Chapitre 4

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Lundi, il était 6h du matin. Je n'avais pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Tous les dimanche c'était la même chose, j'étais incapable de m'endormir! J'avais beau être fatiguée, cela m'était impossible. Dès que j'essayais de fermer les yeux, mon cœur commençait à s'emballer, ma respiration s'accélérait et j'avais l'impression que l'on m'enfermait dans une pièce, sans air, qui rétrécissait au fur et à mesure.

C'était à chaque fois comme ça quand je savais que je devais sortir de chez moi le lendemain. L'idée même de mettre un pied dehors me provoquait des crises d'angoisse. Franchement on fait plein de choses maintenant par l'ordinateur ou le téléphone, les psys pourraient faire ça aussi. C'est pas mal l'idée des téléconsultations. C'est super pratique, pas besoin de sortir.

Ma mère venait me réveiller vers 9h avec mon petit déjeuné. Un bon lait au café bien chaud. J'aimais le café mais que lorsqu'il était noyé dans 3 litres de lait. Mon père me répétait que c'était tout simplement un assassinat de faire ça, mais il n'y avait que comme ça que j'arrivais à le boire.

10h. J'étais habillée, mes chaussures et mon manteau étaient enfilés, j'attendais devant la porte d'entrée. Qu'est-ce que j'attends? J'attendais d'avoir le courage de sortir. Ça pouvait paraître bête, mais c'était vraiment une épreuve pour moi. Certains jours étaient quand même plus facile que d'autres. Mais aujourd'hui n'était pas l'un de ces jours faciles apparemment.

J'étais plantée devant la porte, ma mère passait devant moi pour pouvoir ouvrir la porte d'entrée et rejoindre sa voiture. Je fermais les yeux et prenais une grande inspiration, comme lorsqu'on s'apprête à faire un concours d'apnée à la piscine, pour ainsi aller me réfugier dans la voiture. Ma portière était déjà grande ouverte, merci maman, ce qui méritait la perte de temps de l'ouvrir et, du coup, rentrer plus rapidement dans le véhicule. Mon père lui, comme à son habitude, avait attendu derrière moi pour pouvoir refermer la porte de la maison. Il faudrait, un jour, que dans mon élan de courir, je pense à fermer cette porte.

10 minutes de trajet séparaient ma maison du cabinet du psychologue. Pendant ce temps ma mère savait qu'il ne fallait pas me parler, j'étais dans ma bulle. La plupart du temps je pensais au piano, à la musique. Ça m'apaisait d'imaginer que j'étais en train de jouer une mélodie. J'imaginais mes doigts danser sur les touches.

On arrivait enfin au cabinet, ma mère demandait à parler au psychologue avant que je ne rentre dans la pièce. D'accord, c'était bizarre mais je n'y faisais pas plus attention que ça. Elle veut probablement faire un petit bilan de mes séances avec lui. J'attendais donc qu'elle sorte. 5 minutes passaient, c'était enfin à mon tour. On était parti pour une heure de blabla forcé.

11h30, je sortais du bureau du psychologue en courant. Mon manteau pendait sur l'une de mes épaules, je sortais du cabinet et allais me réfugier dans la voiture. J'avais besoin d'air, il fallait que je respire. C'était compliqué de respirer l'air frais du dehors, enfermée dans la voiture mais cela était déjà plus respirable qu'à l'intérieur de ce bureau. Mes yeux étaient fermés mais j'avais entendu et senti ma mère rentrer dans la voiture à mes côtés:

-Respire chouchou, ça va aller me disait-elle en me frottant le dos pour que je me calme

Elle me dit que ça va aller? Nan mais elle est folle! Me calmer m'était impossible, j'étais apeurée, en colère, triste et je me sentais totalement perdue. Rien ne pouvait aller, et j'étais dans cet état là principalement par sa faute. Je tentais de prendre de grandes inspirations, j'avais l'impression de suffoquer:

-Allez calme toi Angèle ça va aller

-Ça va aller? criais-je J'ai déjà du mal à sortir dans ma propre ville et toi, tu m'envoies carrément dans un autre pays pour deux semaines. Et c'est censé aller! Mais comment?

Une peur envoléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant