Chapitre 4: Clair-Obscure

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"Chacun de nous est une lune, avec une face cachée que personne ne voit"

Marc Twain


Je me souviens que ce jour ci, il y avait eu une tempête horrible sur tout Lille, et que ma mère avait voulu à tout prix que je reste a la maison tant elle avait peur que je me fasse écraser par la puissance des eaux. Et ce jour la, j'étais de mauvaise humeur alors je lui ai une fois de plus mal parlé et je suis sortie en faisant la tronche.

Je vous jure que quand je revois ces images de mon adolescence, j'ai envie de revenir dans le passé et de me ficher 3 paires de gifles, mais bon, passons.

Quoi qu'il en soit, je crois que j'avais atteint ce jour là un taux d'attitude sexy jamais atteint jusqu'alors, car il ne fallut pas 3 secondes pour que tous les lycéens se retournent sur mon passage quand je suis arrivée dans l'encadrement du hall

"Bah alors Ju'! On a pris l'eau?

C'était très drôle d'entendre ça de la bouche de Tiphaine puisqu'elle même avait le même charisme qu'une serpillière, ses cheveux blonds éparpillés autour de son joli visage comme une pelote de laine trempée. Elle venait au lycée en vélo, et j'admirais sa motivation à venir en cours qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il y ai une chute de météorites. Moi des que je me cassais un ongle j'étais prête à inventer un prétexte pour rester au chaud chez moi.

" On dirait que je ne suis pas la seule, ai-je souri en l'approchant d'elle, où sont les deux autres?

-Agathe ne vient pas, et Marina est dans les embouteillages, a ri Tiphaine en s'asseyant devant le bureau du CPE, des écouteurs dans les oreilles

J'haussai les sourcils en entendant que ma meilleure amie n'allait pas montrer le bout de son nez pour la journée. Sachant qu'elle habitait a 5 minutes de chez moi, le calcul était vite fait: Agathe était une sale lâcheuse. Soupirant, je regardai autour de moi et constatai qu'une grosse partie des premières et des secondes étaient réunis dans le hall. C'était une tradition chez St Marc: quand vous deviez rendre un papier ou que vous aviez une question auxquels personne n'avait de réponses, vous étiez automatiquement envoyé chez le guichet du hall, juste en face du bureau de Taylor et de moi. Évidemment, c'était parfaitement inutile, et vous restiez à poireauter 3 heures dans la queue pour vous faire envoyer balader, mais personne n'avait vraiment le choix.

Baissant les yeux, je laissai échapper un sourire quand je vis mon amie étendue sur le carrelage en dansant à moitié sur le rythme de sa musique.

Tiphaine était la première partout: en sport, en art, en études, en langue extraterrestre et en spiritisme amérindien. Et parce qu'elle savait tout faire elle énervait tout le monde, ce qui fait qu'une grosse partie des abrutis de 16 ans la prenaient pour une petite sainte nitouche sans intérêt ou pensaient lire dans ses pensées en un regard.

Or, moi qui avait appris à ne jamais juger quiconque j'avais vite vu que sous ses queues de cheval, ses grandes lunettes et ses chemises à carreaux se cachait une psychopathe pleine de sensibilité, et qui la plupart du temps faisait des conneries tout en gardant une excellente réputation auprès des profs.

Et je trouvais ça monstrueusement génial.

"Bah alors Juliet, je te fais de l'effet pour que tu me fixes comme ça?

-Non, je me demandais quel plaisir tu pouvais ressentir a t'allonger entre des restes de crachas, de chewing-gums écrasés et de traces de pas, ai-je dit en mettant mes mains dans les poches

-Arg! Tu es dégueulasse, tu sais bien que j'imagine tout moi!, gémit Tiphaine en se relevant vivement

Et regardant sans vraiment voir Tiphaine, je me demandai pourquoi je m'étais tant éloignée de cette fille alors qu'elle réunissait tant de qualités. En fait j'avais complètement oublié que je n'étais pas entourée que de primates immatures et que de petites perles existaient en dehors d'Agathe et de Ruby.

Ecrits d'une Ex-LooseuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant