Verth

9.Le vote

[NIHNA]

Le voyage aurait pu passer très vite si Margot n'avait pas posé autant de questions. C'est compréhensible, quand on vient de découvrir qu'on est pas les seuls dans l'univers, mais ça m'agace beaucoup. J'étais déjà contre l'idée de l'amener sur le vaisseau. Mahlo a transgressé la règle, tout ça pour une jeune Terrienne. J'espère au moins qu'elle saura parler devant mon peuple, et défendre sa cause. Je ne comprends pas l'intérêt que lui porte mon frère, il aurait pu se dévoiler à n'importe quel Terrien de cette fichue planète, mais non, il fallait qu'une fille lui tombe littéralement dessus pour qu'il lui parle. C'est tout lui ça, laisser faire le destin. Je n'y crois pas à ces trucs là.

Le vaisseau se posa sur le sol du hangar et nous sortîmes tous les trois. On allait avoir des comptes à rendre, avec ce passager clandestin. Margot regardait partout autour d'elle, c'était la première fois qu'elle voyait autant de technologie. Mahlo la tenait par la main et lui expliquait à quoi servait chaque chose devant laquelle elle passait. Il était en train de tomber amoureux d'elle, cela se voyait. Encore une fois, il me surprenait. Les Doukhalos n'aiment qu'une fois, et il fallu que ce soit une fille d'une autre espèce. J'ai toujours su qu'il avait des gouts particuliers, mais pas à ce point là. Le destin comme il dit. Je n'allais pas m'opposer à ce qu'il l'aime, son choix était déjà fait.

Il était temps d'expliquer ce 3eme passager. Je laissais Mahlo prendre la parole, après tout c'est lui qui avait emmené cette Terrienne et pas moi. Le général mis du temps à accepter jusqu'à ce que Margot décide de parler.
- Je vous serai utile, commenca-t-elle. Je pourrai plaider la cause des Terriens et témoigner pour toute mon espèce. Même si le vote échoue, j'aurai quand même tenté quelque chose et découvert une civilisation différente de la nôtre! Ce n'est pas rien.

- C'est d'accord, dit le Général. Tu auras 5 minutes de temps de parole avant le vote.
Elle remercia le général et nous partîmes vers la salle commune. Elle était pleine à craquer, tout notre peuple était présent pour le vote.

[MAHLO]

Je pris Margot par la main et nous entrâmes dans la salle. Tous les regards se tournèrent vers nous, plus particulièrement vers elle, l'intrus. Elle leva la tête et avança, sûre d'elle. Nous montâmes sur l'estrade et le général présenta Margot.
- Cette Terrienne est là pour défendre l'espèce humaine avant le vote. Je laisse 5 minutes pour défendre son peuple, respectez ce temps de parole.
- Bien, commenca Margot, un peu intimidée. Je sais que je dois paraître sauvage et sous évoluée en comparaison à votre peuple, mais nous ne sommes pas si différents. Nous avons tous fait des erreurs, quelque soient leurs gravités, et nous essayons tous de les résoudre. Les Terriens sont nombreux, ils détruisent leur environnement et beaucoup ne font rien pour y remédier. Mais ne faites pas de généralités, un nombre important d'entre eux sont très impliqués dans la défense de l'environnement et les inégalités de partage des ressources. J'en fais moi même partie. Ce que je vous demande aujourd'hui, c'est de nous laisser une chance. Je sais que vous êtes venus de très loin pour vous installer sur cette planète, mais nous pouvons cohabiter. Pour ce faire, il faudrait faire tomber le pouvoir en place car nos dirigeants corrompus ne sont pas prêts à accepter que des extraterrestres viennent leur voler leur planète. Je vous demande donc de ne pas nous exterminer tous, mais de rétablir l'ordre et la paix dans notre monde, grâce à votre savoir et votre technologie.

Le général l'interrompit. Son temps de parole était écoulé, le vote allait avoir lieux. Elle vint vers moi encore sous le choc d'avoir parlé devant tant de personnes et je la pris dans mes bras.

Mon peuple commença le vote via nos casques. Nihna et moi votons pour que l'on aide les Terriens, mais le vote promettait d'être serré.
En effet, il le fut. Le compteur de vote changeait en temps réel pour finir à 50/50. Il restait une personne qui n'avait pas voté, le général. Je le regardai dans les yeux et il regarda Margot. Il semblait pensif, notre peuple était suspendu à l'écran affichant les résultats. Une alerte annonça la fin du vote. Je tournai la tête vers l'écran et regardai les résultats.

|| Extermination des Terriens : 49,9%

| Aide aux Terriens : 50,1 %

On avait réussi. Le vote avait réussi.

[MARGOT]

J'etais libérée de tout ce stress, mon peuple n'allait pas se faire exterminer. Je sautai dans les bras de Mahlo, je ne le connaissais pas encore bien, mais c'était le seul Doukhalo qui me comprenait. Je me sentais en sécurité avec lui. La Terre ne me manquait pas, loin de là. J'en avais ma claque des examens, des faux amis. J'étais enfin libre. La première Terrienne à avoir découvert une civilisation alien, c'est quelque chose. Mes parents ne me manquaient pas. Il ne se sont jamais souciés de moi de toute façon et je suis sûre qu'ils n'ont même pas remarqué que j'étais partie.
Mahlo me pris par la main et m'entraîna vers une partie du vaisseau que je ne connaissais pas. Nous étions dans une salle voûtée totalement en verre. Je pouvais observer la Terre, si belle, bleue et verte. Mais ce n'était qu'une façade, à l'intérieur, elle était marron gris, polluée, comme le coeur des hommes qui la dirigeait. Il fallait que ça cesse. Je demandai à Mahlo ce qu'il comptait faire pour sauver notre planète.

- Nous allons faire tomber les gouvernements, pacifiquement d'abord, sinon par la force si ils ne coopèrent pas. J'ai vu que le sommet des Nations Unies avait lieu dans deux jours à New York. Nous allons, moi et Nihna ainsi que notre peuple nous y rendre et forcer les présidents à rendre la Terre au peuple Terrien, à prendre de telle décision, à agir et pas seulement parler.

- Je veux venir avec vous ! Dis-je. J'ai encore un rôle à jouer et je vous serai utile pour vous apprendre tout ce que vous devez savoir sur les Terriens.

- Tu peux, mais je veillerai sur toi quoi qu'il arrive. Tu es la premiere Terrienne à qui j'ai parlé et je ne veux pas te perdre.

Une sensation de bien être m'envahit. C'est ce qu'il appelle une onde de sentiments, c'était indescriptible, comme si nos sentiments étaients liés. J'étais déçue de ne pas pouvoir lui rendre la pareille mais bien décidée à le surprendre, je l'embrassait fougueusement. Il ne s'y attendait pas et ne savait pas ce que cela voulait dire.

- Chez nous, nous appelons ce sentiment l'Amour, dis-je.

- Et nous, nous l'exprimons en disant
"Ë lovtü". Mais tu sais sûrement ce que cela signifie.

- Je t'aime, répondis-je.

Il me rendit alors mon baiser et nous continuâmes à nous embrasser tout en contemplant la Terre.