Plus que ma morale

Chapitre XXV - Tu dors ?

   Comme tous les vendredis matins, Milla patientait sur le pas de la porte 114 en attendant ses élèves. Elle les accueillait tous avec joie et décrocha un sourire particulier à la jeune femme qui était simplement son élève au lycée mais bien plus lorsqu'elle était chez elle. Pour un vendredi matin, les élèves étaient assez attentifs.

Alors qu'il restait 20 minutes de cours, l'enseignante donna un texte à lire avec des questions à répondre. Elle jeta un coup d'oeil à son téléphone et au même instant elle reçut un message d'une certaine Thérèse. Pour plus de sécurité, les deux jeunes femmes avaient renommé leurs contacts respectifs : Milla avait choisi Thérèse en référence au dernier film qu'elles avaient vu, et Alia avait opté pour Emmanuelle faisant allusion à Emmanuel Kant dont la morale était proche de celle de son enseignante dans la théorie.

   De Thérèse à Emmanuelle :

      Sympa de t'accorder une pause de 20min comme ça x) J'ai oublié de te prévenir, je ne sais pas si tu avais prévu que l'on se voit demain soir mais je suis prise, j'ai une petite « soirée » chez Lucie !

A la lecture de ce message, Milla ne put s'empêcher de sourire mais elle se reteint de jeter un regard à son élève, craignant de se faire remarquer. Immédiatement elle pianota sur son téléphone, sous les yeux attentifs d'Alia qui l'observait de sa place.

   De Emmanuelle à Thérèse :

      Sympa de me laisser passer mon samedi soir dans des livres de philo :p On pourra se voir mercredi si tu veux !

Alia sentit son téléphone vibrer, elle le saisit discrètement sous la table.

   De Thérèse à Emmanuelle :

      Oui je ne travaille pas mercredi, un enseignant n'est pas sensé réprimer l'utilisation du téléphone en cours ?

De nouveau, Milla sourit à la lecture de ce message et déposa son téléphone sur son bureau. Puis elle se leva de sa chaise, passa devant son bureau et s'appuya contre celui-ci afin d'observer tous ses élèves. Elle jeta un bref coup d'oeil à gauche, puis détourna son regard à droite et croisa celui d'Alia.

  - Mademoiselle Garnier, lança l'enseignante dans la classe, ne croyez-vous pas trouver les réponses à ses question sans même lire le texte ? finit elle en haussant les sourcils.

Alia fit mine d'être vexée en fronçant les sourcils et en se penchant sur son texte. Milla eut peine à dissimuler son sourire amusé.

A la fin du cours, Alia salua succinctement son enseignante et fila chez elle pour se préparer pour le service de ce soir, elle avait réussit à obtenir son samedi soir en assurant tout le service de ce soir.

   Alors qu'il était samedi midi, Alia se réveillait seulement : elle était rentrée tard hier soir ou plutôt tôt ce matin. Lorsqu'elle descendit à la cuisine, elle y vit sa soeur et sa mère en train de préparer à manger et mettre la table.

  - Eh bien, tu es rentrée tard hier, tu travaillais ? demanda Naya intriguée, les yeux plissés.

  - Oui, j'ai du faire tout le service pour ne pas travailler ce soir ! répondit Alia en se frottant les yeux.

  - Je crois pas que ce travail soit bon pour toi cette année, avec le bac... maintenant que je suis là, je peux t'assumer ! proposa l'ainée.

  - Non, mais- ne put à peine renchérir la plus jeune.

  - Qu'insinues-tu ? la coupa Mme Garnier. Je n'ai jamais demandé quelconque argent à Alia, elle a voulu travailler d'elle même ! se défendit elle.