Plus que ma morale

Chapitre XVII - Ce sourire

L'enseignante avait passé le week-end en ne cessant de s'interroger sur tout. D'abord, qu'était il arrivé à la soeur d'Alia ? Certes, elle en avait appris davantage sur les problèmes qui affectaient son élève mais cela restait très flou... Et cette élève qui pourtant s'efforçait de ne jamais rien dévoiler s'était montrée particulièrement vulnérable ce samedi, elle en déduisait alors qu'il s'agissait certainement d'un grave évènement. Par ailleurs, Milla avait cédé à l'envie d'être présente pour son élève, de se sentir si proche de celle-ci en enfreignant toutes les règles qu'elle s'était fixée. La petite voix rationnelle était dévastée tandis que l'autre lui assurait que ce n'était rien, qu'elle agissait ainsi seulement pour cette situation, qu'après ceci elle rétablirait les barrières initiales. Elle ne savait plus quoi penser, elle jugeait simplement qu'il était de son devoir de respecter la promesse faite, celle d'être présente pour la jeune fille lors de l'hospitalisation de sa soeur. Et à vrai dire, elle n'avait aucun mal à s'y investir, elle le faisait de bon coeur. Dire qu'elle agissait par devoir la rassurait, mais en vérité elle rêvait de bien plus.

    Elle s'était également aperçue qu'Alia ne lui avait pas rendu son pull, mais au fond cela lui plaisait. Elle n'imaginait pas que son élève le gardait près d'elle à chaque instant ( -et pourtant...- ), mais rien que le fait qu'elle le possède la satisfaisait. Elle avait parfaitement conscience que la joie ressentie à la suite de cela n'avait rien de normale et lui était même interdite, mais elle avait beau se réprimander à chaque sourire échappé lorsqu'elle y pensait cela n'empêchait pas ce plaisir.

    Ce lundi matin, devant la salle 114, elle était particulièrement impatiente mais aussi quelque peu stressée de revoir cette élève qui accaparait son attention. Cette fois la jeune brune n'arrivait pas la dernière mais était tout de même à la fin du rang. Milla l'avait bien évidemment remarqué au milieu de ces élèves endormis pour une partie et turbulents pour l'autre partie. Elle portait un haut en dentelle noire sous un blazer de la même couleur, une jupe clair sur des collants noirs transparents avec des Dc Martens noirs à semelle compensée. Milla la trouvait franchement élégante, cela faisait plusieurs semaines qu'Alia n'était pas venue au lycée autant apprêtée. L'enseignante fit entrer les élèves en saluant chacun d'entre eux, puis se fut venu le tour de la jeune brune.

- Bonjour Mademoiselle Garnier, lança la professeur avec un sourire particulier, ravie de vous voir à l'heure aujourd'hui, la taquina-t-elle.

- Bonjour Mademoiselle Santini, osa-t-elle répondre avec le même sourire, les sourcils remontés.

Ce serait mentir que de dire que cette réponse n'avait pas déstabilisé Milla, mais elle tentait au mieux d'y faire abstraction. C'était la première fois qu'une élève, et qui plus est cette élève l'appelait ainsi avec un tel sourire, si charmeur et si défiant.

    Elle parvint à retrouver sa constance habituelle en débutant son cours. Elle aurait aimé retrouver son élève passionnée du début d'année, mais la jeune brune restait distraite, le regard perdu par la fenêtre. Milla s'imaginait qu'elle lui en voulait toujours malgré tout, et elle n'avait pas tord, et qu'elle était préoccupée par l'état de sa soeur, et là aussi elle ne se trompait pas. Alia se montrait distante de ses nouveaux amis dont elle s'était pourtant rapprochée, et même Lucie qui avait brièvement cherché à savoir ce qu'il se passait sans toutefois trop insister n'avait rien pu en tirer. Lucie respectait son silence, mais espérait qu'Alia lui parlerait quand elle s'en sentirait prête.

    A la différence des cours de la semaine dernière, la jeune brune salua brièvement son enseignante à la sortie de son cours comme tous les autres élèves. Seul cet effort satisfaisait la professeure; et à vrai dire elle préférait qu'elle n'en fasse guère plus se sachant facilement déstabilisable par cette fichue brune, même si elle tentait de le cacher.