Chapitre 17

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Nicole n'avait pas quitté ses appartements depuis plusieurs jours. Son état physique était le reflet de ce qui se passait dans sa tête. Une grande fatigue générale l'avait gagnée. Totalement apathique, elle passait ses journées à ruminer, cherchant dans les souvenirs de son enfance des indices, des évènements qui aurait pu lui confirmer ce que lui avait révélé Stéphane.
Évidemment elle avait premièrement rejeté ces paroles, il mentait. Mais en y réfléchissant, que ses parents aient refusé leur union semblait donc logique et confirmait qu'elle n'avait pas été folle de croire en l'attachement de Stéphane. Et quel intérêt aurait-il à lui raconter pareils mensonges ?
Et que dire de son acte de naissance plus que suspect ?
Depuis, elle avait eu envie de courir chez ses parents et les confronter mais elle avait tellement peur. Peur de la vérité. S'ils confirmaient ce qu'avait dit Stéphane, cela deviendrait réel et ça, elle n'y était pas prête.
Vers qui se tourner ? Personne.

-Tu n'as même pas touché au plateau que t'as apporté Olga.

Nicole n'avait entendu Marine ni toquer, ni rentrer, trop absorbée dans ses pensées.

-Non, je n'arrive à rien avaler ce matin encore.

C'était bien simple, elle rendait quasiment tout ce qu'elle réussissait à ingérer.
En rentrant de chez sa belle-soeur, sa cousine l'avait trouvé ainsi, amorphe dans sa chambre et Nicole n'avait même pas essayé de donner le change. Son masque de dignité impossible à remettre, elle semblait réellement désespérée.
Marine vint s'asseoir à côté d'elle sur le lit et prit doucement sa main.

-Écoutes, j'ai fait appeler mon médecin, tu ne peux pas rester dans cet état.

-Oh Marine tu sais, ce n'est peut-être pas nécessaire.

Elle ne pouvait pas lui dire la raison de son mal être.
On frappa à la porte et elle se redressa dans son lit, devinant que le médecin était déjà là.
Marine l'accueillit et il s'approcha de Nicole qui lui adressa à peine un regard. Il examina ses yeux rougis, sa langue, l'intérieur de ses oreilles, lui palpa le ventre et posa des questions sur son appétit, ses nausées ainsi que sur des douleurs éventuelles.
Le docteur griffonnait toutes ses observations sur un carnet, sans prêter attention aux jeunes femmes.

-Et bien madame, prévenez votre mari, vous êtes sans nul doute enceinte. Pour les nausées, je peux vous...

Marine avait fait un bond du fauteuil, les yeux écarquillés.

-Avec tout le respect que je vous dois, vous devez faire erreur Monsieur Larry. Ma cousine, Mademoiselle Dambreville n'est pas mariée.

Nicole n'écoutait plus, n'entendait plus. Elle revivait à toute vitesse ces derniers mois.

-Vous en êtes certain ? Lâcha-t-elle.

Marine se stoppa dans son argumentaire tandis que le médecin, la mine désolée, lui fit un signe de tête.

-Mais comment ça ? Nicole !

Marine sembla se reprendre un instant et raccompagna le médecin à la porte, tout en lui faisant promettre le silence absolu.
Quand elle revint auprès de Nicole, celle-ci n'avait pas bougé, assise au bord du lit, fixant toujours la fenêtre en face d'elle.

-Nicole, qu'est-ce donc cette histoire ? Enceinte ? Mais de qui ? Tu as un amant ! Qu'est-ce qu'il t'a pris ?

Les yeux de Nicole se brouillaient. Cela ne pouvait être pire.

-Je sais, je te l'ai conseillé mais je n'étais pas sérieuse. Bon sang !

-Marine, commença la jeune femme, je...elle déglutit péniblement, je suis..

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