Chapitre 5

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Bonjour

On se retrouve aujourd'hui avec un nouveau chapitre. J'espère qu'il va vous plaire.

Bonne Lecture


Raphaël,

Je sais, je t'ai engueulé dans la dernière lettre, en vain, évidemment puisque cette lettre est toujours planquée dans un tiroir dans un meuble de mon salon. Mais voilà, il faut que ça sorte à un moment. La colère, la frustration, le manque, faut que j'évacue tout ça... Ecrire c'est un moyen comme un autre pour moi, et puis, de toute façon je ne veux pas embêter les autres avec mes problèmes... Bref, me voilà donc, en train d'écrire une quatrième lettre, pour rien en vrai, puisque tu ne la liras jamais, mais bon...

Cette lettre datait donc, encore une fois, de son absence. Il avait déjà compris qu'elles étaient pour Hélène, un moyen d'évacuer, sinon elle allait faire comme une cocotte minute et ce n'était pas bon pour elle. Il comprenait la démarche, parce que après tout, Hélène n'était pas du genre à partager ses problèmes. Elle l'écrivait elle-même... Elle ne voulait pas embêter les autres... Seulement, elle aurait peut-être dû. De là à dire que ça aurait changé quelque chose, il ne le savait pas, mais au moins, elle n'aurait pas été seule...

Finalement, il les lisait, les lettres, il lisait ce qu'Hélène y avait mis, elle l'infatigable flic, toujours sérieuse, qui garde pour elle problèmes et secrets et qui souffre en silence. Parce que c'est tellement plus simple que d'impliquer quelqu'un d'autre au risque qu'il souffre aussi... Il comprenait, parce que sur ce point là, il était un peu comme elle. Il préférait garder pour lui ses malheurs que de les partager... Et si il avait gardé certaines choses, et bien d'autres ne serait peut être pas arrivée...

T'es parti depuis presque six mois maintenant. C'est long, terriblement long, et malgré qu'on continue de me dire que tu ne reviendras jamais, que je ne te reverrais pas, que c'est fini, t'as tout abandonné, j'y arrive pas... J'arrive pas à me faire à cette idée que non, tu ne vas plus m'agacer, me faire rire ou encore débarquer dans mon bureau sans frapper, parce que, honnêtement, tu sais faire que ça...

Cette lettre devait dater de peu de temps avant qu'elle ne le retrouve. Tout le monde lui disait qu'il ne reviendrait pas, et pourtant, elle voulait encore y croire, croire à son retour, et elle avait eu raison d'y croire. Au final il était revenu l'agacer, la faire rire et tout ce qui allait avec. Et oui, si il était honnête, cela lui avait manqué à lui aussi, et il aurait sûrement fini par craquer et revenir de lui même si il n'y avait pas eu cette affaire, en Bretagne...

Franchement, tu veux pas juste donner des nouvelles ? Dire que tu vas bien, montrer que tu es en vie quoi ! Merde à la fin ! Tu n'imagine même pas le nombre de scénarios que je me fais dans ma tête concernant ta situation... Ils sont de pire en pire. Plus le temps passe, pire ils sont... Maintenant je m'imagine que si je n'ai pas de nouvelles c'est tout simplement parce que tu es mort, dans un fossé, au milieu de nul part et qu'on a pas encore retrouvé ton corps... Que c'est pour ça qu'on ne sait pas... Imagine un peu ma souffrance juste avec ça...

Il n'avait pas besoin d'imaginer sa souffrance si il venait à mourir. Parce qu'il l'avait expérimenté en direct, il y a presque un mois, sur une route de campagne, là où Maya l'avait planté... Elle s'était jetée sur lui, le suppliant de ne pas l'abandonner, de ne pas la quitter. Il avait vu sa souffrance et il ne voulait plus jamais voir une telle souffrance sur son visage, il ne voulait plus jamais qu'elle ait si mal à cause de lui.

Il me faut de nouvelles, j'espère chaque jour en avoir, juste savoir que tu vas bien, que tu es en vie, heureux... Même si c'est loin de moi... J'ai besoin de ça tu comprends, Raphaël Balthazar, j'ai besoin de savoir que tu vas bien pour arrêter de me morfondre... Je fais genre tout vas bien, que peut être on devrait te remplacer, mais dans le fond je n'espère qu'une seule et unique chose : ton retour... Te voir débarquer sur une scène de crime avec un de tes habituels dérapages et me faire une blague ou te lancer dans tes explications interminables.

Écoutes, donne moi juste un signe de vie, s'il te plaît, fais moi ce plaisir. Je sais que tu sais qu'à la seconde où j'ai une information je débarque où tu te trouve, même si c'est à l'autre bout du monde. J'en suis sûre que tu le sais, que je vais débarquer, venir te chercher et essayer de te ramener avec moi, à Paris, reprendre notre collaboration et notre amitié là où on les a laissés. Si tu le veux bien...

"Bien sûr que je le savais. Mais je crois que je ne voulais pas l'admettre..." Et finalement, avant même qu'elle débarque, la décision était prise, il l'aurait suivi pour rentrer à Paris, reprendre son travail avec elle, reprendre leur amitié, et essayer d'avoir plus...

Maintenant c'était elle qui n'était plus là, et lui qui donnerait tout pour la revoir, pour débarquer dans son bureau sans frapper, arriver en dérapage contrôlé sur une scène de crime. Mais ce n'était plus son bureau... Ca n'allait plus arriver... Et il ne pouvait que s'en mordre les doigts... Elle avait fini par lâcher, à juste titre, mais pourtant il voulait croire à une mauvaise blague, un mauvais rêve...

Bon, et bien, voilà pour cette lettre, qui sait, si un jour je sais où tu es, ou si tu reviens, je finirais par te donner ces lettres, pour que tu les lises, que tu comprennes. Mais dans le fond, je sais que non, qu'elles resteront au fond d'un tiroir, qu'elles ne seront qu'un simple exutoire pour une femme qui ne veux pas partager sa peine avec les autres. Une femme qui garde toujours tout pour elle, parce que c'est vrai, je garde tout pour moi, depuis toujours, parce que mes problèmes sont mes problèmes et que je n'ai pas besoin de meler les gens que j'aime à tout ça...

Désolée, je m'étale, c'est stupide. J'espère qu'on se reverra bientôt.

Hélène.

Si la Hélène qui avait écrit cette lettre avait su. Elle avait fini par donner les lettres et Balthazar comprenait désormais la peine qu'elle avait pu ressentir quand il n'avait pas été là. Maintenant c'était à son tour de se morfondre, de ne pas savoir où elle était et de n'avoir qu'une envie, qu'elle revienne... Il ne savait pas depuis combien de temps elle était partie, mais il ne l'avait pas vu depuis le jour où elle l'avait supplié de rester en vie, et pour lui, cela était déjà très long, trop long...

Il continua son schéma, prenant la lettre suivante dans le but de la lire. C'était idiot, mais en lisant ces lettres il avait une impression de proximité avec Hélène... D'avoir un accès véritable à son cœur. Cœur qu'il avait tant blessé, écorché, brisé depuis son retour de Bretagne.

Il savait, du moins, il se doutait que maintenant, les lettres allaient toutes être après son retour, quand ils s'étaient rapprochés, bien plus que de raison, et qu'ils avaient fini par se brûler. Lui avait tout ruiné, il n'avait pas essayer de comprendre réellement où elle en était, ce qu'elle pouvait ressentir...

Il se perdait dans ses pensées, oubliant la lettre dans ses mains. Il ne pensait qu'à Hélène, qu'au mal qu'il lui avait fait, qu'aux souffrances qu'il lui avait infligés... Et finalement, il se disait qu'elle avait eu raison de partir, de le laisser. Enfin elle pensait à elle, elle se mettait en premier, et elle arrêtait de trop donner. De toute façon elle lui avait bien trop donner... Beaucoup plus qu'il ne le mériterait jamais...


Et voilà.

Pour la semaine prochaine, je ne pourrais pas poster Dimanche à 17h. Je posterai bien Dimanche mais dès que je peux, ce qui risque d'être autour de 20h.

Kiss 

Les Lettres de Mon CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant