Les Chroniques d'Irishtarya // Tome 1 : Les Ailes silenciées

Une Ombre hérétique

Au sein des murs du palais royal, quatre jeunes avançaient, le regard prudent, les sens alertes, et l'espoir bien grand, à l'intérieur de l'édifice. Parmi elleux, l'une, tout particulièrement, ne pouvait s'empêcher d'observer avec attention les lieux alentours. Cela fait un certains temps déjà qu'elle n'avait plus mis les pieds en ces lieux. Bien des jours, des semaines mêmes, que le château qui l'avait vu grandir lui était maintenant étranger. Ce sentiment provenait en partie du temps écoulé depuis sa fuite forcée, certes, mais pas seulement. L'ambiance lui semblait hostile, l'air stagnait sur place, la place était vide. Même les couleurs semblaient délavées à ses yeux, donnant aux couloirs et salles traversées une apparence voilée, comme figée dans le temps.

— Est-ce que ça va, Eria ? Lui murmurait Gyst, ayant remarqué la position quelque peu prostrée de sa camarade.

L'oiselle muette fit un simple signe de main, secouant celle-ci de gauche à droite, pour indiquer qu'elle avait connu mieux, mais aussi bien pire. En réponse, la chercheuse au visage blanc réitérait qu'elle et le reste de son groupe ne comptait pas l'abandonner, qu'elle pouvait se reposer sur son groupe. Reconnaissante, le visage d'Eria semblait retrouver un peu de couleurs et de vitalité.

Les lieux se succédaient rapidement, sans que le Narviath ou les Piarsiefs ne s'y arrêtent plus que cela. L'unique instant qui aurait pu être intéressant, leur entrée dans les quartiers du chancelier par le biais du passage secret, s'était avéré peu concluant. Sur place, aucun document, aucune trace d'un quelconque complot n'avaient été trouvés. C'était malheureusement prévisible. Jamais l'usurpateur n'aurait laissé traîné un élément compromettant à un tel endroit. Le même raisonnement pouvait s'appliquer à la bibliothèque secrète par laquelle iels étaient entrés. Aucun doute n'était possible sur le fait qu'Esclor était rusé. Les preuves de sa trahison étaient ailleurs, dans un endroit à l'écart des curieux, et loin de ses habitations. Une cachette dans laquelle il pourrait préparer ses sombres desseins sans être dérangé, ni surpris et où, comme Astryhs et les autres l'espéraient, se trouveraient aussi le Roi et la Reine.

Les discussions réalisées aux cours des nombreuses réunions leur revenaient en mémoire, nourries des connaissances apportées par Gyst sur l'histoire de sa mère mais également par le message laissé par les Ondines. Les profondeurs que les êtres des eaux avaient mentionnées autrefois auraient pu être le passage secret exploré plus tôt, relativement bas placé par rapport au reste du palace de la capitale. Comme il s'était avéré vide, le groupe pouvait passer à la seconde hypothèse soulevée à l'époque : trouver comment descendre dans les entrailles même de la montagne.

Un nouveau tremblement de terre se déclenchait alors, menaçant à nouveau le groupe de secours. Depuis le premier, plusieurs séismes avaient eu lieu, d'intensité variable. Craignant énormément pour leur intégrité en premier lieu, il avait été fortement envisagé de quitter l'édifice le plus rapidement possible. Mais l'opposition de Gyst avait changer la donne. Elle avait objecté, affirmant que tout cela ne pouvait pas être un simple hasard, que son père devait être responsable de tout cela, tout comme des évènements étranges dans la cité. Elle avait également renchérit, rappelant que les parents d'Eria devaient être là, quelque part sous terre. Face à la détermination de l'oiselle, l'option d'une retraite avait alors été abandonnée au profit d'une recherche accélérée des lieux.

— C'est flippant l'absence de gardes, vous trouvez pas ? Même ici, y'a personne. Lâchait Tiké, alors que le groupe arrivait à la section du palais où se trouvaient les cellules.

— On s'en fiche pour l'instant. On va quand même pas se plaindre de pouvoir passer sans obstacles. Rétorquait Astryhs, bien que lui aussi inquiet de la facilité déconcertante de leur progression.