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Des chuchotements parcourent la salle pour nous demander de nous taire. Une petite larme de douleur coule sur le long de ma joue. Il vient l'essuyer.

- Kai, tu as fait un son !

Je fronce les sourcils.

- Désolé, te prendre par surprise était le seul moyen. Si je t'avais prévenu tu aurais pu contenir la douleur sans émettre de son. On a avancé sur quelque chose au moins !

Il souris à pleines dents et ses fossettes creusent ses joues. Il a l'air si heureux juste pour quelques petites choses. J'aimerais bien m'en empêcher mais mes lèvres semblent s'étirer par elles-mêmes et je souris avec lui.

- Ok... maintenant essaye de sortir une syllabe.

J'ouvre la bouche légèrement pour tenter d'émettre un son mais mes cordes vocales refusent de vibrer. Aucun son ne sors de ma gorge. Je pers espoir. Je me lève et envoie valser ma chaise derrière moi. La bibliothèque silencieuse devient pendant une fraction de seconde un brouhaha d'élèves énervés qui nous intiment de nous taire.

Je sors de la salle. J'ai peur, je suis en colère, je suis déçu.

Et si je ne retrouvais jamais ma voix ?

Je cours dans les couloirs à moitié vides, les larmes aux yeux et me réfugie dans une cabine de toilette. J'entends les pas de Soobin derrière moi et son souffle haletant de m'avoir poursuivit. Il toque à ma porte.

- Kai. N'abandonne pas si vite. On vient à peine de commencer, s'il te plaît écou...

Un bruit sourd retentit, celui de la porte d'entrée qui s'ouvre bruyamment et des rires masculins raisonne.

- Eh le géant ! Bouge ! On a un Huening avec qui parler ici.

Douze mots. Mes doigts tremblent et ma respiration entrecoupée par les larmes ne fait que d'accélérer.

- Qu'est ce que vous lui voulez bande de crétins ? rétorque Soobin froidement, un ton qu'il n'avait encore jamais employé en ma présence. Huit mots.

- C'est pas tes oignons, bouge ton cul et casse toi lèche-cul.

Douze mots.

- Allez vous faire voir bande de crétins. Vous pensez me faire peur avec vos cagoules à la con ? Je sais que vous êtes faibles !

Je suis encore derrière la porte de la cabine, les genoux recroquevillés sur moi même, accroupi au dessus de la cuvette. J'ai peur, j'ai froid, je ne me sens pas bien. J'entends une bagarre, des coups. Ils sont trop nombreux pour Soobin, et je le sais. Je suis tétanisé.

Je ne vais quand même pas le laisser tout seul. Ou suis-je égoïste à ce point ?

Eternally - SookaiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant