Quand le silence hurle

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Splash.

Un bruit, unique, semblable à une pierre tombant dans l'eau, faisait s'agiter le dragon dans son sommeil.

Splash.

Le même bruit, encore, lui arrachait un grondement mécontent, semblable à une bête dont on dérangeait le sommeil, ce qui était certes un peu le cas ici.

Toc.

Astryhs se réveillait d'un coup, les sens en alerte, tandis qu'il se grattait la tête là où quelque chose lui était tombée dessus. Il était toujours dans le bassin d'eau chaude qui lui avait servit de lit, zyeutant avec attention et méfiance les alentours. Pourtant, il y avait personne.

Hey, Psss !

Le Narviath se tournait d'un coup dans la direction de la voix.

Non non, là haut !

Levant la tête, le Astryhs apercevait ce qui semblait être une fenêtre, haute perchée, qu'il n'avait jusque là pas remarqué dans l'immensité de la pièce. Cela expliquait comment un objet avait pu venir d'au-dessus et lui tomber sur le museau. Baissant d'ailleurs les yeux avant de plonger, il ramassait l'un des projectiles. Le dragon observait celui-ci une fois de nouveau en surface. Sphérique, on aurait dit une sorte de balle de petite taille, qu'il tenait aisément entre deux de ses griffes. La matière, lisse, n'était ni du bois ni du marbre, bien plus léger. Il la lâchait, celle-ci coulant de nouveau au fond du bassin auprès de deux autres, tandis qu'il levait à nouveau la tête et fixait la fenêtre.

Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?

Il y eu un long silence. Puis, une voix, hésitante, répondit.

On... On est des amis de Mavra... Vous... Vous êtes vraiment un dragon ?

L'intéressé ne répondait pas, surpris et confus par l'étrangeté de la situation. La voix faisait jeune, très probablement celle d'un enfant. Et qui était cette "Mavra" ? se demandait le dragon avant de repenser à la petite Piarsief qui l'avait accueilli à son arrivée à l'auberge. Sans doute était-ce d'elle que le jeune visiteur faisait présentement mention.

"Ses" amis ? Vous êtes plusieurs donc ? Aussi vous n'avez pas répondu à ma seconde question. Rétorquait le Narviath, un peu énervé d'avoir été tiré de son sommeil, qui plus est par des enfants dont les intentions étaient bien obscures.

Euh... Notre... Notre chef veut vous parler.

Votre "chef" ?

Pas de réponses supplémentaires. Astryhs soupirait. Cependant, son exaspération diminuait, sa curiosité habituelle prenant rapidement le pas alors qu'il se demandait qui exactement voulait le voir et pour quelles raisons. De ce qui venait de se passer, la première idée qui lui traversait l'esprit était qu'il s'agissait d'un groupe de jeunes oisillons qui, n'ayant jamais vu un étranger, voulait juste étoffer leur curiosité. C'était un sentiment que le quadrupède ailé pouvait comprendre. Et si il ne s'agissait que de cela, alors il lui suffisait simplement d'aller à leur rencontre et d'en profiter, au passage, pour leur expliquer qu'on ne réveille pas les gens au milieu de leur sommeil. Qu'iels auraient juste pu attendre le lendemain pour le croiser dans la rue.

Sortant du bassin, Astryhs laissait l'eau s'écouler de ses écailles, séchant rapidement. Il se dirigeait ensuite vers ses affaires avant de se raviser. Cette chambre lui avait été réservée, il était donc improbable qu'on s'en prenne à ses biens. Les laissant donc sur place, il appuyait sur le bouton coupant le rideau d'eau et sortait de sa chambre, traversait le couloir, et tombait nez à museau en face de la Piarsief qui l'avait reçu à son arrivée.

Les Chroniques d'Irishtarya // Tome 1 : Les Ailes silenciéesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant