Les Chroniques d'Irishtarya // Tome 1 : Les Ailes silenciées

L'héritière illégitime

Bien des jours s'étaient écoulés depuis la venue des Ondines. Et au village champignon, les préparatifs allaient bon train en vue des missions à venir. Au départ quelque peu incertains, les orphelins, ainsi que les réfugiés venus de la surface, avaient tous finis par y mettre du leur pour offrir leurs capacités autant que possible. Les marchands se montraient arrangeant en ces temps d'inquiétude, les artisans redoublaient d'ardeur en leur art et plusieurs anciens chevaliers du château permettaient à qui le souhaitaient, d'avoir quelques bases pour se défendre face aux épreuves à venir. Certains habitants des profondeurs se découvraient même, sous l'égide du vieil Inshou conteur, leur potentiel magique. D'ailleurs, Astryhs et Eria avaient tenté tous deux de suivre les cours de leur ami canin, entre deux leçons de langue des signes, mais ne semblaient hélas pas avoir de prédisposition en la matière. Seule Mavra ne s'y intéressait pas, malgré les régulières invitations d'Ohfen.

— C'est injuste. Se plaignait un soir le dragon blanc, assis face à une table de bois, en compagnie de ses deux amies. Chez moi, aux monts de Kébor, pratiquement tous les Narviath ont accès à la magie. Je ne connais personne qui n'a pas éveillé ses pouvoirs après ses seize légères.

De l'autre côté du meuble, quittant un instant leur bol, les deux oiselles lui lancèrent un regard curieux. C'était bien la première fois qu'elles entendaient parler de ce concept et ne manquaient donc pas d'interroger leur ami reptilien sur la question. Astryhs ne se faisait donc pas prier et détaillait comment chez les siens la vie des dragons étaient organisés en cycle, avec différentes fêtes, et comment la trente-deuxième année était la plus importante de toutes pour chaque jeune Narviath. De fil en aiguille, le dragon blanc en venait aussi à parler de son voyage jusqu'à la cité mais également de sa famille, restée dans les hautes montagnes du Nord-Est.

— Une petite-sœur adorable et une super maman. Tu parles de monstres terrifiants ! Lâchait Mavra, sarcastique. Je comprends pas les adultes de cette ville qui disent flipper de vous.

— Pareil. Je me souviens encore de la tête de l'autre bandit, quand il s'est retrouvé face à moi. Tu t'en souviens, Eria ? Répondit Astryhs, avant de se taire un moment, reprenant d'une voix soudainement moins assurée. Quoique maintenant que j'y pense, il y avait vraiment eu un monstre cette nuit là. Où est-ce que tu as appris à casser un meuble comme ça ?

L'interpellée le fixait dans les yeux avant de lui répondre en signant, disant ne pas comprendre à quoi le Narviath faisait allusion.

— Tu ne t'en souviens pas ? Bizarre. Mais bon, tu me diras, il s'était passé tant de choses ce soir là, c'est normal de pas avoir tout mémorisé. Concluait-il donc.

Et tandis que tous trois retournaient petit à petit à leur assiette, un Piarsief, s'approchait et les interpellait, leur demandant si une place était disponible à leur côté. Astryhs le reconnaissait directement. Il s'agissait de l'éternel jeune volatile qu'il n'avait eu de cesse de croiser depuis le soir de l'auberge, puis à leur arrivée au village champignon et qui, par un concours de circonstance, se trouvait également être un des membres de son équipe chargée d'investir le château le jour tant attendu.

— Aucun soucis, Tiké, prends une place. L'invitait donc Astryhs, content de voir son récent ami. Tu t'entraînais avec Gyst, je suppose ? Ajoutait-il.

Son interlocuteur secouait la tête.

— Nope. Elle était avec Maître Ohfen. Elle arrête pas de lui poser des questions sur le passé de la ville.

— Ah ? Mais je croyais que Ohfen n'était jamais venu à Illyaguna avant mon voyage avec lui. Qu'est-ce qu'il peut bien lui raconter ?

— Sais pas. Mais Gyst dit qu'elle veut savoir tout ce qu'elle peut sur le château. Elle pense qu'ainsi, elle pourra nous trouver des passages secrets.