Angel of Death | Tom E. Jedusor

III : Un garçon mielleux

Un garçon mielleux

À son réveil, la jeune sorcière fronça les sourcils. Les rayons de soleil qui traversaient la fenêtre atterrissaient avec sournoiserie sur ses paupières, l'aveuglant dès les premières lueurs du jour. Un grognement lui échappa, ce qui lui valut un pouffement de la part de ses camarades de chambre. « Fallait pas lire jusqu'à pas d'heures, idiote. » La pauvre se retint de rouler des yeux, même si l'insulte était de trop, et se leva pour commencer sa journée.

Rapidement affublée de son uniforme, elle se glissa dans la salle de bain et se rinça le visage à l'eau froide pour terminer de se réveiller, constatant sans trop de surprise que son entrevue avec Jedusor lui valait une jolie paire de cernes. Se retenant alors de l'insulter de « bave de crapaud », elle revint dans la chambre, attrapa son sac et sa baguette et fila hors des dortoirs.

Mais alors qu'elle s'apprêtait à passer la porte des donjons, une voix masculine glissa à son oreille. « Hé attends ! » Persuadée que ça ne lui était pas adressé, elle continua sa route. Ce fut sans compter sur l'intervention de cet élève qui cherchait à attirer son attention. « Bonjour à toi aussi, angel. » Maintenant certaine qu'elle était visée, la jeune femme se retourna comme une flèche et fusilla du regard celui qui osait la déranger. Mais quelle ne fut pas sa surprise lorsque son regard rencontra le bleu caractéristique du préfet des verts et argents. « ... Tom ? » Surprise, elle ne sut comment réagir. Ils avaient, certes, convenu la veille au soir qu'ils passeraient du temps ensemble, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il soit si direct. Lui qui tenait à sa réputation, elle pensait qu'il se montrerait plus discret. Or la moitié de leur maison les regardait avec des yeux aussi ronds que des soucoupes.

Le noiraud se contenta de lui offrir son légendaire sourire en coin. « Nous avions un accord, n'est-ce pas ? » Abasourdie, la plus petite hocha doucement la tête, faisant son maximum pour ignorer les regards incrédules des autres sorciers. « Euh, o-oui.. mais je... » Tom n'attendit rien de plus et attrapa sa main entre ses doigts avant de la guider hors des donjons. « Suis-moi. J'ai besoin d'un café pour bien entamer ma journée. » À présent rouge comme le jersey des Gryffondor, la pauvre suivit son aîné en silence, assimilant avec peine ce qu'il se passait sous ses yeux. Cette fois c'est sûr, l'Armotentia lui est montée au cerveau.

Dans la Grande Salle, le duo eut droit aux mêmes regards surpris, accentuant les rougeurs de la plus petite. Le préfet les guida vers la table des Serpentard, prenant place là où il en avait l'habitude. Sa compagne n'eut d'autre choix que de s'asseoir à sa gauche, hésitante. « Tu m'as l'air de bien bonne humeur ce matin... » Tom ne perdit pas son sourire et se remplit une tasse de café noir. « Disons simplement que je suis assez enthousiaste quant à notre petite expérience. » La jeune femme attrapa un bol et y versa du lait avant d'entreprendre quelques tartines à la confiture de figue. « Notre expérience ? Je ne comprends pas. » Elle avala une gorgée de son lait chaud et accepta timidement la serviette que lui tendait son camarade. S'essuyant alors les lèvres pour en retirer toute trace de liquide, elle posa ses yeux sur le sorcier assis à sa droite. « Notre expérience, notre accord, appelle-le comme tu veux. Je suis juste curieux quant à ta véritable nature. » Le jeune préfet prit une gorgée de café, un léger sourire germant ses lèvres. « Et puis, il y a ce petit autre chose que je veux éclaircir... et il n'y a que toi qui puisses m'aider sur ce point. » Il dirigea son sourire charmeur en sa direction et fut satisfait en constatant que ses joues se teintaient peu à peu de rose poudré.

Mais l'illusion ne dura qu'un instant lorsque la sorcière fixa son regard dans le bleu du sien. « Et je suis curieuse quant à ce petit quelque chose supplémentaire. En quoi puis-je bien aider le seul et l'unique Tom Elvis Jedusor ? » Sa voix à demi-théâtrale fit rire son vis-à-vis qui décida de reprendre une gorgée de café avant de répondre. « Je vais être franc avec toi, angel. J'ai senti ton odeur dans l'Armotentia. Et j'aimerai comprendre pourquoi, moi qui suis né de cette même potion, suis tombé pour toi, mystérieuse personne que tu es. » La pauvre, qui venait d'entamer un verre de jus de citrouille, ne put s'empêcher d'avaler de travers et de se mettre à tousser. Elle posa son verre en cuivre sur la grande table et posa un regard confus et presque apeuré sur son aîné. « ... quoi ? » Son monde se mit vaguement à tourner, et elle dut s'excuser de table pour aller prendre l'air.

Tom, toujours assis, ne lui en voulut pas. Il s'attendait à cette réaction, même s'il pensait qu'elle se serait contentée de rougir de la tête au pied. Il s'attarda cependant sur l'air effrayé qu'elle avait affiché lorsqu'il avait croisé son regard après sa déclaration. Lui faisait-il peur ? Ou cachait-elle un si lour dsecret qu'elle ne pouvait pas s'aventurer de la sorte ? La tête pleine de questions, le préfet des Serpentard quitta la Grande Salle pour aller mener des recherches à la bibliothèque. Il doutait qu'il trouverait quelque chose d'intéressant, mais il préférait s'occuper l'esprit au lieu de tourner en rond dans sa chambre.

De son côté, la jeune femme décida de ne pas se montrer en cours de la journée entière. Elle avait besoin de temps pour réfléchir et mettre des mots sur sa situation. Cela faisait presque six ans qu'elle attendait qu'ils se rapprochent pour accomplir sa mission, mais maintenant qu'il venait de lui avouer son intérêt, elle ne savait plus que faire. Des sentiments sont toujours néfastes dans les missions, elle le savait, alors pourquoi avait-elle ressenti autant de joie en l'entendant prononcer ces mots ? Aimer faisait partie de sa nature. Mais était-ce vraiment de cela dont il s'agissait ? Non, elle n'en croyait pas un mot. Elle tombait pour lui.

Et ça, ce n'était pas écrit dans la prophétie.