Chapitre XV - Un message

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Ce lundi, Alia descendait les escaliers après s'être préparée et y découvrit un mot sur la table : « je pars pour une semaine bisous je t'aime ma chérie ». Il s'agissait de la mère d'Alia. La jeune fille souffla simplement, presque même plus surprise de voir l'irresponsabilité et l'inconscience de sa mère. On pourrait croire qu'Alia jouait bien plus le rôle d'adulte responsable que sa propre mère. Elle ne savait ni où ni avec qui elle partait, elle se doutait qu'il s'agissait de son père mais qu'importe la jeune fille aimait être seule. Elle prit son skate et quitta sa maison pour rejoindre le lycée, lassée de cette situation.

Comme tous les lundis matins, l'enseignante attendait ses élèves devant la salle 114. Quand ils furent enfin tous là, elle put débuter son cours. Aujourd'hui, ils étaient tous plutôt attentifs à ce qu'elle tentait d'expliquer, mais participaient très peu. Même l'élève qui participait le plus dans ces cours restait silencieuse, et ceci ne datait pas d'aujourd'hui : depuis la distance qu'avait imposée la professeure, Alia avait reconstruit toute sa carapace, et peut-être même davantage. Milla s'en voulait quelque peu d'avoir brusqué son élève, mais elle n'avait pas eu d'autre choix.

L'enseignante qui avait eu droit à une singulière participation dans son cours de la part de la jeune fille se retrouvait désormais celle qui était le plus ignorée de toute l'équipe enseignante par cette même élève. Elle avait eu l'occasion de discuter avec M.Monka, le professeur de maths d'Alia, et ce dernier ne trouvait pas le comportement de l'élève changé, il assurait même à Mme.Santini de ne pas s'inquiéter, que cela était très fréquent chez la petite brune, il avait même ajouté « elle a des périodes avec, et d'autres sans ! ». Néanmoins, elle ne pouvait évidemment pas lui expliquer la situation...

L'enseignante laissait alors la jeune fille perdre son regard par la fenêtre à chaque cours. Milla n'était pas devenue laxiste, mais le regard souffrant d'Alia et son apparence pensive en permanence la rendait sensible, ou peut-être même faible : elle ne pouvait plus se permettre d'être une oreille pour la jeune brune, mais elle avait choisi de l'épargner pour son comportement distrait. Seulement, elle ne pouvait pas tout accepter... Alors que la professeure détaillait la thèse d'Heidegger sur l'art, elle remarqua qu'Alia était captivée par une lumière sous sa table, son téléphone en déduisait elle.

- Mademoiselle Garnier, voulez-vous de l'aide ? s'interrompit elle en changeant le ton de sa voix.

Alia souffla bruyamment à cette remarque.

- Inutile de souffler, répliqua l'enseignante bien décidée à ne pas faiblir cette fois.

- Et respirer, ça aussi c'est interdit ? rétorqua Alia avec un regard défiant.

- Je vous conseille d'arrêter ça de suite, ou vous allez prendre la porte, lâcha sur ton des plus froids et sévères en fronçant les sourcils.

- Je vais vous simplifier la tâche, répondit l'élève sous les yeux ahuris de ses camarades en se levant de sa chaise bruyamment.

Alia jeta violemment ses affaires dans son sac, se dirigea vers la sortie, et claqua la porte impétueusement. La professeure, ainsi que tous les autres élèves restèrent bouche bée.

Suite à cette scène, l'enseignante eu un peu de mal à reprendre ses esprits, elle ne cessait de s'interroger. Pourquoi cette gosse réagit de manière si excessive ? Est-ce seulement car c'est moi qui lui ait demandé et qu'elle ne supporte apparemment plus de me voir ou même de m'entendre ? Ou y a-t-il autre chose, un nouveau problème dans sa vie ? s'enchaînaient les questions sans réponse dans sa tête. Puis Milla se souvint qu'elle se trouvait devant une classe et se ressaisit pour terminer son cours tant bien que mal.

Quand la sonnerie de 10h retentit, l'enseignante fut soulagée : elle allait enfin pouvoir se ressourcer avec un café. Elle prit la porte sur le côté du bâtiment, comme à son habitude afin de ne pas batailler entre les élèves pour se faufiler. Elle descendit les quelques marches qui la menaient à l'extérieur, et fut surprise par une sorte de tas noir à sa droite.

Plus que ma moraleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant