Chapitre 5: Réminiscence

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« Lorsque ton passé t'appelle, ne répond pas, il n'a rien de nouveau à te dire »

Anonyme


J'étais bien avant. J'avais mon petit 16 de moyenne. Tous les profs m'idolâtraient. Je haïssais tout le monde sans raison. On m'aimait bien ou on me foutait la paix. Les jours passaient tranquillement.

Et puis un nuisible appelé Jack est arrivé.

Un nuisible est arrivé et à présent j'étais à attendre dans le bureau de Mr. De la Rosière.

« Je me demande pourquoi nous avons été convoqués, dit Jack avec gaieté en buvant une tasse de thé, je ne suis pas contre le fait de boire du Earl Grey au chaud mais tout de même...

-Quelle question ! C'est évident que c'est encore de ta faute !, me suis-je exclamé en lui jetant un regard haineux

-De ma faute ? Mais qu'ai-je donc fait cette fois-ci ?

-Peut être que tu as picolé hier et que tu m'as forcée à sécher les cours ?, ai-je dit avec humeur

-Allons allons je n'ai pas bu tant que ça, sourit Taylor en s'enfonçant confortablement dans son fauteuil, tu es méchante de me rappeler cet accident lointain

-Hier j'ai dit !

-Ah ! Juliet, Mr. Taylor vous êtes déjà là, je suis heureux que vous ayez étés rapides, dit soudainement De la Rosière en arrivant dans son bureau, je suis assez débordé alors je serais bref

Il avait la mine sérieuse et pourtant je n'arrivais pas à le prendre au sérieux. Son bureau, déjà digne de l'Elysée avec ses têtes d'aigles empaillés, ses horloges de marbre, sa cheminée au goût exquis et sa tapisserie victorienne devenait encore plus ridicule avec le tableau immense de lui-même qui mangeait la moitié du mur. Avec son costume trop petit pour lui, son ventre qui débordait de son pantalon et son air qui aurait rendu Napoléon tout humble, le portrait de Mr. De la Rosière aurait rendu n'importe quel enterrement digne d'une soirée à Ibiza.

Cependant, l'heure n'était pas à rire, et me mordant la joue, je me forçai à porter mon attention sur le discours de notre cher et tendre directeur

-Écoutez...depuis les quelques mois où vous vous côtoyez vous avez fait énormément pour notre établissement...vous faites un travail de qualité et je suis ravi que vos relations soient aussi bonnes...

Je ne pu retenir une moue dépitée en entendant le « vous ». Jack quant à lui avait un sourire ravi, et je me doutais qu'il devait danser la polka intérieurement en entendant chanter ses louanges.

-...Cependant, bien que je doute que ces bruits soient faux, certaines rumeurs sont remontées jusqu'à moi et je vous avoue que je suis inquiet...

-De quoi parlez-vous ?, dis-je avec mauvaise humeur

-Et bien...il paraîtrait...c'est assez délicat à dire...

-Rien n'est délicat voyons, sourit Jack, son ton guilleret contrastant avec mon air de condamnée à mort, laissez-nous vous rassurer, quel est donc le problème ?

-Hum...bon, je vais être direct : on m'a rapporté que vous auriez une relation amoureuse

A cet instant, je fis une crise cardiaque foudroyante et je ne bougeai plus sur mon siège, la bouche grande ouverte et la bave aux lèvres. Jack et Mr. De la Rosière se sont levés à l'unisson ; le directeur a appelé les secours, Jack a effectué un massage cardiaque, a crié mon nom, m'a giflée, mais rien n'a eu d'effet sur moi. Ce 4 février 2015 je mourrai dans le bureau du directeur.

Ecrits d'une Ex-LooseuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant