Chap 4

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— Il est l'heure de dîner...

Je râlai un peu contre la personne qui venait de me piquer mon casque et me redressai. Je fus étonné de voir un Cédric à l'air espiègle. Je me demandai ce que me valait ce sourire mais ne pus chercher plus longtemps car il me pressa en m'informant que les parents nous attendaient en bas.

Le repas fut rythmé par des conversations qui portaient essentiellement sur le travail de Cédric mais je n'y participai pas, préférant me dépêcher de manger pour pouvoir remonter. Je semblai être le seul à détecter l'ambiance lourde d'hypocrisie et j'en voulai presque à ma mère et Cédric de ne rien remarquer. De plus, les paroles de Charles tournaient en boucle de mon crâne et je ne supportai pas de le voir faire comme si rien ne s'était passé devant ma mère.

Une fois dans ma chambre, je m'emparai d'un jogging et d'un tee-shirt et allai me doucher. L'eau chaude détendit mes muscles et je réussis à évacuer un peu de la pression accumulée aujourd'hui. Lorsque je fus propre et habillé, je me posai sur le bord de ma fenêtre ouverte et consultai brièvement mes messages sur les réseaux. Je n'avais pas de compte personnel parce que je n'avais pas besoin de me faire davantage d'amis. En effet, Nathan et ses nombreuses péripéties me suffisaient largement. Cependant, j'avais une page dédiée à la photographie, que j'essayai d'alimenter régulièrement. Je fermai l'application au moment où l'on toqua à la porte. Je tentai de l'ignorer, sachant pertinemment que la personne derrière la porte n'était nulle autre que Cédric.

— Laisse-moi entrer.

— Va te coucher, tentai-je.

— Ouvre

Je soupirai et refusai d'obéir. J'avais pensé l'éviter quelques temps, dans l'espoir que cela suffise à son père mais je me savais incapable de l'ignorer bien longtemps s'il se mettait à chercher ma compagnie.

— Tu sais très bien que tu dors mal quand tu es seul alors laisse-moi entrer.

C'était vrai. Depuis tout petit, j'avais pris l'habitude de dormir avec ma mère, ce qui n'était plus possible lors de l'arrivée de Cédric et son père. Il abaissa la poignée pour me donner un petit coup de pression. Je me résignai et quittai le bord de la fenêtre.

— Cédric, je peux pas...

— Je suis dans le couloir, si mon père monte...

J'entr'ouvris la porte avec inquiétude, le laissant entrer. Il eut un sourire et s'assit sur mon lit. Je refermai et me tournai vers lui. Il m'invita à m'asseoir à ses côtés d'un geste de la main.

— Explique-moi.

J'esquivai ses yeux bruns, me demandant si cela n'allait pas m'apporter des ennuis.

— Allez, m'encouragea-t-il à voix basse.

— Ton père, il sait qu'on dort tous les deux ici, il ne veut plus nous voir ensemble. Il ne veut pas que la femmelette que je suis te perturbe... avouai-je, le cœur serré.

— Hey... ne fais pas cette tête-là s'il-te plaît. Tu sais bien qu'il est idiot alors n'y fait pas attention.

— Ce n'est pas seulement ça... il critique Nathan et je ne le supporte pas... Quel meilleur ami je suis si je ne prend même pas sa défense... ?

— Tu veux mon avis ?

J'acquiesçai avec hésitation.

— Je pense que Nathan se fout de ce genre de choses. Il se fiche de l'avis des autres et il sait que tu l'aimes plus que tout alors ne te tourmente pas trop.

Plus que tout. Plus que tout mais pas plus que toi, pensai-je timidement. Mon esprit s'apaisa quand même un peu grâce aux mots du jeune homme et je le remerciai du bout des lèvres.

— Tu veux bien te coucher maintenant ?

— Je sais pas si...

— Mais si puisque je suis là, me rassura Cédric.

Je soupirai et me couchai à un bout du matelas. Cédric éteignit la petite lampe de chevet et rabattus la couverture bleue sur nous. Il me ramena ensuite contre lui et posa sa tête dans mon cou. Je frissonnai à ce doux contact et hésitai à poser ma tête sur son torse plat. Il dut le remarquer car il appuya sur ma joue pour que je puisse m'installer comme je le souhaitais. Je rougis mais réussis à le masquer en cachant mon visage contre son corps chaud. Il caressa mes cheveux d'un air un peu absent te remonta encore la couverture sur nous.

— Tu devrais bien dormir là... murmura-t-il plus pour lui que pour moi.

— Et si ton père nous voyait ? demandai-je avec inquiétude.

— Il part tôt demain et il ne prendra même pas la peine de monter pour venir nous voir.

— Et toi ? Ça ne te dérange pas de rester avec moi ?

— Ne cherche pas les problèmes où ils ne sont pas.

— Tu es sûr ?

— Mais oui. Dors maintenant, et évite de rêver de moi, si tu vois ce que je veux dire.

Je piquai un fard et enfouis un peu plus ma tête dans son tee-shirt fin. Son corps tressauta et il se retint de rire trop fort. L'une de ses mains glissa sous mon propre haut et il me caressa le dos avec douceur. Je finis par fermer les yeux et m'endormis.

Rien ne nous sépareraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant