Chapitre 4 - Duplicité

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Lorsque je me suis levé ce matin-là j'étais très fatigué et je n'avais pas le goût d'aller travailler. Je suis allé dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage, habituellement l'effet est spontané.

Pas cette fois, c'est alors que j'ai dit à voix haute:

Par pitié aidez-moi.


Puis quelque chose d'étrange s'est produit, mon reflet dans la glace a posé sa main gauche sur la vitre et m'a fait signe de reproduire le geste de mon côté. Je ne pouvais pas y croire, est-ce que la fatigue me joue des tours ?

J'ai baissé la tête et lorsque je l'ai relevé, il avait repris sa place. J'ai poussé un soupir de soulagement. J'ai séché mes mains et je suis sorti de la salle de bain, ensuite je me suis dirigé vers la chambre lorsque j'ai entendu quelque chose frapper contre une vitre.

J'ai d'abord cru que c'était un oiseau qui avait percuté la fenêtre du salon, comme cela arrivait quelques fois mais il n'y avait pas l'ombre d'une carcasse par terre. Puis j'ai entendu frapper à nouveau ce qui a eu pour effet de me faire sursauter.

J'ai marché d'un pas lent vers la salle de bain, je me voyais au loin au travers du miroir. Mon double me faisait signe d'approcher. J'étais terrifié mais je me suis tout de même dirigé vers là. Il a remis sa main gauche contre la vitre et moi la droite contre la sienne.

Ensuite un phénomène inexplicable s'est produit, sa main a agrippé la mienne et je l'ai tirée à l'extérieur de la pharmacie. Puis on s'est retrouvé un en face de l'autre, je l'ai exploré de la tête au pied, toutes les blessures et cicatrices étaient présentes.

Même si je ne voulais pas le croire, je ne pouvais pas nier qu'il était là. J'ai décidé de lui parler.

Salut.

Salut.



Même sa voix était pareille. J'ai continué la discussion.

C'est dément, pourquoi es-tu là.

Je suis là pour t'aider, tu vas pouvoir te reposer aujourd'hui, je vais aller travailler à ta place.


Je n'ai pas refusé son offre, je me suis fait un café et j'ai pris place sur le divan. Pendant que je regardais la télévision, j'observais ses faits et gestes du coin de l'œil. C'était hallucinant, je me croyais dans un épisode d'au-delà du réel.

Il s'est habillé, a pris les clés de la voiture et est parti, juste avant de fermer la porte derrière lui. Il m'a dit:

Reposes-toi bien.


Je lui ai fait un signe de la tête et je suis retourné à mon occupation principale qui consistait à ne rien faire. J'ai pris une douillette et me suis emmitouflé à l'intérieur. Tranquillement mes paupières se sont refermées et je suis retourné au pays des rêves.

Lorsque j'ai ouvert les yeux, l'horloge de la cuisine affichait quinze heures, c'est alors que j'ai commencé à angoisser. Si j'avais imaginé tout ça ? Ne pas se présenter au travail et ne pas appeler pour annoncer son absence est une faute grave.

J'ai regardé vers mon cellulaire et j'avais manqué un appel en provenance du bureau. Je m'imaginais déjà en train de ramasser mes affaires pour les placer dans une boîte puis je me suis ressaisi. J'ai vu qu'il y avait un message dans la boîte vocale, je l'ai écouté et il disait:

''

Bonjour Henry, c'est Pierre, ton patron. je voulais te dire que tu avais fait un excellent travail aujourd'hui. ''

J'ai poussé mon deuxième soupir de la journée et j'ai entendu des pas dans le couloir, ils se dirigeaient vers ma porte. La poignée s'est tournée et il a fait son apparition. Il m'a dit:

Non, tu n'avais pas halluciné !


J'étais content de le voir mais en même temps, je me demandais comment j'allais faire pour m'en séparer. C'est alors qu'il a ajouté.

Ne t'inquiète pas, je vais partir d'ici la fin de la journée !


Il entendait ce à quoi je pensais et je n'étais plus tout à fait sûr que sa présence était bénéfique. Je me sentais de trop dans la pièce et je n'étais pas à l'aise de lui demander de quitter immédiatement. De son côté, il ne semblait pas y avoir de problème.

Il m'a raconté sa journée dans les moindre détails et m'a dit qu'il s'était bien débrouillé et j'ai dit inconsciemment:

Je sais.

Pourquoi le patron a appelé ?


Il lisait en moi je ne pouvais rien lui cacher alors il a esquissé un sourire et a dit:

Mieux que toi ?


Je n'ai rien dit, je ne voulais pas alimenter cette discussion. C'était moi le vrai Henry, lui n'était qu'un simple reflet. C'est alors qu'il a levé sa main et a dit:

Ne t'en fais pas, on est la même personne.



J'ai mis ma main contre la sienne et il a ajouté :

Ce n'est pas comme si je te remplaçais !


Ma main a commencé à s'effacer tranquillement puis mon bras a disparu à son tour. Pendant ce temps, lui il me souriait et me fixait dans les yeux sans bouger et juste avant de devenir complètement invisible...

Il est l'heure de dormirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant