Chapitre 14

114 12 0
                                    

-Je ne suis plus si jeune.

Erica siffla entre ses dents.

-Tu as 28 ans Lucie !

-Et mon premier bal remonte à une éternité. Je ne peux plus danser ainsi toute la nuit.

-Moi je ne le pourrais jamais.

-Plus vite tu te marieras et plus vite tu pourras te terrer chez toi comme cela semble être ce à quoi tu aspires.

-Un cercle vicieux en soit !

-Tout à fait, lui sourit Lucie.

Sur la piste Camille dansait avec Stéphane. Tous deux semblaient absorbé dans la contemplation de l'autre mais Nicole ne ressentait plus de nausée à la vue de ce spectacle. Il y avait aussi le Comte qui valsait avec mademoiselle De Fonteneaud, sous les yeux ravis de la mère de celle-ci. Simon, Albert, Richard et Henri avaient quant à eux disparu. Sans doute dans un bordel de Paris ou simplement un endroit moins guindé pour boire et festoyer comme ils aimaient le faire. Lorsqu'ils avaient commencé à chanter à tue-tête au milieu du beau monde, c'est Lucie qui avait dû les rappeler à l'ordre. Depuis, plus de signe d'eux. Nicole enviait intérieurement leur insouciance et Lucie les avait maudit pendant une heure.
Celle-ci tendit sa coupe à peine entamée à Nicole qui fronça les sourcils.

-J'ai constaté que tu aimais ça.

Nicole lui répondit par un sourire sarcastique. En effet, elle avait dû boire presque autant que Marine.

-Moi je vous quitte mes chères cousines.

Nicole but le reste du champagne d'une traite.

-Je viens avec toi, fit-t-elle en faisant mine de bailler. Si tu peux me déposer chez Marine en chemin.

Lucie acquiesça et Nicole fourra la coupe vide dans les mains d'Erica, la bouche ouverte d'incompréhension.

-Tu m'abandonnes ? Oh que c'est vil de ta part Nicole !

-Ne m'en veux pas, je suis simplement exténuée, fit cette dernière en caressant son épaule.

-Et moi je suis obligé de rester aussi longtemps que ma mère gardera espoir...

-Elle en a donc encore ? Gloussa Lucie.

Erica leva les yeux au ciel et Nicole pouffa.

-Partez mégères ! Fuis Nicole, fuis tant que tu le peux.

Oui, tant qu'elle le pourrait, elle jouirait de sa liberté relative, songea Nicole.
Elles deposèrent chacune leur tour un baiser sur la joue d'Erica et s'éloignèrent dans la foule.

-Si tu veux mon avis, tu seras mariée bien avant elle.

Nicole se mordit douloureusement l'intérieur de la joue. Elle espérait seulement que le Duc l'ait vu quitter la salle de bal mais n'osa pas regarder derrière elle.

Dehors, au milieu de la nuit, stationnaient quelques voitures dont la plupart des chevaux et des cochers somnolait. Lucie fit signe à l'un d'eux qui engagea son équipage sur le chemin, vers elles. Elle y grimpa avec l'aide du jeune homme qui accompagnait le cocher puis se fut au tour de Nicole.
Un pied sur la marche et la main sur celle du jeune domestique, elle s'arrêta, le visage songeur.

-J'ai un peu de remords pour Erica.

-La pauvre va être obligée de se cacher ou pire, de danser.

-Hum je ferais bien de rester finalement.

Lucie ricana.

-Oh elle sera plus que ravie de te voir revenir ! Passez une bonne soirée, conclut- t-elle dans un sourire.

L'art et la manièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant