Début du voyage

9 1 0
                                    

Le lendemain matin, ce fut avec une peine fort ressentie que le Narviath se levait de son lit. Regardant autour de lui, les sens encore embrouillés, il attendait que la tête cesse de lui tourner. Une fois qu'il eut récupéré toute sa raison, patiemment et en faisant le moins de bruit que possible, il attrapait ses sacs, les posait sur son dos et entreprit de sortir, non sans jeter un regard à sa petite sœur, toujours endormie. Sorti, il prit la direction de la place. Tout autour, des restes de nourriture et de breuvages au sol étaient les seuls témoignages des évènements de la veille. Parfois, néanmoins, Astryhs croisait un ou deux congénères, occupés à nettoyer. Les saluant de la tête, il continua son avancée jusqu'à la place. Regardant en tout sens, il ne voyait pas l'Inshou.

Si c'est Ohfen que tu cherches, il est parti bien tôt cueillir quelques plantes. Néanmoins, les sentinelles ont lancé le signal. Il ne devrait guère tarder donc. lança un dragon, ayant remarqué le Narviath Blanc. Astryhs le remercia d'un hochement de tête et se plaçait donc non loin de l'entrée.

Et il ne fallut en effet pas longtemps avant que le conteur ne revienne, ne semblant guère surpris que son compagnon de voyage l'attende à l'entrée de la place.

Mon garçon, je vois en ton regard une lueur bien intrépide. Je comprends ton envie de partir sans même un au revoir. Néanmoins, ne penses-tu pas être un peu rapide ? demandait le vieux loup.

L'intéressé secouait la tête. Les séparations n'avaient jamais été plaisantes pour lui et la majorité des dragons dormaient encore suite aux célébrations de la veille. Il était à son sens inutile d'attendre que ses congénères soient disponibles pour un dernier salut. L'Inshou comprenait et n'insistait pas. Sans un mot, il se dirigeait vers le reste d'affaires qu'il avait laissé non loin, anticipant le départ matinal. Une fois le sac sur son dos, le vieillard se mit en route, secondé de près par le jeune dragon.

Ce dernier, néanmoins, prenant avec sérieux la présente situation, lançait un dernier regard sur son ancien foyer, faisant la promesse solennelle d'y revenir après ses aventures pour raconter aux siens toutes les choses incroyables qu'il aurait vu d'ici là.

Et c'est ainsi que les deux compères s'éloignèrent de l'Antre d'Arstalon, repassant par le sentier qui séparait le territoire des Narviath des plaines de Salem. Prenant les devants et anticipant la question, le vieil Inshou expliquait au jeune dragon leur prochaine destination. Un endroit qui rappellerait sûrement quelques souvenirs aux deux compagnons : la forêt de l'Est, où de nombreux membres du peuple loup vivaient.

Plus exactement, un relais qui se trouvait à l'Ouest de cette forêt où Ohfen pourrait se fournir bien mieux en victuailles que ce que les Narviath des monts de Kébor avaient pu lui prodiguer. Astryhs, attentif, écoutait les explications, bien que ne se repérant pas non plus totalement. Le conteur le remarquait rapidement et pris la peine de s'arrêter un instant, sortant une carte qu'il étalait partiellement sur un rocher des environs. Il pointait leur position actuelle, au Sud des Monts de Kébor, et la forêt, plus loin dans la même direction, avant de glisser son index légèrement à gauche de cette dernière, à la lisière.

Le dragon blanc fixait la carte, et le conteur, faisant des aller-retours du regard. Bien que cela s'était passé il y a longtemps, il n'avait pas oublié sa rencontre avec le vieux loup et leur traversé retour jusqu'au territoire du lézard. Cela avait mis longtemps. Et le relais était encore plus loin, presque 2 fois la distance. Cela prendrait toute la journée, si ce n'est plus. Par chance, bien des choses avaient changées.

Allez, montez Ohfen. S'écriait le jeune aventurier tandis qu'il déployait ses larges ailes.

L'intéressé regardait son ami, surpris de la proposition, bien qu'ingénieuse, voire logique. Ramassant et repliant la carte qu'il rangeait dans son sac, le vieux canin s'approchait du dos de son comparse. Astryhs avait en effet beaucoup gagné en stature durant toutes ses années et n'était clairement plus le menu petit dragon de l'époque. En réalité, sitôt sur le dos de ce dernier, Ohfen se rendait compte qu'une bonne distance séparait ses pattes du sol.

Les Chroniques d'Irishtarya // Tome 1 : Les Ailes silenciéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant