Je me retournai lentement. Arthur se redressa, essaya ses genoux légèrement salie à cause du gravier. Mon regard croisais celui d'Alaric. Les chances que cela arrivait...
-Arthur Eggers, se présentait Arthur en saluant poliment le duc.
J'étais trop tétanisée pour bouger ou parler. Alors qu'Arthur s'adressait à lui, le duc ne cessait de me fixer. Son regard n'exprimait rien. Cela me mettait encore plus mal dans ma peau. Il pouvait se montrer si intimidant.
-Alaric Quinn, duc d'Harcourt, ravi de vous rencontrer.
-Le sentiment est mutuel, Lord, répondit Arthur.Il ne semblait pas se rendre compte de la situation. Comment pourrait-il? Seule Claire était au courant de cette mascarade... étant son idée! Mon coeur me cessait de battre de plus en plus fort, c'en était douloureux. Malgré le manque d'émotions dans son regard, je pouvais sentir le sentiment de déception d'Alaric. Je m'en voulais terriblement. Si seulement j'avais été capable de lui dire lors du bal.
-J'ai eu vent qu'il y avait du grabuge dans mon jardin, je suis donc venu m'assurer que la situation se règle, expliquait le duc poliment.
-Mes sincères excuses, mon Lord, je me suis emporté, répondit Arthur.
-Certes. Veuillez faire preuve d'un peu plus de retenu dans un lieu publique, surtout accompagné d'une charmante demoiselle.Arthur baissa les yeux, gêné. Alaric fixe l'autre homme avec un regard noir. Je ne pensais pas que la situation l'avait tant contrarié. Il était vrai que c'était ses terres et qu'il devait apprécier la tranquillité.
-Ce n'est qu'un avertissement, monsieur Eggers. Je ne tolérais pas une deuxième fois ce genre de conduite.
Arthur répondit d'une révérence. Alaric tourna les talons, repartant vers son domaine. Après deux pas, il se retourna vers nous.
-Aussi, lorsque d'une demoiselle vous refuse, veuillez ne pas insister. J'aurais cru que vous n'avez aucune galanterie pour le fils d'un prometteur marchand comme votre père. Tâchez de vous en souvenir, dit Alaric d'un ton sec.
Sur ce, le duc pénétrait dans sa gigantesque demeure. Je continuais de fixer les portes fermées. Malgré cet incident, j'étais heureuse de le revoir une dernière fois. La vérité s'était montrée de la pire des façons, mais maintenant, c'était fait. Un poids partit de mes épaules. J'étais maintenant sûre que notre histoire était finie. À cette seule pensée, ma poitrine commençait à me faire mal et les larmes me piquaient les yeux. Je n'allais plus jamais le revoir, lui parler, le voir sourire... C'était fini. Une larme coulait sur ma joue. Arthur était resté silencieux. Je me tournais vers lui.
-Je veux rentrer chez moi. Maintenant.
Il hochait la tête. Nous quittions le Harcourt Garden. Mes pieds se faisaient de plus en plus lourds, ne désirant pas quitter pour de bon cet homme. Je n'avais pas le choix. Même si je voulais être avec lui, il ne pourrait et voudrait pas. Je n'avais aucun titre, aucune possession, aucun argent.
...
Le retour en carriole était silencieux. Une lourde ambiance était présente, je n'aimais pas ça. Alors que nous arrivions près de ma maison, Arthur me regardait pour la première fois depuis le début du trajet.
-Je suis terriblement désolé de mon comportement, tantôt. Je ne sais pas ce qui m'a pris, mais j'aimerais que l'on reste amis. Je t'aime, mais si l'amitié est la seule affection que tu me portes, alors je la prendrai.
À ses yeux, je compris qu'il était sincère. Arthur n'était pas une mauvaise personne, il avait simplement de la misère avec ses émotions. Il n'avait pas acquis le contrôle complet de celles-ci. Je lui souriais gentiment.
-Ça me va. Restons amis.
Arthur me sourit. Un vrai sourire.
-Merci infiniment. Je te promets que je deviendrai un meilleur homme.
-Je te crois, lui dis-je. Cela vient avec le temps.Il acquiesça. Je n'avais jamais ressenti d'amour pour Arthur, mais je le connaissais depuis si longtemps que je le considérais comme un deuxième frère. Au grand jamais je n'aurais accepté sa demande en mariage.
-Cette bague... c'était celle de ta mère?
-Oui..., soupira-t-il. Elle me manque souvent.Mme Eggers était victime de tuberculose et en était morte il y a de cela quelques années. J'avais compris que cet amour passionnel que me portait Arthur a augmenté depuis le décès de sa mère. J'en avais conclu qu'il désirait combler ce certain manque que sa mère avait laissé. Je n'étais simplement pas la bonne personne pour lui, il le saura lorsqu'il rencontrera la femme de sa vie. Le visage d'Alaric apparu dans mon esprit. Je devais tourner ce chapitre. Même si mon coeur en souffrait.
Lorsque j'ouvris la porte de ma maison, trois pairs d'yeux me scrutèrent comme des vautours. Je leur envoyai un regard assassin.
-Bart, ne me fais plus jamais ça.
Mes parents soupirèrent. Ils voulaient tellement que je me marie pour avoir une vie plus stable.
-Que s'est-il passé? questionne mon frère.
-Il m'a demandé en mariage, j'ai refusé, il s'est emporté et a commencé à faire une scène.
-Tu dois vraiment lui avoir brisé le coeur..., rigola Bartholomew.
-Ce n'est pas mon problème si je ne l'aime pas ! Et qui fait une demande en mariage dès la première sortie?!
-Arthur, il faut croire, riait-it. Vas-tu le revoir?Sa question m'envahit de colère et d'irritation.
-Non! Je lui ai dis que c'était mon ami et rien d'autre.
-Bon... au moins, tu as essayé, Bart, soupira mon père en se levant de la chaise de la cuisine.Il se dirigea vers la cour en enfilant son vieux chapeau de paille tressé.
-Je vais aller nourrir les poulets, marmonna-t-il avant de refermer la porte derrière lui.
Peu de temps après, mon frère mit également son chapeau de paille et va rejoindre notre père dehors. Je me retournai vers ma mère. Son regard était triste, mais chaleureux.
-Tu as toujours voulu un grand amour, comment pouvons-nous t'en vouloir? souriait-elle.
-Je veux simplement ce que vous avez, papa et toi...
-Je sais, ma chouette. Et tu l'auras.Elle se leva de sa chaise et vint m'embrasser le haut du front.
-Quelque chose dans tes yeux a changé, mais je vais attendre que tu sois prête à m'en parler, chuchota ma mère en me serrant dans ses bras.
Je la resserrai contre moi.
-Je t'aime, maman.
-Je t'aime aussi, ma chouette.
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Le Mensonge d'Arabella
RomanceFrance, 1805 Ce n'était censé qu'être un petit mensonge. Me faire passer pour une fille de bonne famille lors d'une soirée mondaine afin de tenir compagnie à ma cousine était son idée. Et j'ai accepté. Cependant, lorsque je rencontre le duc de Harco...