Il rayonnait un doux soleil dans les rues de Gap en ce mercredi matin, et alors que Milla s'apprêtait à quitter le lycée, elle entreprit d'envoyer un message à Anaïs, l'une de ses plus proches amies. A vrai dire, on pouvait dire qu'elles se connaissaient depuis toujours, et elles ne cessaient de s'entendre si bien même avec les années qui passaient, seulement elles avaient plus de responsabilités qu'à 15 ans, donc forcément elles se voyaient moins. Peut-être qu'Anaïs gardait au fond d'elle une rancoeur presque excusée lorsque Milla ne lui avait plus adressé la parole du jour au lendemain pour des raisons dont Milla fuyait le sujet.
De Milla à Anaïs :
Hey mon imbécile préférée, ça va ? On s'est pas vue depuis la fin des vacances, ce soir 19h chez moi ?
A peine quelques secondes plus tard, son téléphone vibrait déjà.
De Anaïs à Milla :
J'avoue que ta tête de mule commençait à me manquer ! Parfait pour moi et la manzana.
A la lecture du message d'Anaïs, Milla ne put s'empêcher de sourire : chacune de leurs soirées entre filles s'accompagnait d'une bouteille de manzana, c'était devenu une habitude, non une tradition que l'on ne pouvait rompre. D'ailleurs, très souvent accaparées par les potins de chacune, elles ne trouvaient pas la force, ni le temps de cuisiner, et préféraient commander, tantôt des pizzas, d'autres fois des sushis, ou encore des tacos... Finalement elles n'avaient pas tant vieilli que ça !
Cette après midi, Milla s'affairait à prendre de l'avance sur ses cours, bientôt elle allait préparer ceux de l'année prochaine à cette allure. Meme si elle était parfois interrompue par une Sekhmet en manque d'attention. Milla était fondamentalement organisée, elle ne pouvait s'empêcher de toujours prendre de l'avance et se montrer prévoyante, mais cela faisait aussi son charme.
Puis voyant 19h approcher, elle enfila le traditionnel kimono du même bleu gris que sa voiture spécialement dédié aux soirées potins et patienta, confortablement installée dans son canapé. Et comme si Sekhmet avait reconnu le pyjama de sa maîtresse dédié à ce genre soirée, elle aussi s'installa confortablement sur le fauteuil à droite du canapé, comme elle le faisait toujours lors de ces soirées, impatiente d'en apprendre plus sur les vies des deux amies.
D'un coup la porte s'ouvrit, et on entendait quelqu'un poser ses chaussures et sa veste. Milla n'eut même pas besoin de se retourner pour savoir que c'était Anaïs.
- Un peu de plus et on devait reporter la soirée potins, c'était la dernière bouteille ! s'exclama une jeune femme au carré blond surplombé d'une frange effilée, en brandissant la bouteille alors que Milla tournait son regard vers elle.
- Ça aurait été un crime ! renchérit Milla très sérieusement. Oublie pas de prendre les verres dans le placard, continua-t-elle en montrant le meuble d'une main.
- Eh ça va tu me prends pour une débutante ou quoi ? se vexa presque Anaïs.
Elles se servirent un premier verre sous les yeux attentifs de Sekhmet qui n'en louperait pas un fil. Anaïs racontait alors à Milla ses péripéties d'infirmière : un vieille homme la prenait pour sa petite fille, un autre lui parlait inlassablement de sa femme récemment disparue, une femme âgée lui narrait ses aventures... Milla semblait captivée par ses anecdotes. Puis la blonde finit par le plus palpitant :
- Bon et le plus intéressant, et par pitié ne crie pas ou tu vas énerver les voisins, je crois que je suis tombée sous le charme du petit fils d'une de mes patientes, annonçait Anaïs avec un large sourire et prête à se boucher les oreilles prévenant les cris de sa meilleure amie.
- MAIS NOOON ! cria Milla, en reversant presque son verre, comme il était prédit. Mmh alors comme ça tu te sers de ta profession pour charmer ? la taquinait elle avec un sourire malicieux et des yeux plissés.
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Plus que ma morale
RomanceProf-élève, une relation entre proximités et barrières. Mme Santini et Alia semblent l'avoir parfaitement saisi, ou presque... Elles s'aventurent alors dans chacun des aspects des plus cordiales aux plus palpitants de cette relation paradoxale. D'où...