Jusqu'à ce que la mort nous unisse

Un mariage fantôme.

     La journée claire et lumineuse trouve les deux hommes après une séance intense en salle de sport bronzant sur le pont du manoir de l’amour. La rivière aux couleurs du ciel d’un magnifique bleu attire un intrus, Jay arrive sans prévenir et se jette à l’eau malgré son plâtre, arrosant les deux hommes qui essaient de se reposer paisiblement.

À force d’insistance, il finit par les convaincre de se joindre à lui ; très vite, ils commencent à se bécoter avec Bradford. La scène chaude donne des envies à Martin Roberts qui les quitte pour la partie opposée du domaine avec sa chemise hawaïenne sur le dos.

Il arrive trempé, son maillot de bain libérant encore de l’eau, les gouttes pleines, le corps. Il s’assoit sur la pierre tombale, sa culotte au niveau des cuisses, et commence le massage de sa verge, puis descend tout doucement sur la longueur de la tige. Il se tord de plaisir, sa langue balayant ses lèvres rosées, les yeux roulant, il finit par devenir raide et fait gicler sa semence sur la pierre. Il remonte son maillot de bain et se laisse tomber au sol, le dos à la pierre, libre et soulagé. Il sort de la poche de sa chemise une cigarette et son briquet, il fume en s’adressant à Ray.

_J’ai commandé la nouvelle pierre tombale, ce sera finalement un époux, laisse-t-il échapper la fumée de sa bouche tournée vers le ciel, le vendeur a trouvé ça plus respectable même s’il est d’accord que 'amant' est aussi poétique. Et elle sera plus grande pour que je puisse m’adosser plus aisément et on aurait plus d’intimité lors de nos ébats. Il sourit, tu veux une clope ? Il fume et rejette la fumée sur la pierre, comme tu t’en doutes, j’ai eu une semaine difficile, la fumée m’aide à me détendre un peu tout comme ce que je fais avec toi. Il termine sa clope, se tient debout et dit à Ray. Tant qu’à graver « un époux » sur la pierre tombale, on pourrait aussi bien se marier ? Il utilise sa main et pose un baiser affectueux sur la pierre avant de redescendre vers le sud, rejoindre le couple Bradford et Jay.

De retour, il laisse les amoureux s’amuser dans l’eau pendant qu’il pianote sur sa tablette à la recherche d’informations sur le mariage avec une personne décédée. Il n’a pas de mal à trouver des cas similaires et surtout des explications sur ce qu’il vit, mais il fait fi de ses symptômes et se focalise sur l’union japonaise et hindouiste, car il existait à Seattle des maîtres spirituels pour ces cérémonies. Il clique sur leurs liens et prend les informations nécessaires à son projet.

_Hey les amoureux, il ouvre la glacière près de lui et sort une bière qui finit sur ses lèvres, saviez-vous que dans la culture indienne et aussi japonaise, on peut marier une personne décédée…

_Ah non ! Ne m’en dis pas plus, je ne veux rien savoir, coupe Bradford avant de disparaître sous l’eau.

_Et toi, Jay, dis-moi ce que tu en penses ?

_Je suis partagé, c’est vrai que c’est extrême. Ma tête me dit que tu es fou et pourtant, je trouve ça trop… mais désespérément romantique.

_Ne l’encourage pas, il doit oublier le passé et aller de l’avant, dit l’inspecteur en sortant la tête de l’eau avec son air très sérieux qui lui confère encore plus de sensualité et de virilité, l’eau s’égouttant de sa peau magnifique.

_Toi, je constate qu'à la minute où je serai mort, il ne te faudra pas plus de temps pour en chercher un autre, gronde Jay, que le policier rentre instantanément dans sa coquille de mâle dominant. Cette petite faiblesse ne le rend pas moins torride aux yeux de Jay Elton qui ne cesse de le dévisager. Tu en as parlé à madame Williams ? Demande finalement Jay.

_Pas encore, je me renseignais juste…

_Tu devrais lui en parler si c’est vraiment sérieux, c’est quand même la mère de Ray. Si tu dois épouser les restes de son fils, je pense qu’il te faut sa permission.

_Je ferai ça…

_Pourquoi suis-je le seul à m’inquiéter pour lui ? Suis-je la seule personne censée dans cette maison ? Dit Bradford en revenant à la charge.

_Lâche-le un peu à la fin ! Il fait juste son deuil…

_Ça va trop loin, il faut que tu consultes… tu as besoin de voir un…

_Je suis médecin, il n’y a pas plus rationnel que moi, alors je crois être en mesure de décider tout seul quand j’ai besoin d’aide, s’emporte légèrement Martin, qui hausse le ton un tant soit peu.

_Même les plus forts ont souvent besoin qu’on vole à leur secours, s’impose Bradford, qui ne semble pas décidé à lâcher l’affaire.

_Vous pouvez vous calmer tous les deux ? Dit Jay contrarié.

_Merci Bradford, je m’en souviendrais si jamais j’ai besoin d’aide. En attendant, vous réfléchissez sur la cérémonie que Ray aurait préférée, japonaise ou hindoue…

_Je suis sérieux Martin, s’il le faut, je n’attendrai pas que tu demandes de l’aide, j’emploierai même la force s’il le faut…

_Ça suffit ! On pourrait parler d’autre chose ? S’il te plaît ? S’emporte Jay en lançant un regard courroucé au policier, qui se résout à laisser tomber pour le moment, mais pas définitivement.

Martin retourne à sa tablette et appuie sur l’icône de caméra de son application. Il attend un moment avant que la femme noire ne se montre dans un décor plein de cartons de déménagement. Les civilités passées, il la choque avec sa nouvelle trouvaille : le mariage avec un défunt.           

                              
                                                   À suivre !

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