Une semaine après la réception des fiançailles, Nicole évitait toujours le plus possible de sortir de chez Marine. Sa cousine avait réussi à la traîner en ville une seule fois, avec pour prétexte qu'il était suspect pour elle de se terrer ainsi.-Tu vas te marier à un Duc, tu devrais être la plus heureuse en ce monde et te pavaner devant toutes ces coquettes !
Et c'est juste après lui avoir dit cela, entre deux rayonnages de chapeaux que Madame Tardes et Madame Laly leurs étaient littéralement tombées dessus.
-Nicole, s'était exclamé la première. J'ai appris la nouvelle de vos fiançailles. Par contre, je ne suis pas sûre du reste.
-La rumeur court que c'est avec le Duc Norrington, l'avait coupé la seconde, l'air excité. Ca ne peut être cela, Paris a encore fabulé.
Voilà ce qu'elle craignait. Avec un sourire de façade, Nicole opina.
-Les rumeurs disent vraies Eleonore. Je me marie avec le Duc.
Ses deux interlocutrices avaient écarquillé les yeux et ouvert la bouche, semblables à deux poissons morts.-Et bien..., avait commencé l'une d'elle en détaillant Nicole des pieds à la tête. J'espère que ce n'est pas par obligation que..
-Qu'insinue tu ? était intervenu Marine qui avait vu le regard de Catherine Tardes s'attarder sur la taille de Nicole. Nous nous marions toutes par obligation.
La curieuse avait secoué la tête.
-Oui bien sûr. Je n'insinue rien, évidemment. Nous venions prendre des nouvelles de notre amie.
-Vous veniez à la pêche aux ragots, avait assené Marine.
En signe d'apaisement, Nicole avait posé sa main sur le bras de sa cousine mais la joute verbale n'en était pas restée là car Eleonore ne s'était pas démontée.
-Il faut bien s'occuper, ma chère Marine. Et puis, il me semble que toi aussi, tu es plutôt friande des commérages. A condition que cela ne concerne ni toi, ni tes proches.
-Je ne fais jamais de suppositions hasardeuses pour ma part.
Les deux femmes s'étaient encore jaugées du regard quelques secondes et puis Eleonore s'était tourné vers Nicole, un sourire sans joie aux lèvres.
-Toutes mes félicitations pour ton mariage ma chère.
Et puis elles avaient disparu aussi vite qu'elles étaient apparues.
Mais aujourd'hui, elles ne flanaient pas dans le but de prouver quoique ce soit. La date du mariage approchait et une affaire importante restait à régler.
Pour cela, une seule adresse, à laquelle, heureusement, elles risquaient de ne croiser personne.-J'attendais votre visite Mesdames, fit une Madame Rosalie plus enthousiaste que jamais.
Les bras ouverts dans leur direction, elle vint les débarrasser de leurs affaires, un grand sourire aux lèvres.
-Béa ! Champagne ! aboya-t-elle ensuite en direction de l'arrière boutique avant de reporter son attention sur ses clientes. Et bien, on m'a soufflé des choses mademoiselle Dambreville...ou devrais-je dire Duchesse de Norrington. En tout cas, sous peu.
Marine éclata de rire en se laissant tomber sur la banquette derrière elle.
-Ah Paris ! Tout va toujours beaucoup trop vite.
-On vous a soufflé la vérité, madame Rosalie, fit Nicole dans un demi-sourire. Je viens donc à vous pour ma robe.
-L'inverse m'aurait chagriné.
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L'art et la manière
RomanceAvait-elle tout imaginé ? La déception, la honte, la colère...Nicole ne sait même plus quel sentiment la domine réellement. Mais il va falloir prendre une décision quant à sa condition. A son âge et avec une petite sœur mariée, les rumeurs vont bon...