Chap 7

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Je me précipitais sur mon bureau, attrapant un stylo et me penchant sur mes feuilles, le cœur battant à tout rompre. Charles entra peu après et me jaugea d'un mauvais œil. Je baissais les yeux, lisant la leçon sans même la comprendre.

— Tu as fait tes devoirs ?

— Oui mais je révise encore un peu, répondis-je prudemment.

— On t'appellera pour manger.

Il claqua la porte avant que je n'aie le temps de répondre. Mon téléphone vibra sur le bureau. J'avais un message de Cédric.

— On aurait pu rester ensemble et faire semblant de travailler.

— Ton père se serait énervé s'il nous avait vu ensemble...

Il ne mit que trois petits points en guise de réponse.

— Cédric, je me demandais si tu avais une copine... Tu ne me parles jamais de ça...

— Ce n'est pas quelque chose dont je veux parler avec toi mais non, je n'ai pas de petite copine.

— Un petit copain alors... ?

— On a déjà parlé de ça, je ne suis pas gay.

— Un crush alors ? Tu fréquentes quelqu'un ?

— Qu'est-ce que tu cherches à faire avec toutes ces questions !

— Je veux simplement savoir si j'ai une chance...

— Arrête d'insister ! On ne sortira pas ensemble et je t'ai déjà donné les raisons ! On a cinq ans d'écarts Léo, je suis censé être ton grand frère ! Rien ne pourras rattraper ces choses-là, tu comprends !

Je posai mon téléphone, les mains un peu tremblantes devant la violence du message. Le garçon était vraiment catégorique ? N'y avait-il aucune chance ? Après toutes ces années à l'aimer silencieusement, j'allais devoir me contenter de ça ? Je tirai le rideau et me roulai en boule sur mon lit pour pleurer sur mon sort. Des années que je me contenai en espérant que je pourrai l'embrasser un jour. Il avait été si doux avec moi auparavant... J'ai toujours cru que ça aurait été possible. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce que maintenant, il me faisait souffrir ainsi ? Il dormait avec moi pour m'offrir un sommeil paisible, on riait ensemble, il me déposait en cours, m'aidait pour mes devoirs... Alors pourquoi s'obstinait-il à me rejeter ainsi ? Avec des raisons si futiles ?

Mon cœur se serrait, j'hésitai à appeler Nathan mais me convainc de ne pas le déranger. Je me recroquevillai sur moi-même, le souffle tremblant et essuyai les quelques perles salées qui dégoulinaient le long de mes joues.

Cinq ans, ce n'était rien dans l'histoire d'une vie et puis, j'étais majeur d'en moins d'un an !

Je remontai ma couverture au-dessus de ma tête.

Nous n'étions même frères, nos parents étaient ensemble par arrangement. Ma mère avait voulu me convaincre du contraire pendant des années, avant de comprendre que c'était inutile. Charles était déjà divorcé, il s'était retrouvé une femme pour faire bien devant ses collègues. Ma mère avait été amoureuse de son carriérisme, de sa politesse et de son physique mais surtout, de son argent. Elle avait manqué de se retrouver à la rue lorsque le gars qui l'avait mis enceinte nous avait lâchement abandonné. Depuis ce moment là, son mot d'ordre avait été de me mettre à l'abri du besoin. Mais nous n'étions pas frères ! Alors pourquoi, finalement ? « Je ne suis pas gay ». Il m'avait déjà avoué n'avoir eu de relations sérieuses alors comment pouvait-il le savoir ?

Ma mère toqua à la porte et m'informa qu'il était l'heure de manger. Je répondai que je n'avais pas faim alors elle n'insista pas plus et me laissa tranquille. Je repensai aux paroles de Cédric et pleurai de nouveau.

Sans que je ne m'en rende compte, une masse creusa le matelas et quelqu'un s'allongea à mes côtés.

— Je suis désolé...

La voix de Cédric raisonna dans mes oreilles. Je le repoussai violemment en sortant de sous la couverture.

— Va-t'en ! soufflais-je entre mes dents, avec un regard assassin.

Rien ne nous sépareraOù les histoires vivent. Découvrez maintenant