8 mois plus tard, maison de redressement pour mineurs de Valenciennes...
Le psychiatre de la maison s'impatientait, tapotant rageusement sur sa table en regardant sa montre. Cela faisait à présent 15 minutes qu'il attendait son patient, mais elle ne venait décidément pas.
Ce n'était pas la première fois, et les manières de cette gamine commençaient à l'exaspérer, même s'il s'agissait de son travail. Ce sentiment d'agacement ne venait pas sans raison, puisque depuis le début de l'internement de cette fille, aucune amélioration n'avait été observée.
Il avait été presque excité, au début, en entendant dire qu'il allait suivre le cas de cette Juliet Monroe. Les médias s'étaient jetés sur l'affaire comme des vautours sur une carcasse : le fils de Gerald Taylor avait été assassiné de sang froid, à bout portant en pleine rue.
Cela montrait l'état de déséquilibre complet où se trouvait la jeune fille.
Mais aujourd'hui, trop c'était trop ! Le médecin se leva alors brusquement de son siège et sortant de son bureau, il faillit écraser au passage la porte sur le nez d'une intervenante.
« Et bien ! Elle va arriver Juliet ?
-C'est à dire...docteur..., bafouilla la jeune femme, elle est encore en pleine...crise vous savez !
-De nouveau ? Cela arrive tous les jours maintenant !, fit le médecin avec lassitude, suivant l'animatrice d'un pas rapide
-Oui...
Tous deux marchèrent à travers la maison sans rien dire de plus. Il fallait dire que ce genre de cas restait unique dans son genre : c'était un parfait cas de refoulement, tel que le décrivait Freud. Quand l'esprit humain demeurait incapable de supporter un fait s'étant produit dans le passé, il va enfouir ce souvenir au plus profond du subconscient, et ainsi effacer l'événement de la mémoire du sujet. Accompagné de ça, des délires et une mort psychique s'avançant à petits pas.
Les espoirs de guérison étaient maigres.
Les deux adultes traversèrent la coure, et passant devant les hauts bâtiments de pierre et les grillages, ils s'arrêtèrent devant l'arbre devant lequel Juliet avait pris l'habitude de se rendre, quand elle était prise de ces pulsions hallucinatoires. Assise, le médecin la voyait remuer la bouche, la mine joyeuse, ses genoux repliés contre sa poitrine
-Que devons-nous faire docteur ?, demanda la jeune femme en chuchotant
-Laissez-moi faire, soupira l'homme en remontant ses lunettes, il ne faut pas la brusquer
Quand celui-ci s'approcha à pas de loups, les propos de la jeune fille lui parvinrent plus distinctement. Ils étaient toujours les mêmes, et toujours prononcés avec ce même enthousiasme
«...en penses Ruby?Tu crois que je devrais me changer en nonne ? Remarque je crois qu'aucun ne supporterait le choc ! Quoi ? Comment ça je raconte n'importe quoi ? Ça pourrait être drôle non ?
Se glissant derrière elle, le psychanalyste remplit sans bruit sa seringue d'un geste mécanique. Il commençait à croire que les antipsychotiques n'avaient aucun effet sur cette jeune fille tant elle persistait à refuser les morts des ses proches. Comment pouvait-on souhaiter à ce point rester affronter dans une fausse réalité ? Même à cet homme qui connaissait l'esprit humain comme sa poche, cette interrogation n'avait pas de réponse.
« Jack est toujours en train de se moquer de moi de toute façon. Il n'y a qu'à regarder son visage !, bougonna Juliet, sans sembler voir le professionnel, debout près d'elle, oui, c'est bien de toi que je parle idiot !
Sans plus prendre de précautions, le médecin introduisit l'aiguille dans le cou de sa patiente et Juliet eu un sursaut de surprise avant de se détendre lentement, ses yeux se refermant à moitié. Soulevant la jeune fille du sol, le docteur la conduisit jusqu'à sa chambre en soupirant.
Il aurait souhaité que cette pauvre gamine ne se trouve jamais entre ses murs. Il y avait des personnes qui n'avaient rien à faire avec les mauvaises graines.
Même dans un demi-sommeil, Juliet poursuivit dans un dernier soupir, un vague sourire aux lèvres
« Tout va mieux à présent...Bylal, Jack, Ruby... je suis une Ex-Looseuse maintenant!...
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Ecrits d'une Ex-Looseuse
Teen FictionLe monde de l'adolescence est l'endroit parfait pour les cons. Pour nous, les parents, les profs, les élèves de notre lycée, les passants, le chien de nos voisins, le poteau qui nous a ralenti ce matin quand nous courrions derrière le bus sont tous...