J'étais debout devant un immeuble que je connaissais et ce n'est pas peu dire. Rien n'avait changé, le terrain devant la fenêtre du salon, la côte de ciment où l'on déferlait à bord de notre BMX. Même si cela paraissait plus que réel, certains aspects m'indiquaient que j'étais dans un rêve car les arbres étaient à la même hauteur que dans mon enfance et la décoration à l'intérieur de notre logis semblait être la même.
J'ai ouvert la porte qui donnait sur le hall d'entrée, ensuite deux choix s'offraient à moi, descendre au sous-sol où se trouvait les casiers de rangement ou ouvrir une autre porte. Celle-ci menait aux appartements. J'ai décidé de l'ouvrir pour aller voir l'état du mien. Une fois cette action complétée j'ai tourné les talons de quatre-vingt dix degrés pour être face à la première porte.
J'ai levé les yeux, il était inscrit cent-quatre, ensuite j'ai mis ma main sur la poignée et je l'ai tournée tranquillement. J'ai ouvert la porte et lorsque je l'ai fermé derrière moi, j'étais de retour à l'entrée de l'immeuble. Je devais jouer à un jeu, un jeu que je détestais mais je n'avais pas le choix. Je devais trouver l'issue qui me permettrait d'être à nouveau à l'extérieur.
J'ai fait les quelques pas qui menaient à la porte, je l'ai ouvert et j'ai tenté ma chance une deuxième fois. Sans succès car j'étais à nouveau sur le tapis de couleur marron qui ornait le sol à l'entrée de l'édifice. J'ai regardé en direction du sous-sol mais je considérais ce choix, comme ma dernière option, parce que j'ai toujours eu peur dans ce sous-sol, peur que quelqu'un bondisse de nul part pour s'en prendre à moi.
J'ai ouvert la porte de vitre et me suis dirigé vers celle des voisins. J'ai essayé de l'ouvrir mais elle était verrouillée donc j'ai continué de marcher, si je ne me trompais pas l'allée formait un z et l'autre extrémité menait à l'extérieur. J'ai tourné le premier coin, j'ai marché quelques mètres de plus et j'ai fait un virage vers la droite. Une silhouette se tenait au fond du couloir, je n'arrivais pas à l'identifier parce qu'elle était dos à moi.
La personne regardait ce qui se passait dans la cour arrière. Je me suis avancé tranquillement puis il a commencé à se retourner, c'était le bonhomme sept heures, un vieillard qui n'aimait les enfants et qui nous terrorisait au plus au point. Sans hésité je suis revenu sur mes pas, ma cadence était plutôt rapide et a accéléré lorsqu'il a dit:
- Heille toé, j'ai quelque chose à te dire.
J'ai couru jusqu'à chez moi, comme je l'aurais fait à l'âge de huit ans. Puis j'étais de retour à la case départ. Qu'est-ce qui m'échappe ? Normalement je finissais par trouver la solution ou je me réveillais en sueur dans mon lit. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis descendu au sous-sol, j'ai ouvert la lumière et j'ai avancé dans l'allée.
Je voyais où je déposais les pieds, par contre je ne voyais pas ce qui se cachait dans les box de rangement. Auparavant ce chemin m'aurait mené à l'autre immeuble mais pas aujourd'hui. J'ai fait les cent pas mais il n'y avait aucune issue. Je commençais à être de plus en plus anxieux et apeuré, j'avais l'impression d'être une proie facile pour n'importe quel spectre qui voudrait ressurgir du passé.
Je suis remonté en haut, je n'avais pas le choix je devais affronter l'octogénaire, c' était la seule façon de m'en sortir.
J'ai longé le couloir, tourné un coin puis l'autre et il était encore là face à la fenêtre. J'ai crié:
- Heille vieux ramassi de botch de cigarette.
Il s'est retourné et s'est mis à marcher d'un pas plus rapide que je ne le croyais, tout le courage que j'avais assemblé s'était envolé, j'ai fermé les yeux et attendu qu'il me heurte. Mon cœur était sur le point de sortir de ma poitrine lorsque le silence est revenu.
J'ai ouvert les yeux et il n'était plus là. J'ai marché en direction de la sortie, je n'osais pas me retourner. J'ai ouvert la porte et lorsque je l'ai refermée derrière moi, j'étais de retour à la case départ. J'ai décidé de ne plus bouger, jusqu'à ce que je me réveille, évidemment c'était trop facile. J'ai vu une ombre au travers de la porte de verre et elle grossissait.
Je suis allé me placer derrière pour empêcher le vieil homme de m'atteindre mais il n'a rien tenté. Il resté telle une statue figée derrière la porte à m'attendre. Je n'arrivais pas à le voir, car la vitre était givrée mais je savais qu'il était là.
Je ne savais plus quoi faire, j'étais paralysé, terrorisé, effrayé mais pas assez pour me réveiller. J'ai monté les quelques marches qui me séparaient de l'entrée et j'ai ouvert la porte et c'est alors que...
... je me suis réveillé.
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Il est l'heure de dormir
Ficção GeralVous savez j'ai longtemps eu peur du moment où il fallait fermer les yeux. Je faisais tout pour l'éviter, j'ai même essayé de tout effacer de ma mémoire une fois que le soleil se levait mais les rêves qu'on a enfoui ne reviennent que plus traumatisa...