la voix tremblante.

- Et il se dirige vers ta cabane; Kai le suivait du regard.

  Grâce à ma vue surdéveloppée, j'arrivais à voir, à travers la petite fente que j'avais faite dans le bois pour laisser entrer de la lumière, l'homme qui était entré et qui prenait des photos avec son téléphone portable. Il semblait les envoyer à quelqu'un. 

  Le soir même, je me suis rendue dans la maison qui m'a accueillit chaque soir après les cours pendant de nombreuses années. Cette maison que je trouvais chaleureuse. Cette maison qui lui appartient. Ce soir là, mon beau père avait de la compagnie. Parfait. Il dialoguait avec le même homme qui avait examiné la cabane de font en comble un peu plus tôt. J'étais postée à l'orée de la forêt, masquée par les buissons. Je mettais à profit ma nouvelle ouïe et écoutais l'aparté. Le fouineur s'appelait Christophe :

- Il semblerait que quelqu'un vive belle et bien dans la forêt, vous disiez vrai.

- Pas quelqu'un, mais quelque chose. Vois-tu, ces marques sur la photo ont été faites par un loup.

- Un gros loup alors !. . . v-vous en êtes sûr ?

- Croit moi Christophe, le mythe du loup-garou est bien fondé ! Je veux que tu me retrouve cette bête et que tu me la ramène. Et je la veux vivante ! Si c'est bien elle, j'ai besoin qu'elle reste en vie. Si j'ai bien raison et qu'elle en est devenue une comme ma défunte sœur, tu ne devrais pas avoir de mal à la reconnaître.

- Une quoi ?

- Oh ça mon cher, tu le sauras. Quand tu la verras.

- Bien monsieur, comptez sur moi. Vous avez devant vous le meilleur chasseur de loup. Un loup à moitié humain, pff, ça ne doit pas être si différent !

- Je n'en serais pas si sûr à ta place. Surtout s'il s'agit bien de ma fille  et qu'elle est ce que pense étant donné que c'est la deuxième pleine lune que j'ai pu contempler hier, depuis sa fugue. Et les chances que je me trompe sur l'identité de la personne qui vit dans cette cabane sont de 0% puisque je reconnais bien ses affaires sur les photos.

La Cité Des LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant