Chapitre 12 - La pénitence

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Lorsque j'ai ouvert les yeux j'étais debout devant la pharmacie où on allait habituellement quand j'étais jeune.

J'y suis entré et je me suis dirigé tout au fond. Là où était situé le comptoir des prescriptions. Je n'ai pas eu à prononcer un mot car l'employé m'avait reconnu.

. Elle m'a simplement dit d'aller de l'autre côté pour récupérer la commande faite par mes parents.

J'ai obéi sans broncher, pour moi aussi c'était du déjà vu. J'entrais dans ce commerce une fois par semaine, quatre fois par mois et 52 fois par an. Arrivé de l'autre côté, j'ai sorti l'argent de ma poche et j'ai attendu qu'on m'appelle. Cinq longues minutes se sont écoulées et j'ai entendu le nom de ma mère.

Je suis allé à la caisse et j'ai payé. Ensuite je me suis dirigé vers la sortie, juste avant d'ouvrir la porte j'ai fait marche arrière et mon regard s'est tourné vers un sac de croustilles. Puis une idée m'a traversé l'esprit.

(Et si je le volais)

J'ai pris le sac et je suis retourné dans les rangées. Il fallait que je le cache sous mon manteau puis que je reparte en douce. C'était pas la première fois que je commettais ce genre de délit mais ici c'était différent, il y avait des miroirs au plafond et j'avais l'impression que tous les regards étaient rivés sur moi.

Ça faisait plusieurs minutes que je tournais en rond mais j'ai fini par exécuter mon plan. J'ai ouvert la porte pour sortir lorsque j'ai entendu une voix derrière mon épaule.

- Excuse-moi !

Je me suis retourné et un agent de sécurité se tenait debout devant moi. Je m'étais fait prendre et je ne savais plus quoi dire alors il a continué.

- Peux-tu me donner ce que tu as caché sous ton manteau ?

J'ai sorti le sac, ensuite il m'a demandé de le suivre. Une fois assis dans son bureau, il a commencé par me dire qu'il pourrait appeler la police ou mes parents mais c'est lui qui choisissait à condition que j'avoue mon crime et que je le regrette. J'étais pétrifié par la peur, aucune des deux propositions ne me tentait.

- Je regrette Monsieur c'est la première fois et je recommencerai plus je vous le promets.

Je suis un très bon comédien, parce que ce n'était pas la première fois mais je me suis dit que j'avais peut-être une chance de partir par mes propres moyens. Il m'a regardé et a attendu quelques secondes avant de dire:

- Si tu promets de ne plus mettre les pieds ici les mois qui suivront, je vais contacter tes parents.

- C'est promis.

Il a pris l'acoustique de son téléphone et a composé le numéro qui était indiqué sur la facture des médicaments. J'espérais que ça ne réponde pas mais quelqu'un a décroché .

- Bonjour, je suis l'agent de sécurité de la pharmacie Jean Coutu, j'ai pris votre fils Henry en train de voler, pouvez-vous venir le chercher ?

Je me sentais très petit dans mes souliers et tout ce que je voulais c'était de disparaître un moment. L'homme est resté là sans bouger ni parler de longues minutes jusqu'à ce que son téléphone se mette à sonner. Il l'a décroché à nouveau et a dit

- J'arrive.

J'ai commencé le mouvement pour me lever mais il a dit d'un ton autoritaire:

- Ne bouge pas d'ici, je reviens.

C'est à cet instant que je me suis mis à prier:

(Faites que ce soit ma mère, je vous en prie Dieu.)

Quand j'ai entendu les pas dans le couloir j'ai fermé les yeux et la voix de mon père s'est élevée.

- Je vous promets qu'il ne recommencera pas de sitôt.

Il m'a regardé et j'ai ressenti une peur effroyable. Je voyais le petit garçon en moi qui pleurait toutes les larmes de son corps. Il m'a dit d'un ton sec et agressif :

- Suis moi.

Je l'ai fait. J'ai marché derrière lui la tête basse sachant que le pire était à venir. On est sorti du commerce et tout est devenu noir. Puis j'étais de retour devant la pharmacie.

Je ne voulais pas revivre ça alors j'ai tenté de faire marche arrière mais je ne contrôlais pas mon corps.

Est-ce que je le maîtrisais la fois précédente ?

Je ne sais pas.

J'ai eu un rappel de l'épisode précédent, la dame au comptoir, l'agent de sécurité, ensuite mon père. Je n'ai rien dit du tout et je ne contrôlais rien. Était-je condamné à revivre les mêmes émotions en boucle ? Est-ce que ça allait être plus facile la seconde fois ?

Je suis entré dans la pharmacie et je me suis dirigé vers le fond. Là où était situé le comptoir des prescriptions. Je n'ai pas eu à prononcer un mot car l'employé m'avait reconnu. Il y avait quelque chose dans ces yeux d'anormale, j'étais hypnotisé. Ces lèvres ne bougeaient pas mais je l'ai entendu me dire ces mots:

(Tu te trompes Henry cette fois va être pire que la précédente)

Elle a frappé si fort sur le comptoir que je suis sorti de la lune.

- Va de l'autre côté sale brigand.

Cinq longues minutes se sont écoulée et j'ai entendu :

- Le fils indigne de madame Patenaude est demandé au comptoir.

Je me suis approché et elle m'a lancé le sac au visage. Mon cœur a commencé à battre de plus en plus vite mais ce n'était pas à cause d'eux, c'est la réaction de mon père que je craignais par-dessus tout. J'ai essayé de convaincre mon corps de ne pas commettre le crime mais en vain. J'ai franchi la porte et un frisson m'a parcouru le corps.

C'est à ce moment que je...

Il est l'heure de dormirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant