Jour d'union.

5 3 0
                                    

        
Les premiers rayons de soleil apparurent, annonçant une magnifique journée ensoleillée, propice à l'alliance des deux âmes. Martin Roberts se prépare seul pour l’occasion dans un ensemble noir de costume cafard avec nœud papillon. Il retrouve ensuite toute la petite fratrie réunie dans le séjour sur leur trente-et-un, prêts à l’accompagner en cette journée magnifique et symbolique pour lui. Entouré des siens, ils traversent le domaine jusqu'à la tombe fleurie et recouverte d’un linceul blanc ; sur le haut de la pierre tombale triangulaire, un coffret cadeau magnifique d’un blanc immaculé avec un ruban du genre rouge vif dont raffolait Ray. Le maître de Yoga japonais, avec une certaine connaissance pour le mariage fantôme, s’est déplacé pour l’occasion. Il est celui qui unira Martin Roberts à sa moitié du monde des morts. Avant la cérémonie, l’homme avait récolté un peu de cheveux de Ray, trouvés sur ses brosses ramenées du campus par Martin, puis un bout de tissu d’un vêtement lui appartenant en vue de la fabrication de la poupée miniature censée le représenter. Ces objets, portant son ADN, facilitent son attachement à la poupée et sa présence à la cérémonie.

Face à la pierre, Martin ouvre la boîte, et se saisit de la poupée à peine remplissant sa main droite. Sur instruction du maître de cérémonie, il adosse la poupée à la tombe et s’agenouille :

_Maintenant, vous allez adresser vos vœux de mariage à votre partenaire, ensuite le remettre dans la boîte et nous attendrons un signe d’acceptation de sa part. Dit-il en marmonnant des mots inaudibles pour l’assistance.

_Mon bébé…je…je…ne sais pas par où commencer, j’ai tellement à te dire…j’aurais voulu que tu sois là aujourd’hui pour entendre de vive voix ce que j’ai à te dire…mais le destin en a décidé autrement. De là où tu es, peut-être que tu es ici à mes côtés actuellement ou dans les cieux, mais je veux dire que…de l’autre monde la vérité est tienne, là où mes mots ne suffisent pas et ne suffiront jamais à te dire à quel point je t’aime, mes actes ont parlé pour moi, tu le sais…tu l’as vu et tu continues de le voir. Je pense que tu lis en moi la peur de te quitter, car je crains de ne pas trouver ma place sur cette terre sans toi. Depuis ton départ, j’ai peur du monde, de la vie, des vivants…et la seule chose qui m’apaise, c’est de savoir qu’un jour nous serons réunis…parce que nul n’est éternel. Une larme s’échappe de sa prunelle droite puis il poursuit, avec toi, une partie de moi est partie. Parce que tu étais fait de ma côte et moi de la tienne, ma moitié…peut-être qu’un jour, je passerai à autre chose mais saches que jamais je n’aimerai un autre comme je t’ai chéri, désiré, idolâtré. Je te dis en ce jour face à toi, sur tes restes, devant nos amis et notre famille…oui famille parce que tel un ange, tu n’as pas voulu que je sois seul ni ta mère. Tu nous as laissé des gens formidables qui nous aiment autant que tu nous aimasses, et nous apprécions ton geste. Saches que je t’ai aimé, je t’aime encore aujourd’hui et je t’aimerai jusqu'à ce que la mort nous unisse. En attendant ce jour, mon corps sera peut-être celui d’un autre, mais pas mon esprit ni mon cœur…en tous cas pas à cent pour cent parce que tu seras dedans. Il touche sa poitrine, dans mon cœur, puis là, dans mon esprit. Il touche sa tête. Alors, accepte cet ultime geste d’amour que je te manifeste aujourd’hui, accepte d’être mon époux dans l’autre monde et je serai le tien ici-bas. Continue de veiller sur moi depuis là-haut et je ferai en sorte que jamais la terre n’oublie ton sourire magnifique, ton charisme envoûtant, ta joie de vivre et ta personnalité généreuse. Il se saisit de la poupée face aux yeux embués de tous, et la pose dans le paquet ouvert au sommet du triangle de pierre avant de murmurer, accepte de m’épouser et je vivrai pour toi afin qu’on se retrouve un jour. Il se retire de la pierre le cœur battant la chamade, les mains moites, il prie de toutes ses forces pour avoir un signe de son amour.

Jay, très ému, tient fermement la main de Charline, son visage mouillé, il pleure comme une madeleine la tête sur l’épaule rassurante de son inspecteur qui ne manque pas de le consoler. Charline partage un regard complice avec son gendre, elle tente de le rassurer comme elle peut ; pleine d’espoir, elle prie l’enfant Jésus afin que Ray se manifeste et permette à Martin d’aller de l’avant, sa main libre tripote sa chaîne au cou. Bradford tient la main de son cousin, le docteur Andersen qui n’en démord pas moins. Il sait que le nouveau départ de son ami milliardaire dépend de cette union, et si son cousin doit avoir une chance, il faut une manifestation surnaturelle ou même un petit signe. Le maître de cérémonie dans son kimono tourne autour de la pierre tombale un moment avant d’inviter Martin Roberts à faire pareil :

_Faites trois tours autour de lui, si après votre dernier pas, il ne se manifeste pas, cela voudra dire qu’il ne souhaite pas vous épouser. Le cas échéant, ce sera un oui. Dans les deux cas, lui seul vous donnera la raison derrière sa décision, cela peut être à l’instant ou plus tard. Allez-y ! Ordonne-t-il.                

  À suivre...

Si vous avez apprécié ce chapitre, n'oubliez pas de voter, de commenter et de partager l'histoire avec vos amis et vos proches.

Jusqu'à ce que la mort nous unisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant