Une semaine s'était déjà écoulée. Alia avait travaillé les trois derniers soirs de la semaine et le samedi matin, sa patronne semblait ravie de son efficacité en vue de l'accueil toujours chaleureux qu'elle lui réservait. La jeune fille avait remarqué que l'hypocrisie n'était vraiment pas du genre de cette femme qui aimait bien trop donner son avis sans pincette, sur toutes choses, ce qui l'amusait. Alia se plaisait dans son travail et se tardait de pouvoir abandonner son poste de plongeuse pour celui de serveuse, bien plus attrayant il fallait l'avouer.
En ce lundi matin, le réveil hurlant sortit la nouvelle élève de son sommeil avec peine. Elle avait toujours eu des tendances insomniaques, et depuis les récents bouleversements de sa vie, ces tendances devenaient davantage des habitudes : elle s'endormait tard dans la nuit et se lever tôt le lendemain était difficile.
Elle fila dans la salle de bain dans laquelle elle se prépara rapidement avec un maquillage très léger, une paire de lunettes de repos et se vêtit d'un bas de survêtement beige avec le pull crop-top qui lui était assorti. Elle n'aimait pas voir son visage de cette blancheur incomparable : à vrai dire elle avait toujours eu la peau clair, mais probablement que le manque de sommeil et peut-être aussi le manque de nutriments l'aclaircissaient davantage.
En descendant, elle croisa sa mère qui s'approcha pour lui biser la joue et lui tendit sa tasse de café fumant, c'était devenu un nouveau rituel. Après l'avoir rapidement avalé, Alia saisit son skate et se dirigea vers le lycée, déjà bien en retard.
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Madame Santini attendait patiemment l'arrivée de ces élèves devant la porte 114. Cela ne faisait qu'une semaine mais elle avait prit l'habitude de voir arriver la nouvelle en dernier, parfois même juste avant qu'elle ferme la porte. Et sans surprise, ce fut le cas aujourd'hui.
Pourtant l'enseignante était toujours surprise de cette arrivée, non pas pour son heure à la limite du retard, mais plutôt par l'allure si différente que pouvait prendre cette gamine. Dès le deuxième jour, la professeur n'avait presque pas reconnu son élève, elle qui s'était présentée le jour d'avant telle une vraie femme d'affaire était arrivée dans un style bien plus urbain, un skate à la main. Cela l'intrigué, cette gosse devait se chercher, ne pas savoir qui elle était vraiment, à tel point qu'elle se transformait tantôt en une entrepreneuse, tantôt en une gamine sauvage et nonchalante. Et Milla s'étonnait d'ailleurs d'apprécier cette nonchalance et ce côté « je m'en foutiste » qui l'attendrissait, elle qui pourtant était si soignée et perfectionniste.
Elle ne put alors s'empêchait de sourire en voyant débarquer son élève d'un pas rapide, son skate à la main, alors qu'elle allait fermer la porte de sa salle. Aujourd'hui elle avait parié sur une tenue streetwear, et ne s'était pas trompée.
- Bonjour Madame, sourit timidement Alia en passant son bras libre derrière son crâne.
- Bonjour Mademoiselle Garnier, eh bien vous portez des lunettes maintenant ? se surprit l'enseignante elle-même de sa curiosité qui avait dépassé la barrière de ses lèvres.
- Non, enfin... si mais... enfaite ce sont seulement des lunettes de repos qui sont plus là pour couvrir mes cernes, répondit l'élève qui s'étonnait de parler d'elle à cette femme qu'elle ne connaissait à peine. Ce n'était peut-être pas grand chose mais jamais Alia ne parlait d'elle, et ces cernes révélatrices d'insomnies étaient classées dans ses infos très personnelles.
- Allez, entrez je vous en prie, esquiva la professeur ayant remarqué une légère gêne chez son élève, mais fronçant les sourcils. Cette gamine était vraisemblablement marquée par la vie, mais qu'avait-elle bien pu vivre ? se questionnait elle. Eh mais, je connais déjà son nom ? étonnant je suis plutôt le genre de profs agaçants qui ont besoin qu'on leur rappelle le nom deux ou trois fois par cours en début d'année, se perdait elle.
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Plus que ma morale
RomansProf-élève, une relation entre proximités et barrières. Mme Santini et Alia semblent l'avoir parfaitement saisi, ou presque... Elles s'aventurent alors dans chacun des aspects des plus cordiales aux plus palpitants de cette relation paradoxale. D'où...