Les anges pleureurs prennent Lille

Chapitre 8

Dimanche 5 septembre – 18h54 – Mathéo

Théa, Caroline et moi étions en train de marcher à trois dans les rayons du supermarché. Tout le monde avait commencé à se séparer pour essayer de comprendre ce que ces statues de pierre étaient en train de chercher. Un deuxième ange avait été retrouvé dans un autre rayon. Ils étaient a minima deux à être responsables des disparitions. Cela faisait presque une demi-journée que nous étions enfermés dans ce supermarché. Nos proches allaient forcément commencer par s'inquiéter. Nous n'avions pas de réseau et il était toujours impossible de contacter quiconque à l'extérieur. Tout le monde se posait la question de comment Mia avait réussi à rentrer dans ce supermarché. Un des vigils lui avait même posé directement la question. Mia avait simplement répondu « par magie », sur un ton amusé.

Mia m'intriguait énormément. Je ne savais pas ce qu'elle faisait ici, ni même la fonction qu'elle avait, mais ce dont j'étais sûr était qu'elle savait exactement ce qu'étaient ces statues de pierre qu'elle appelait « anges pleureurs » et ce que nous devions faire pour y survivre. Elle était partie en trombe dans les rayons et personne n'avait pensé à la suivre. Depuis, elle n'avait plus donné signe de vie. Nous avions beau faire le tour du magasin, il nous était impossible de la retrouver. Peut-être était-elle repartie comme elle était arrivée ?

« Je ne sais même pas pourquoi on tourne en rond... se plaignit Théa. Toute cette histoire commence à me monter à la tête. J'ai juste envie de rentrer à la coloc.

- On ne sait même pas ce qu'on cherche, surenchérit Caroline. Ce sont des statues en pierre. Que peuvent bien vouloir des statues en pierre ?

- Je ne pense pas que ce ne soient que des « statues en pierre ». Si on écoute Mia, ce sont des êtres vivants qui peuvent nous faire disparaître.

- Mais comment ? Ils ne peuvent même pas bouger, souffla Théa.

- C'est vrai... J'ai du mal à comprendre aussi. Je pense qu'il faut trouver Mia, répondis-je.

- Mathéo ! Ce n'est pas un escape game ! On ne joue pas aux petits détectives là. On est enfermé dans un supermarché avec des anges ultra flippants qui peuvent nous éliminer en un claquement de doigts.

- Je pense sincèrement que la meilleure façon de survivre est de rester près de Mia.

- Mais on ne la connaît même pas cette meuf ! Si ça se trouve, elle a totalement bluffé et a voulu nous faire une blague. Tout ceci peut très bien être une expérience sociale montée de toute pièce pour savoir comment réagirait des gens lambda dans cette situation.

- Théa, les gens qui font des expériences sociales généralement préviennent les sujets qu'ils sont en train de faire une expérience sociale.

- Oui bah aujourd'hui ils ont probablement décidé de faire autrement. »

J'étais agacé par ce que me disait Théa. Elle qui croyait autant que moi à cette théorie des anges kidnappeurs était en train de crier au complot d'un seul coup. Je réprimai mes ressentiments et essayai de mettre ça sur le compte de la peur. Elle essayait probablement de se rassurer elle-même en se convainquant que tout ceci n'était qu'une blague. Nous n'avions pas retrouvé Christophe, le professeur de piano de Théa. J'étais convaincu qu'il avait subi le même sort que tous les autres disparus ces derniers jours. Nous n'avions aucun moyen de suivre ce qui se passait à l'extérieur du supermarché et ce manque d'informations m'angoissait. Si ça se trouvait, toute la ville était attaquée par des anges pleureurs et c'était l'apocalypse. Ou bien alors nous étions les seuls à être attaqués actuellement et personne autour de nous ne savait que nous étions en danger.