Les Chroniques d'Irishtarya // Tome 1 : Les Ailes silenciées

L'avertissement des Ondines

Le temps s'était écoulé paisiblement dans les étendues froides et sombres de la caverne des orphelins, éclairées uniquement par les bâtiments champignons. Dans l'avenue principale, cependant, un Piarsief courait à en avoir le souffle coupé, jetant des regards autour de lui, cherchant visiblement quelqu'un. Parfois, brièvement, il s'arrêtait et questionnait les étals environnant, avant de reprendre sa course effrénée. Enfin, après de longues recherches, on venait lui donner l'information qu'iel recherchait et se dirigeait donc vers une bâtisse en bordure du village, toquant vigoureusement à la porte de cette dernière. Jurant à lui-même pour ne pas avoir été ici en premier.

— Mavra ! Tu es là ? On a besoin de toi, vite ! Criait l'angoissé volatile, reprenant son tambourinage frénétique face à l'absence de réponse immédiate.

Pourtant, la porte ne tardait pas à s'ouvrir, dévoilant le visage surpris et inquiet de la cheftaine qui lui demandait prestement ce que voulait dire toute cette agitation.

— T-tu dois venir, c'est urgent. Un vieux monsieur a dit que la ville était en danger et qu'on devait te trouver, avec le dragon blanc. Qu'est-ce que se passe ?

— Doucement, doucement. Merci de m'avoir avertie, je vais y aller. Mais je te demande de te calmer et de pas faire paniquer les autres habitants, s'il te plaît.

Le messager, bien que visiblement agité, hochait simplement la tête et s'asseyait à même le sol, tentant tant bien que mal de retrouver sa respiration.

Et à l'intérieur de la maison, Mavra retournait dans la salle à manger, s'excusant auprès de son hôte de toute l'agitation, l'informant qu'il était temps de ressortir. Les deux Piarsiefs commençaient à ranger l'endroit ainsi qu'à à nettoyer le comptoir sommairement pour ensuite quitter le foyer de l'orpheline afin de se diriger vers le campement de fortune où elles avaient rencontré Ohfen la veille, en compagnie d'Astryhs. Néanmoins, lorsqu'elles arrivèrent sur place, nul trace ni de l'Inshou, ni du Narviath n'étaient visible. D'ailleurs, tout l'endroit semblait désert. Une voix familière, enfin, se faisait entendre non loin, intimant les deux amies à s'approcher. Il s'agissait de leur ami à écailles, accompagné du vieux loup, ce dernier accroupi devant ce qui semblait être une étendue d'eau. Celle-ci, Mavra en était sûre, n'existait pas hier, lors de leur première venue. Et au milieu de celle-ci, une forme flasque, composée d'eau mouvante, gigotait en face de la main du conteur. La princesse et l'orpheline s'approchaient, questionnant le dragon sur ce qui se passait.

— Ravi de vous revoir, mesdemoiselles. Commençait le loup, la mine sérieuse. Il semblerait que le sort s'acharne sur nous de plus bel. Cet être est une ondine, une fée des eaux, dont les origines se content dans des histoires mythiques et des récits immémoriaux. Ainsi, si je vous ai fait quérir, avec précipitation, c'est que j'estime vital que écoutiez les paroles de cet être d'exception.

Et alors que le conteur terminait sa palabre, l'ondine susmentionnée se détournait de sa main pour se diriger vers le bord de l'étendue aqueuse, se penchant, semblable à un serpent fait d'eau pure, vers les deux arrivées, sous le regard silencieux du loup et du dragon, avant de s'adresser plus particulièrement à Eria, d'une voix faisant penser au cours d'une rivière.

— Ô jeune fille qui a hérité de la bénédiction d'Auros et d'Estrezi, j'ai de bien tristes nouvelles. Les marées s'agitent, les abysses hurlent, le brouillard se serre et la pluie pleure pour la ville aquatique. Nous, ondines, dormions depuis si longtemps. Mais le traître de votre cité, par ses sombres desseins, cherche toujours plus de pouvoirs, y compris ceux d'antan. Et ce faisant, il salit les eaux alentours, menaçant toute vie, la notre y comprit. Les miennes, terrifiées par sa magie macabre, tremblent comme des gouttes sous un violent orage. Nous vous implorons humblement, héritière des premiers rois.