Il me détailla. Que lui avait dit Bart ? Allait-il abandonner l'idée de m'épouser ? À cette pensée, mon coeur se resserra. La simple idée qu'il s'éloigne de moi me crevait le coeur.
Harcourt poursuivit son chemin. Choquée, je lui courus après. Lui qui était de nature si curieuse... Il n'allait pas me bombarder de questions ? Il venait de voir toute ma vie, tous mes secrets, la vérité. Il était entré dans ma maison, là où j'avais grandi ! Il avait parlé à ma famille, et il ne voulait même m'accorder un regard ? L'angoisse me tordait les entrailles.-Alaric ! dis-je.
Je le suivis jusqu'à l'extérieur. Il ne me jetait pas un regard.
-Attends !
Devant son carrosse, il se tourna vers moi.
-Vas-tu fuir ? Me laissant sans réponse ainsi ? essayai-je de dire entre mes essoufflements.
-Je reviendrai.Une lueur d'espoir naissait en moi. Je détendis mes bras le long de mon corps.
-Quoi ? Quand ? dis-je perplexe.
-Je t'enverrai une lettre.
-Vas-tu réellement revenir ? osai-je demander en détournant les yeux.Mes yeux se mouillèrent à la seule idée qu'il me laisse sans réponses comme la dernière fois. Il prit mon visage entre ses mains. Je levai la tête.
-Je reviendrai toujours, murmura-t-il avant de poser ses lèvres sur les miennes.
Une joie immense explosa en moi. Peut-être que Bart ne lui avait pas fait si peur. Le duc s'éloigna de moi à contre coeur.
-Attends-moi, dit-il avant de monter dans son carrosse.
-Bien sûr.Les cheveux tirèrent le compartiment. Je saluai Alaric à travers la fenêtre. Lorsque le carrosse était loin, je remarquai que mon frère se trouvait près de moi.
-Tu m'as fait honte, lui dis-je, les dents serrées.
Bart paraissait plus en colère que moi-même. Il croisa ses bras et son regard était dur.
-Toutes ces soirées avec Claire, tu étais avec lui, assuma-t-il.
-Et avec Claire.
-Tu m'as menti, Bella.
-J'ai menti à plein d'autres, soupirai-je.
-Je ne ferais pas confiance à un homme comme lui si j'étais toi. Il n'est pas du même monde que nous. Il te laissera tombé.Je le regardai d'un regard assassin mélangé à de la tristesse. Bart comprit ma pensée.
-Quoi que je dise, tu ne lâcheras pas, continua-t-il.
-J'ai essayé, tu sauras. J'ai essayé de le repousser, d'être impolie et arrogante envers lui, mais il est encore là.
-Et Arthur courait dans le vide..., dit Bart.
-Oui, soufflai-je.
-Tu étais déjà amourachée de cet homme.J'acquiesçai en baissant le regard. Mon frère posa sa main sur mon épaule.
-Tu es ma petite soeur. C'est mon devoir de te protéger. Je n'ai pas été à la hauteur il y a quelques années... Je m'en veux et je m'en voudrai toujours.
Des flash des événements précédents me revinrent. Un sourire triste apparu sur mes lèvres.
-Tu n'étais pas là..., dis-je en me tournant vers lui.
-J'aurais dû ! protesta Bart.
-C'est du passé. Je vais bien maintenant.Bart me prit dans ses bras. Je savais que ce qui m'était arrivée l'avait blessé. Il ne cessait de se demander s'il avait été avec moi, que ce serait-il passé ? Même nos parents n'en savaient rien. Nous ne leur avions rien dit. J'ai fait une croix sur cela, mais mon frère y repensait. Je comprenais sa réticence à me laisser partir avec un homme de haute société. Après tout, ils étaient les plus dangereux.
-J'ai confiance en lui, Bart.
-Je sais.
-Je l'aime.Il eut un silence.
-Je sais, marmonna mon frère.
Nous restâmes ainsi pendant un moment.
-Tu ne lui en as pas parlé, n'est-ce pas ? questionnai-je.
Et se recula pour croiser mon regard.
-Non. Et toi ?
Je me mordis la lèvre et secouai négativement la tête.
-Je n'osais pas. Je vais le dégoûté.
-Bella, tu dois lui dire. Tu ne peux pas continuer de cacher cela. Pas s'il devient ton mari.
-Je sais bien. Je le ferai. Bientôt.Bart était réprobateur. Son rôle de grand frère était revenu. Je savais bien qu'il avait raison. Voudra-t-il encore de moi lorsque je lui dirai tout ce qui m'était arrivé ? Un horrible frisson me traversa.
Quelques jours étaient passés. Claire était venue claimer des réponses. Je lui avais tout raconté en détails. Ma cousine était plus excitée qu'une puce à l'entente de cette histoire. Je devais admettre que c'était assez surréaliste. Digne d'un livre. Au cours de la semaine, j'avais reçu une lettre de mon cher Alaric. Chaque jour, un majordome venait porter une lettre. J'y répondais souriante et la remettais à l'homme. Un bal aura lieu ce dimanche. Alaric m'avait assuré qu'il annoncera nos fiançailles lors de cette soirée. Cela m'angoissait. Il m'avait prévenu des différentes réactions ou gestes que les gens pourront avoir. J'avais toujours su que les hommes de la haute société n'étaient pas mieux élevés que ceux de la campagne. Ils agissaient toujours pour leur propre intérêt.
À la même heure, le majordome cogna à la porte d'entrée. Je courais presque pour répondre, mais Bart fut plus rapide. Il récupéra la lettre et claqua la porte avant que l'homme ne puisse dire quoi que ce soit. J'arrachai la lettre des mains de mon frère.
-Voyons, Bart ! Peux-tu être plus irrespectueux ?!
N'y portant aucune attention, Bartholomew retourna dans sa chambre. J'ouvris la porte au majordome. Il était resté devant.
-Désolée pour le comportement de mon frère. Entrez.
-Merci, mademoiselle.Il entra dans la demeure. Comme à son habitude, le majordome s'assit sur l'une des chaise autour de la petite table de bois.
-Voulez-vous quelque chose à boire ?
-Non, mademoiselle. Je me porte bien. Merci.Derrière le comptoir de la cuisine, j'ouvris la lettre. Elle était plus mince que les précédentes.
Je ne peux m'empêcher de penser à toi. Il ne me tarde de te voir lors de ce bal. J'enverrai George te chercher avec la voiture à 19h00.
Je peux comprendre tes angoisses face à cette annonce. Je ne te mentirai pas, ce sera difficile quelque temps. Autant pour toi que pour moi. Je comprendrai si tu décidais d'annuler. Je ne peux pas te forcer. Pour autant que je serai avec toi, tout ira pour le mieux. Qu'ils aillent au Diable avec leurs préjugés !Tu es mon amour,
Ton dévoué Alaric Quinn
J'essayai de camoufler mon rire. J'étais angoissée, mais je ne voulais pas annuler nos fiançailles. Cela signifierait que les préjugés l'emporteraient sur l'amour. La raison l'emporterait sur le coeur. Fou d'amour, dit-on. Soyons fous et aimons, donc ! Je ne pouvais pas abandonner. Je dois me battre. Je ne m'étais pas battue assez dans le passé.
Je réécris une belle réponse et l'enfilais dans une enveloppe jaunis. Je remis le papier plié au majordome. Ce dernier partit. Je ne pouvais croire qu'il faisait tout ce chemin tous les jours. Lorsque le majordome était reparti, je me dirigeai vers le box de mon cheval. Cela faisait un moment que je ne m'en étais pas occupé.
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Le Mensonge d'Arabella
RomanceFrance, 1805 Ce n'était censé qu'être un petit mensonge. Me faire passer pour une fille de bonne famille lors d'une soirée mondaine afin de tenir compagnie à ma cousine était son idée. Et j'ai accepté. Cependant, lorsque je rencontre le duc de Harco...