Chapitre XIV - L'Ardoise

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Il était vendredi 17h15, Milla quittait le lycée. L'hiver semblait interminable à Gap, le froid continuait d'habiter les rues durant tout janvier et février. L'enseignante se languissait d'être en vacances de février, pourtant il lui restait un encore un bon mois à attendre. Elle entra dans sa Fiat 500 électrique bleue-grise, et alluma le poste pour y écouter l'ancien album de Marie Plassard. Elle se dirigea vers le supermarché le plus proche pour y faire quelques courses. Après avoir rempli son caddie de fruits et légumes, quelques épices et un poulet rôtie, elle rentra chez elle.

Sekhmet l'attendait avec impatience sur le pas de la porte, elle avait le don de savoir quand Milla irait en course même si cela n'était jamais le même jour. Sa maîtresse lui avait bien évidemment rapporté de quoi la nourrir, mais il était hors de question pour ce petit félin d'attendre que les autres courses soient rangées pour manger. Elle se jetait dans ses jambes, et ne cessait de miauler de manière plaintive comme si elle n'avait rien avaler depuis trois jours. Milla ne put que céder face à ses plaintes et obéit à son animal.

Alors qu'elle rangeait ses courses, la notification d'un message sur son téléphone retentit.

De Anaïs à Milla :
Coucou, ça te dit un petit resto ce soir ?

De Milla à Anaïs :
Viens me chercher à 19h45.

La professeure se sentit d'abord contrainte à cette sortie, puis après réflexion, cela lui ferait certainement du bien. Elle avait adopté un rythme de vieille dame depuis quelques semaines, elle ne sortait que pour aller au travail ou faire ses courses. Alors puisqu'il était déjà 19h passées, Milla se dirigea vers son armoire et choisit un jean noir, un haut blanc, et une veste longue marron. Elle se maquilla légèrement, rien de trop extravagant.

Enfin, Anaïs entrait dans l'appartement de Milla qui enfilait déjà ses talons noirs pour descendre jusqu'à la voiture. Anaïs prit la direction pour aller à leur restaurant préféré, l'Ardoise. C'était un petit resto dans une étroite rue. On y mangeait très bien à un faible prix, et l'ambiance y était chaleureuse et accueillante.

Les deux femmes furent accueillies par un nouveau serveur : un type au cheveux noirs mi-longs, un regard sombre et une peau basanée et tatouée. Il y avait un petit monde, mais la pièce restait aérée et agréable. Après les avoir installées et leur avoir apporté les cartes, le serveur revint vers elles. Les filles déclinèrent d'abord la proposition d'un apéro.

- Eh bien alors qu'est ce qu'il vous ferez plaisir ? demanda-t-il, un stylo et un carnet dans la main.

- Je prendrais le boudin aux pommes et sa purée à l'ancienne s'il vous plaît, répondit d'abord Anaïs.

- Parfait, et vous alors ? questionna-t-il la brune en tournant son regard vers cette dernière.

- A vrai dire j'hésite entre la salade fermière et le velouté de brocolis et ses tartines de poires et roquefort, réfléchissait Milla.

- Dans ce cas là, prenez ce que vous avez le moins l'habitude de manger ! intervint il avec sourire.

- Mmh, alors le velouté, se laissa-t-elle tenter.

- Donc vous êtes du genre à manger des salades en lisant un livre, continua-t-il avec un sourire amusé.

- Et encore, vous ne croyez pas si bien dire, rit Milla. Vous parlez ici à une prof de philo ! affirma-t-elle avec humour et autodérision en levant son doigt tel un signe attention.

- Oh je vois, rit il à son tour. Alors je m'enfuis avant d'avoir droit à un speech sur Alain ou Descartes, la taquina l'homme au physique ténébreux en marchant vers la cuisine.

Plus que ma moraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant