Chapitre 1, partie 1 (Laura)

113 29 28
                                    

Mon cri, si aigu que je peine à le reconnaître, s'achève dans un gazouillis venu d'une partie de ma gorge dont j'ignorais l'existence. Un savant et ridicule mélange entre le cochon qu'on égorge et le hamster sous ecstasy. L'afflux sanguin se fracasse contre mes tempes et entrave ma capacité à réfléchir. Mon corps assure le relai. Dans un instinct de préservation, je me recroqueville et récolte une vive douleur qui irradie mon être quand mon genou bute contre le volant de la voiture.

Mon cerveau tente de reprendre le contrôle et me force à tourner le regard vers la vitre, là où il y a eu ce son soudain et assourdissant. Un oiseau. Ce n'est qu'un oiseau qui a terminé sa course contre le carreau, essayé-je de me rassurer. Sauf que ce n'est pas un volatile que j'entrevois, mais une silhouette humaine qui s'effondre le long de ma portière. Et tout ce que je retiens de cette vision, c'est cet horrible bruit de succion laissé pas des doigts ensanglantés glissants contre ma fenêtre.

— Aidez-moi, supplie faiblement une voix masculine.

Les membres tétanisés, je reste blottie contre le siège conducteur de cette auto que je n'aurais même pas eu le temps de démarrer. J'essaie de faire taire les tremblements qui me secouent et de me raisonner. Je pensais pourtant avoir surmonté cette phobie des imprévus en voiture développée depuis l'accident qui a coûté la vie à mes parents.

— S'il vous plaît...

Son timbre empli de détresse est l'électrochoc qui me manquait pour réveiller le côté altruiste de ma personnalité et me sortir de mon immobilisme. Avec une volonté nouvelle, celle de venir en aide, j'ouvre ma portière avec conviction. Le fort grognement qui fait écho à ma tentative et la résistance rencontrée contre la tôle me rappellent que l'homme se trouve derrière.

— Je suis désolée, paniqué-je en m'enfermant à nouveau.

De toute évidence, l'envie de bien agir ne suffit pas à retrouver toutes mes capacités. Réfléchis, Laura, réfléchis. Ma respiration, semblable à une femme sur le point d'accoucher, n'aide pas à m'apaiser contrairement à ce que peuvent promettre les sages-femmes.

Je me contorsionne pour sortir côté passager et contourne ma voiture en tenant mon téléphone portable comme une batte de baseball. Si la traînée écarlate sur ma vitre me pousse à une certaine prudence, mon manque de jugement me laisse croire naïvement que je suis protégée par une arme révolutionnaire. La faute à une défaillance au niveau de l'oxygénation dans mon cerveau !

À la lumière des lampadaires sur le trottoir, je discerne un homme allongé sur les pavés. Je me fige et écarquillent les yeux devant cette vision, incapable de savoir ce qui me surprend le plus : est-ce le sang qui le recouvre ou...

— Mais... vous êtes nu ?
— Je suis au courant, ironise-t-il d'une voix faible.

Je secoue la tête. Action étrange qui a pour but de me remettre les idées en place, de tenter de le faire en tout cas. Ce qui fonctionne suffisamment pour me pousser à courir de l'autre côté de ma voiture afin d'attraper le plaid qui se trouve à l'arrière. Trois ans que le fichu chauffage de cette vieille Fiat Punto est défaillant, depuis il y a toujours de quoi palier au froid dedans.

De retour auprès de l'inconnu, je dépose le tissu rugueux à motifs écossais sur ses épaules. J'en profite pour laisser mon regard faire un rapide examen de ses blessures. Il est parsemé de taches de sang, mais j'imagine qu'il ne lui appartient pas étant donné qu'aucune plaie ne se trouve en dessous. En revanche, il y a cette longue et très nette déchirure au niveau de son flanc droit d'où s'écoule encore ce liquide carmin à l'odeur métallique. Quelque chose semble logé à l'intérieur, mais la faible luminosité ne me permet pas d'en savoir plus.

— Je vais vous aider à vous redresser, j'habite juste ici.

Oubliant toute prudence, mon index lui indique la porte qui se trouve à quelques mètres de nous. Je me sens incapable de l'abandonner sur le trottoir dans cet état.

— J'ai déjà essayé de vous assommer, alors autant éviter de vous laisser mourir de froid. J'appellerai les secours depuis l'intérieur.

Si l'homme me donne l'impression de vouloir répondre, c'est une longue plainte qui se fait entendre au moment de se redresser en prenant appui sur moi. Je passe son bras autour de mes épaules et sa chaleur corporelle me frappe. Il est bouillant et j'ignore comment il lui est possible de tenir debout avec une telle température. Sa situation doit être plus critique que ce que j'ai évalué au premier abord.

Il y a bien quelques voyants qui s'agitent dans mon cerveau, une petite voix qui me souffle qu'il est imprudent de ramener un inconnu, en sang de surcroit, à la maison. Cependant, dans son état, il ne me semble pas représenter une menace immédiate et je suis incapable de le considérer autrement que comme une personne à secourir.


----------

Hellow les gens !

Comme je n'ai aucune patience, voilà, j'ai commencé à poster (puis, c'est férié aujourd'hui, on est d'accord que c'est une bonne raison pour débuter ?).

J'ai oublié de préciser que les deux ou trois premiers chapitres avaient déjà été posté à une époque (qui me semble lointaine). Donc ce début dira peut-être quelque chose à certaines personnes, mais la suite arrivera très vite pour le côté inédit.

En tout cas, merci pour votre passage et n'hésitez pas à liker, en parler, ou tout ce que vous voulez. Je ne le dirai jamais assez, mais, si j'écris, vous rester les personnes qui font vivre une histoire.

----------

Laura Rowley, Tome 1 : Odeurs (dans l'univers d'Alicia Smith)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant