Vengeuse

Le doute

Lorsque Revenge retrouva l'air libre, ce fut comme si elle se libérait d'un poids qui lui pesait sur les épaules. Elle avait horreur d'être sous terre ! Non qu'elle soit claustrophobe, son « travail » particulier ne le lui aurait pas permis, mais elle s'était sentie à l'étroit dans cette grotte. Elle devait avouer que ce vampire (il faudrait qu'elle pense à lui demander son nom), lui avait sauvé la vie. Elle aurait dû lui en être reconnaissante, au lieu de cela, son comportement l'avait agacé. Elle n'avait besoin de personne pour exécuter la tâche, si ingrate soit-elle, qui lui incombait ! Maintenant, à cause de ce satané monstre, elle se sentait faible et impuissante. Et ça ne lui arrivait jamais d'ordinaire !

De plus, quelque chose la dérangeait. Lorsqu'il avait réduit si facilement à néant la vie de la créature qui la retenait prisonnière, elle avait aperçue une lueur dans son regard. Comme s'il aimait ce qu'il était en train de faire et en voulait plus. La façon dont le monstre s'était évaporé lui avait aussitôt rappelé quelqu'un d'autre. Une femme qu'un être inconnu avait transformé en coquille vide à peine capable de penser.

Et si c'était ce vampire là qui était la source de ses malheurs ? songea-t-elle. Avait-elle enfin trouvé celui qu'elle s'était juré de faire payer pour ses crimes ? Celui à qui elle vouait une haine incomparable depuis ce jour maudit ?

La fille marchait si vite que j'étais pratiquement obligé de lui courir après. Je n'avais aucune idée d'où elle se rendait et je m'en fichais ! A vrai dire, notre chemin se séparerait bientôt, lorsque je me dirigerais vers la route de la maison. Pourtant, j'hésitais encore. Elle n'avait pas dis un seul mot depuis notre petite « altercation », lorsque je l'avais sauvé d'une mort certaine. Mais je ne pouvais pas ignorer qu'elle était encore la seule à me voir. 

Je me demandais où était passé Ulrich, le connaissant, il avait dû rapporter à tout le monde l'incident du cimetière. Et c'était très mauvais ! Si les autres se rendaient compte que les Hommes pouvaient à présent détecter leur présence, ils risquaient d'en profiter. Et ce serait la guerre... Car si certaines créatures s'apercevaient du pouvoir qu'elles avaient à présent sur le monde, nul doute qu'elles chercheraient à le détruire, ou à se l'approprier. Or, je ne pouvais pas laisser cela arriver !

Je ruminais ces sombres pensées lorsque Revenge s'arrêta si brusquement que je faillis lui rentrer dedans. Elle observait les environs, à l'affût.

- Qu'est-ce-que...

Elle leva une main pour me faire taire.

Alors, elle se baissa pour coller son oreille contre le bitume de la nationale que nous étions en train de longer. Elle écouta un moment, fronçant les sourcils comme si elle s'efforçait de se rappeler une chose importante. Elle se releva brutalement, la bouche grande ouverte.

- Tu vas avaler une mouche la taquinais-je.

Mais elle ne rit pas. Elle semblait terrifiée.

- Vous savez lorsque dans les films le personnage principal crie de toutes ses forces : courez !

- Et ? demandais-je en pensant qu'il faudrait que je lui dise une bonne fois pour toutes de me tutoyer.

- Et ben c'est le moment de le faire ! hurla-t-elle.

Sans que j'ai pu faire un seul geste, elle me tira violemment par la manche, m'entraînant derrière elle dans une course folle.