Cela faisait une quinzaine de minutes que Claire et moi étions debout à scruter chaque nouveaux visages. Elle m'identifiait le titre et le nom de chaque individu à voix basse. Je trouvais cela assez amusant. Ma chère cousine connaissait tout du beau monde. Je me surprenais à trouver certains jeunes hommes fort attirants. Je partageais mes goûts avec Claire, mais il s'avérait que nous n'avions pas le même avis. Elle préférait les hommes de taille moyenne aux cheveux clairs. Pour ma part, je trouvais qu'un homme de plus grande taille que la mienne ayant les cheveux sombres était plus attirant.
Une vieille dame entendit notre conversation à propos des garçons et nous jeta un regard déplaisant. Je n'en portais pas rigueur puisque personne dans cette salle ne me reverra. Je m'inquiétais plus pour Claire qui avait une réputation à tenir. Je savais que les rumeurs en ville circulaient rapidement. En campagne, nous en avions des bribes, mais rien d'alarmant.
-Allons nous mélanger à un groupe, annonça Claire.
Nous nous avancions vers un groupe de trois jeunes femmes qui discutaient. Claire semblait les connaître.
-Bonsoir mesdemoiselles ! sourit-elle.
Ma cousine se fit accueillir chaleureusement.
-Oh Claire ! Où étiez-vous donc ? lui demanda la brunette.
-Je discutais avec ma cousine, Lady Arabella Lockwood.Lady ? Bon, voici mon titre. Lady Arabella Lockwood. Étrangement, je trouvais que cela sonnait bien aux oreilles. Je me trouvais idiote de penser une telle chose. Je ne devais pas commencer à vouloir une vie comme ma cousine. J'adorais la vie de campagne avec mes animaux de la ferme.
-Cousine, voici Lady Josette, Lady Mary et Lady Sophia.
Je les saluais d'une révérence polie. Elles firent de même.
-Nous parlions des gentlemen présents à cette soirée. Voudriez-vous vous joindre à nous ? nous proposa Josette.
-Volontiers, accepta ma cousine.Nous nous ajoutâmes au groupe.
-Lady Arabella. Quelle magnifique prénom. Cela a-t-il une signification ? me questionna la blonde, Mary.
-Non, hélas. Seulement de l'imagination de mes parents.Ma réplique sembla l'amuser.
-Et que dire de cette robe ? Vous êtes de loin la plus jolie de toutes les filles ici, rajouta Josette, la brunette à la carrure élancée.
-C'est faux. Il y a tant de belles femmes dans cette pièce, dis-je en espérant que mes joues ne soient pas cramoisies.
-Vous les surpassez en beauté, ma chère.
-Vous allez me faire rougir..., marmonnai-je d'un sourire gêné.Les filles s'esclaffèrent, y comprit Claire. Moi ? La plus belle de toute cette soirée ? Laissez-moi en douter. J'avais une physionomie trop musclée pour être raffinée. J'avais des cicatrices rougeâtres de précédentes ampoules dans les paumes. Par chance, Claire m'avait fait enfiler des gants soyeux blancs m'arrivant jusqu'aux coudes. Je remarquai que plusieurs filles dansaient au centre de la pièce avec un jeune homme au bras. Tous semblaient si heureux et satisfaits.
-Dis, Claire, pourquoi n'aimes-tu pas ces soirées ? osai-je demander.
Ma cousine fixait le même point que moi. Je savais qu'elle souhaitait se faire inviter, mais l'aura qu'elle dégageait devait faire déguerpir le premier gentleman qui l'approchait. Claire était une superbe femme. Alors pourquoi donc s'entêtait-elle ainsi ?
-Parce que je veux un mariage d'amour. Ces hommes, là, la plupart ne veulent que la fortune ou simplement une femme. Un objet.
-Cette chère Claire a même, dit-on, un sixième sens pour cela, renchérit Lady Mary.
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Le Mensonge d'Arabella
RomanceFrance, 1805 Ce n'était censé qu'être un petit mensonge. Me faire passer pour une fille de bonne famille lors d'une soirée mondaine afin de tenir compagnie à ma cousine était son idée. Et j'ai accepté. Cependant, lorsque je rencontre le duc de Harco...