Écouter Tiphaine

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Tremblante, je cherchai en vain à presser la détente mais rien n'y fais, je ne pouvais pas.

Je ne pouvais pas le tuer. Je ne pouvais pas tuer Jack.

Ruby...Bylal...je suis désolée, je ne peux pas vous venger...

Alors, n'ayant plus rien dans mon esprit qu'une douleur amère, je portai le canon du revolver contre ma tempe, levant mes yeux embués de larmes vers le ciel. Je ne pouvais vivre en ce monde avec un fardeau aussi lourd à porter. Je n'étais pas assez forte...

« NON !!

Brutalement, je me retrouvai projetée en arrière, et un bras de fer intense s'engagea entre Jack et moi, nos mains recroquevillées sur l'arme à feu. Nous roulâmes sur le trottoir et finalement, après de longs instants de cris, de larmes et de résistance acharnée, le pistolet m'échappa des mains et partit s'écraser plus bas, partant au-dessus du pont. Abasourdie, je restai alors étendue sur le sol, Jack assis sur mon bas-ventre, à bout de souffle, alors que je sentais mon esprit s'envoler loin dans le ciel orageux. Je n'en pouvais plus...

« Non...non pitié ne fais jamais, jamais ça... !

Je sentis des mains glacées passer sous mes cheveux et me redresser pour me retrouver sous le regard douloureux de Jack. Les larmes dévalant ses joues, il secoua la tête, et caressant doucement ma nuque, il murmura avec un chagrin infini

« Ce n'est pas toi Juliet qui doit mourir, plus que personne tu dois vivre !!...

Je me mis alors à le fixer, un voile étrange couvrant mes yeux, donnant l'impression que je ne le voyais pas vraiment. Cet homme m'avait donné un bonheur indéfinissable. Une sensation de vivre, même si ce n'était qu'un instant, l'impression d'être quelqu'un, de nouveau.

Et par égoïsme, par l'égoïsme de quelqu'un qui tient à quelqu'un d'autre, je ne peux prendre sa vie alors qu'il m'a rendue la mienne. Alors, je le frappai de toutes mes forces, au point qu'il s'écrasa au sol sans un cri, et le regardant à travers mes larmes, je murmurai, massant mes phalanges endolories

« Voilà...tout ce que tu mérites...pauvre tâche !!

Jack resta quelques instants à me regarder d'un air hagard, allongé par terre, ses cheveux corbeau tout ébouriffés, ses vêtements défaits. Il n'avait jamais eu l'air aussi honnête qu'à cet instant.

Et au moment d'après, nous nous jetâmes dans les bras l'un de l'autre, nous serrant l'un contre l'autre à nous étouffer. Mon choix était criminel, mais c'est celui que j'avais choisi.

J'avais pardonné Jack Taylor.


5 ans plus tard...


Voilà tout le récit que j'ai à vous faire de cette période obscure de mon adolescence. Après cela, Jack a quitté St Marc, mais nous sommes restés très proches. Sans doute bien plus proches qu'avant.

Je n'ai plus jamais eu de nouvelles d'Arnaud, et je crois que je n'en aurais sans doute plus jamais, mais c'est peut être mieux ainsi. Nous n'avions pas les mêmes visions de ce que pouvait être « un nouveau départ ». J'ai passé mon baccalauréat avec mention très bien, et je suis à présent en 3ème année à Science Po Paris en compagnie de Tiphaine. Je suis devenue un peu plus sociable, même si les relations humaines ne sont toujours pas mon fort, et j'arrive à marcher dans les rues sans soupirer. Je vis en collocation avec Agathe, et Jack est resté mon voisin proche, me suivant à Paris pour travailler avec son frère Lucas dans une société géré par Taylor Factories.

Après tous ces événements, j'ai poussé Jack à se lier de nouveau avec sa famille, et il ne fallut pas plus que ça pour que ses parents lui parlent de nouveau. C'est amusant, qu'un conseil pareil vienne de moi, mais je suppose que Jack a eu une bonne influence sur moi.

Petit à petit, la boulimie a quitté mon quotidien, l'alcool a quitté celui de Jack. Naturellement.

Nous avons été détruits ensemble, et nous nous reconstruisons ensemble.

Je suppose que je peux à présent clore ce récit ainsi : Je suis une Ex-Looseuse.

Ecrits d'une Ex-LooseuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant