Docteur Andersen

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Le check-up final de Jay Elton Adams est positif. Le jeune homme s’en sort finalement sans handicap ; Bradford, rassuré, laisse le jeune homme poursuivre son entretien avec le médecin. Il se glisse entre les couloirs jusqu’au bureau de son cousin, le docteur Andersen, un beau spécimen de métissage, moins imposant que lui, mais tout aussi obsédé par son corps.

_Oh, un fantôme, prends place, je t’en prie. Tu connais mieux cette pièce pour y avoir passé des nuits blanches…

_Je ne suis pas là pour ça…

_Je m’en doutais bien, charognard. À défaut du petit ami éploré, tu t’en es sorti avec l’ami effondré. Il termine de signer un document et referme son classeur avant de rejoindre l'inspecteur dans le canapé.

_Contrairement à ce que tu crois, rien n'était prémédité, et l'écart d’âge m’a même amené à douter un moment, mais les choses se sont faites d’elles-mêmes. Et Jay…

_C’est donc le nom du voleur de mec…

_Arrête de faire ta Drama Queen s’il te plaît ! Tu sais bien qu’il n’y est pour rien. Il fallait que l’un de nous mette un terme au cercle vicieux des plans cul entre cousins. Tu entends ? Putain, on est cousins, nos mères sont sœurs, et la famille pour moi, c’est sacré. Je me suis engagé là-dedans croyant que tu voulais du sérieux, mais tu m’as bien fait comprendre que seul le sexe t'intéressait. J’ai supplié, quémandé, insisté… mais tu voulais ta liberté pour t’envoyer en l’air avec le premier venu. Alors n’accuse pas les autres pour tes propres décisions. Je t’ai donné ta chance, et ce, à plusieurs reprises, sachant à quel point nos mères seraient heureuses qu’on soit ensemble… J’ai tout donné, alors ne viens pas me faire ta scène du mec trop jaloux qui ne peut pas vivre sans moi. Ça n’a pas été facile de t’oublier, encore moins de laisser la chance à une autre personne. J’ai dû lutter avec moi-même. Alors, si tu as fini de te plaindre, et j’espère que c’est la dernière fois, parlons de cousin à cousin. J’ai besoin de ton aide. Dit l’inspecteur remonté à bloc.

_Je suis désolé d’apprendre que je t’ai fait autant de mal. Je ne ferai donc pas ma Drama Queen ce coup-ci. Mais tu aurais pu partager ton butin avec moi, non ? Donne-moi au moins le veuf éploré ? Déclare le docteur taquin.

_Te le donner ? Il n’est pas ma propriété, encore moins une chose. Cependant, ça tombe bien qu’il t’intéresse, peu importe pour un coup d’un soir ou pour la vie, c’est ton problème. Mais j’ai besoin qu’il consulte. Il ne va pas bien et pourtant, il prétend le contraire. Il refuse toute aide…

_Et de quoi souffre-t-il selon toi ? Dit Andersen, curieux.

_Un choc psychologique ou affectif, une dépression… je n’en sais trop rien. Voilà pourquoi j’ai besoin de toi, c’est toi le psy. Il passe sa vie sur la tombe de son petit ami… je pense qu’il fait une fixation et refuse de tourner la page.

_C’est possible, mais s’il refuse de voir un psychologue, nous ne pouvons pas le forcer. Tu n’es pas membre de sa famille pour l’obliger non plus. Et puis, il n’a pas eu de comportement violent envers qui que ce soit, si ? Bradford approuve. Dans ce cas, il faudra attendre qu’il prenne conscience lui-même de l’importance de faire son deuil…

_C’est dommage que tu abandonnes, vous iriez si bien ensemble. Bradford défile sur son téléphone quelques clichés chauds de Martin pour intéresser le médecin. Le meilleur chirurgien plasticien du monde, riche héritier anglais et beau comme un dieu. Imagine-toi à ses bras dans les soirées mondaines ici et ailleurs. Comment tes amis seraient jaloux de toi, et tu pourras le présenter à ta mère et tes amis de la haute à qui tu n’osais pas présenter ton cousin policier que tu te tapais…

_Très bien, je vais essayer. Je suis le meilleur psychologue du monde. J’arriverai à le convaincre d’accepter mon aide. Et puis je suis fatigué de jouer le directeur d’hôpital, je dois me remettre en selle. C’est votre jour de chance, inspecteur Bradford. Je le prends comme un défi personnel. Créer juste le contact, et je m’occupe du reste.

_Okay, si t’es disponible demain soir, je fête… enfin, je peux le convaincre de sortir avec toi demain soir. Sois aux portes du manoir de l’amour à huit heures pétantes. Andersen approuve d’un geste de la tête. Et une dernière chose, ne va pas trop vite avec lui… il est du genre ancienne école. Il croit au grand amour, à la cour, et tout ce qui va avec. Alors évite de vouloir le mettre dans ton lit dès le premier …

_C’est un peu le but, non ? Comment je lui fais oublier l’autre cadavre si je ne peux pas le baiser convenablement ? Interroge le médecin sérieusement les pieds en croix.

_Ce langage, justement, faudra que tu l’oublies. Si tu le veux vraiment, il faudra faire des efforts et respecter les morts, putain ! L’inspecteur se lève et s’arrête à la porte. Tout n’est pas que sexe, les sentiments, c’est la base. Tu as beau être la beauté personnifiée, si personne ne t’aime, tu n’es pas important.

_J’ai pas besoin d’être aimé. Être le désir des hommes me suffit largement.

_Regarde-toi, riche, beau avec des muscles… pourtant, j’ai pu t’oublier pour un mec qui n’a aucun muscle, aucune fortune… c’est ça la force des sentiments. On a tous besoin d’être aimé et de se sentir valorisé. C’est le sentiment le plus agréable au monde, qui rend encore le sexe meilleur et profond. Arrête d’être un objet sexuel, Andy. Trouve-toi un homme bien et fonde une famille avant de te retrouver seul et vieux dans une maison de retraite. L’inspecteur referme la porte.

_Les reines ne forment pas de couple, encore moins de famille. On utilise et on jette les hommes quand ils ne nous servent plus. Et ce Martin Roberts ne peut pas être différent des autres hommes. Ils craquent tous pour moi, même les hétéros, parce que je suis fabuleuse ! Se complimente-t-il pour fuir la réalité des mots crus de son cousin.

                      

À suivre !

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Jusqu'à ce que la mort nous unisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant